Paris - Passage Delanos

Répondre
Avatar du membre
JeanMarc
500+
500+
Messages : 10590
Enregistré le : sam. 21 déc. 2013 06:28
Localisation : Paris 19ème

Paris - Passage Delanos

TOUT PARIS - 1763 - Faubourg St-Denis (Xe arrt.)
Visible sur cette Cpa, le passage Delanos, accessible au n° 148 rue du Faubourg-Saint-Denis, n’a pas eu, à notre connaissance, le privilège d’un cliché mentionnant son existence. Réparons cet oubli.

Au vu de la tête de vache ►(voir ici) qui orne l’entrée de la porte cochère du Passage Delanos, d’aucuns ont affirmé, comme s’ils les avaient vues, que des vaches étaient traites chaque jour dans les arrière-cours du passage. Il n’en est évidemment rien, le sieur Delanos aurait bien eu du mal à assurer quotidiennement l’alimentation et l’entretien de ces ruminants en plein Paris. Dommage pour le pittoresque. La réalité était tout autre.
Mathieu Félix Delanos (1803-1850), originaire de Doudeville en Seine inférieure, possède en fait, au début des années 1830, une laiterie principale à Cormeilles-en-Vexin et procède à la collecte du lait en gros dans plusieurs communes de la région avec ses voitures et chevaux, notamment à Maule et à Vigny. A partir de là, lesdites voitures, dument signalées par leurs bandeaux Laiterie Delanos, gagnent le 66 de la rue du Faubourg-Saint-Martin où Delanos est installé dès 1838 ; les garçons de courses procèdent ensuite à la livraison du lait en détail aux laiteries dans les quartiers de la capitale. Delanos est secondé, entre autres, par un de ses neveux, César Delanos qui décède, à 36 ans, le 17 juillet 1840.
En 1842, Delanos compte déjà 44 laiteries.
Le 28 décembre 1843, Delanos décide de s’associer avec son commis principal, Pierre-Auguste Petit et fonde une société en nom collectif sous la dénomination de Delanos et Petit. Les apports de Delanos dans la société, évalués à trois cent trente mille francs, consistent en matériel, chevaux et argent comptant ; Petit apporte, de son côté, vingt-cinq mille francs.

Dès la création de la Gare du Nord en 1846, Delanos passe un marché avec la Compagnie du Chemin de fer du Nord qui lui concède un train spécial à grande vitesse de Beaumont à Paris pour le transport de son lait à Paris.
En 1846, Mathieu Félix Delanos fait l’acquisition des locaux et terrains situés à l’arrière de l’entrée du
156 rue du Faubourg-Saint-Denis afin d’y installer son entreprise laitière qui possède à présent plus de cent cinquante dépôts où chaque matin, chaque après-midi et chaque soir, se débite son breuvage apprécié par les consommateurs ; au rez-de-chaussée de l’immeuble situé en façade du faubourg, est installé, dès 1849, le pharmacien-médecin, Félix Dehaut (1818-1905), fondateur de la « Bouchée de Pain », qui vante par ailleurs, au moyen de nombreuses réclames, ses pilules Dehaut. Plus tard, Dehaut transférera sa pharmacie en face au n° 147 Faubourg Saint-Denis.

Image
publié par zelig mer. 7 juil. 2021 17:34

La partie arrière des locaux du Faubourg-Saint-Denis, que vient d’acquérir Delanos, donnant sur le Faubourg-Saint-Martin, est immédiatement appréhendée par expropriation, en mars 1847, pour la construction de l’embarcadère du chemin de fer de Strasbourg, la future Gare de l’Est et ses voies. La Maison Delanos et Petit conserve pour sa laiterie, la partie du passage allant du Faubourg-Saint-Denis jusqu’à la future rue d’Alsace. En 1849, la numérotation des immeubles du faubourg change, le n° 156 de la rue du Faubourg-Saint-Denis devient le n° 148.
Mathieu Félix Delanos décède à 47 ans, le 11 septembre 1850. Sans enfants, son entreprise est continuée par Pierre-Auguste Petit, lequel cède bientôt celle-ci à la société Bréant et Cie qui est amenée à poursuivre en justice Evariste Narcisse Delanos (1826-1875), autre neveu du fondateur. Ce dernier continuait, avec ses propres camions, de faire commerce du lait, en conservant comme enseigne, le nom de son oncle ; le 27 août 1857, il lui est ordonné, par le Tribunal de commerce de la Seine, d’apposer sur ses camions et enseignes son prénom de Narcisse.
Evariste Narcisse Delanos, continuant sur sa lancée, fera l’objet de nombreuses plaintes : le 10 avril 1858, il écope d’une amende de 50 francs pour avoir falsifié son lait par soustraction de crème ; le 5 mars 1859, il est condamné, pour avoir mélangé son lait avec 17% d’eau, à 15 jours de prison, à 100 francs d’amende, et à
l’affichage du jugement à 15 exemplaires dont un à la porte du délinquant.
Le Passage Delanos, devenu privé et se terminant en impasse, est toujours existant à ce jour. ►(voir Ici) et ►(Ici)
Classement : 15.79%
Répondre

Retourner vers « Paris Xe arr. »