Au sujet du Pont des Amidonniers....

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rigouard
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Au sujet du Pont des Amidonniers....

Notre collègue "Zélig " nous a présenté, récemment, un fort joli article sur la construction du pont des Amidonniers (puis Pont des Catalans) à Toulouse. Ayant de la documentation sur cet ouvrage d'art dû à l'ingénieur Paul Séjourné (bien connu des ferrovipathes), je ne résiste pas à l'envie de partager, avec vous mes amis, les textes relatifs à cette réalisation, textes recopiés dans le sublime livre signé par Pascal Béjui et Marc Giraud (ce dernier étant l'arrière petit-fils de l'illustre ingénieur) aux éditions " La Régordane " (paru en 2010).

En bordure ouest du cœur de ville (Toulouse), le pont des Amidonniers - du nom de l'activité principale de ce quartier ouvrier resté excentré jusqu'à la fin de XIX° siècle - franchit la Garonne en reliant l'allée Charles-de-Fitte au sud et...l'avenue Paul Séjourné au nord. Cet hommage rendu par la ville de Toulouse au " magicien des grandes voûtes " s' explique, bien sur, par la paternité de l'ouvrage d'art
toute proche, mais aussi par les conditions dans lesquelles il a conçu ce pont.

En mars 1901, le Conseil Municipal de Toulouse lance un concours portant sur l'étude d' un nouveau pont devant, notamment, s'élever sensiblement au-dessus du niveau qu'avait atteint la terrible crue d'août 1875, dans laquelle avaient disparu deux ponts suspendus. Au sein du jury constitué pour l'occasion, on relève bien sur des noms d'élus et de fonctionnaires municipaux mais, aussi, celui de Paul Séjouné, dont on se rappelle qu'il a un temps habité la ville.

(à suivre)
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rigouard
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Re: Au sujet du Pont des Amidonniers....

Sur la dizaine de projets présentés, le jury classe en premier l'ouvrage métallique de la Société de de Construction de Levallois-Perret, nouvelle raison sociale, depuis 1895, de la Compagnie des Etablissements Eiffel. Mais, ce classement ne repose que sur des critères de prix et le jury décide de recommander au Conseil municipal de ne pas adopter ce projet, qui ne répond pas aux spécifications du concours imposant notamment que le futur pont doit, ' par son aspect architectural et ses dispositions décoratives "refléter le caractère de ' métropole artistique " de la ville . Ce ne sont pas, évidemment, les qualités premières des structures métalliques…
Quelle aura été, dans cette prise de position, le poids d' un Séjourné qui, dans ses " Grandes Voûtes ", affirme ; " il faut à Toulouse un pont toulousain " ? On peut au moins supposer qu' il n'a pas été négligeable…
En tout état de cause, peu de temps après, Paul Séjourné intervient à titre personnel auprès du maire, en lui proposant un pont en maçonnerie pour lequel, il est disposé à " offrir (son) concours à titre gracieux ", afin de compenser le surcoût, estimé à 58 000 francs (930 000 francs pour le pont en pierre, 872 000 francs seulement pour le pont métallique).
En revanche, on se gardera bien d'avancer l'hypothèse d' une quelconque manœuvre en sous-main : ce serait faire bien peu de cas de la droiture de l'ingénieur et, dans ce dossier précis, ce serait d'autant plus inconcevable que son " adversaire ", le directeur de la Société de Construction de Levallois-Perret, n'est autre que Maurice Koechlin, frère ainé de René Koechlin, le compagnon de voyage de Paul Séjourné au Turkestan.

(à suivre).
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rigouard
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Re: Au sujet du Pont des Amidonniers....

Séjourné présente donc un projet de deux ponts jumeaux réunis par un sablier en béton armé, selon le principe qui prend forme au même moment à Luxembourg. A Toulouse, toutefois, le pont des Amidonniers doit revêtir un aspect bien différent : en élévation, chaque demi-ouvrage fait apparaître cinq arcs successifs présentant un crescendo dans leurs ouvertures : 38,50 mètres en rives (arches 1 et 5) puis 42 mètres pour les arches intermédiaires 2 et 4, puis enfin 46 mètres pour l'arche centrale. Il en va de même pour lumules, avec des ouvertures de 10,10 mètres sur les piles 1 et 4 et de 11,60 mètres sur les piles 2 et 3. Ces différentes ouvertures donnent au total des sections qui doivent permettre l'écoulement des eaux lors des plus fortes crues connues. Les tympans, en briques, dissimulent les voûtelettes - minuscules, avec leurs ouvertures excédant à peine 2 mètres. Quant au tablier, large de 22 mètres, son débordement assez réduit, compte tenu d'un entraxe des piles fixé à 14,50 mètres, préserve bien la vue d'ensemble des parties en maçonnerie.
Le 31 mars 1902, le Conseil municipal adopte le projet, bien que quelques voix se soient élevées pour dénoncer une prétendue vulnérabilité du futur pont face aux crues très violentes du fleuve. Ces craintes s'avèreront infondées : le 17 décembre 1906, alors que les arcs sont à peine achevées - les cintres sont encore en place sous quelques-uns d'entre eux - les eaux de la Garonne s'élèveront jusqu'à affleurer la passerelle de service et noyer les naissances, mais il n'en résultera aucun dommage.
Avant même que l'ouvrage ne soit livré au public, la municipalité décide de l'appeler pont des Catalans. C'est toujours ce nom qu'utilisent les milliers de Toulousains qui l'empruntent aujourd'hui - sans redouter cette fragilité que les anciens avaient voulu voir dans la légèreté d'aspect de l'ensemble.

Jean-Pierre Rigouard
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