Le Métro sous la Seine

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dominique1594

Le Métro sous la Seine

Ce post est un complément à la 500ème carte du Métro postée dans la collection : Traversée de la Seine

La méthode de " fonçage de caissons " dans le lit de la Seine, mise au point, voilà plus d'un siècle, par la société Chagnaud pour permettre le franchissement du fleuve par la ligne 4 entre Châtelet et Saint-Michel, est suffisamment originale dans sa conception et son exécution pour justifier un examen un peu détaillé.
Dans chacun des deux bras de la Seine vont être " foncés " plusieurs caissons qui seront ensuite reliés entre eux de manière à former un tunnel continu dans lequel circulera le métro. Nous allons donc détailler la construction et la mise en place d'un de ces caissons.

Ne souhaitant pas copier purement et simplement les schémas explicatifs publiés dans la littérature, j'ai résolu de me mettre au travail !
Mes aptitudes au dessin à main levée étant rigoureusement nulles, c'est avec l'aide des outils graphiques disponibles dans " Excel ", et avec une bonne dose de patience, que j'ai réalisé les 8 dessins montrant la progression de la mise en place des caissons. Pascal (Bastille91) a, quant à lui, assuré d'une façon remarquable, l'assemblage et la " mise en Seine " de ces dessins.

La place manquant aux abords de la traversée, le chantier de montage des caissons avait du être reporté sur la berge de la Seine, le long du quai des Tuileries, c'est-à-dire à plus d'un kilomètre du lieu de fonçage. La construction commençait par la partie inférieure, future chambre de travail, ainsi qu'une amorce de cheminée (Schéma 1). Pendant la construction, le caisson reposait sur des " rails " de bois qui serviront plus tard à la mise à l'eau.
On construit ensuite l'armature du caisson et l'enveloppe extérieure en tôle. En réalité, cette enveloppe extérieure n'est pas complète comme sur le schéma 2, mais la partie supérieure du caisson est laissée ouverte pour permettre l'introduction ultérieure des éléments qui seront montés à l'intérieur. Des tôles d'étanchéité sont fixées aux deux extrémités du caisson.

Vient ensuite l'opération de " lancement ". Tout comme un bateau dans un chantier naval, le caisson va glisser sur les rails de bois inclinés et graissés qui le supportent. Des treuils contrôlent la descente, et le niveau de la Seine a été remonté, par des manoeuvres de vannes sur les barrages situés en aval, de 40cm environ, pour faciliter l'opération. Finalement, tel un bateau, le caisson flotte sur le fleuve (Schéma 3).

Le caisson flottant est alors pris en remorque jusqu'au lieu d'implantation. Opération délicate, car la hauteur du caisson est de 9 mètres environ. Pour permettre le passage sous les ponts, on introduit de l'eau dans le caisson de manière à diminuer son " tirant d'air ", sa hauteur hors de l'eau. Mais il faut être très vigilant car on augmente ainsi son " tirant d'eau ", sa partie immergée, et la profondeur de la Seine n'est que de 3 mètres environ.
Grâce à l'habileté des responsables de l'opération, aucun contact ne se produit, ni en l'air ni au fond, et le caisson arrive à bon port !

A l'emplacement prévu pour l'immersion, le lit de la Seine a été préalablement dragué à 5 mètres au-dessous du niveau moyen du fleuve, afin de faciliter l'échouage. Des pieux munis de fortes glissières, battus à l'aval de la fouille assurent le positionnement exact du caisson, et son guidage ultérieur pendant la descente.
Ces pieux étaient englobés ultérieurement dans une solide " estacade " établie sur pilotis battus de part et d'autre du caisson, et qui, tout en protégeant celui-ci contre les chocs des corps flottants, servait de base à la plate-forme de service.

Le caisson ainsi encadré, on bétonnait le " radier " formant le plafond de la chambre de travail ainsi qu'une partie des parois latérales de façon à alourdir le caisson et provoquer son échouage. On procédait alors à la pose du cuvelage intérieur en fonte (fixé aux armatures). L'enveloppe extérieure était terminée, et le béton complété autour du cuvelage de façon à enrober complètement les fers de l'ossature. Puis on montait les cheminées d'accès à la chambre de travail et on les coiffait de leurs SAS (et non SACS comme on lit trop souvent !) à air. (Schéma 4)
Caissons Pascal_T.jpg
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A ce moment, le cuvelage était empli d'eau pour servir de lest, puis on envoyait de l'air comprimé par la cheminée, ce qui chassait l'eau de la chambre de travail (Schéma 5).

Les ouvriers pouvaient alors pénétrer dans le sas, puis descendre par la cheminée dans la chambre de travail. Le creusement sous le caisson commençait alors, d'une manière générale, à la pioche et au pic, quelquefois, lorsque le terrain était particulièrement dur, à l'aide d'explosifs (!). Les déblais étaient évacués par la cheminée au moyen d'un treuil puis éjectés à l'extérieur à partir du sas, sans que cela occasionne une perte de pression dans la chambre de travail.
[ Des détails sur les sas ont été donnés par le passé : Travaux du Métro ]
Au fur et à mesure du creusement, guidé par les pieux, le caisson s'enfonce doucement dans le lit du fleuve. (Schéma 6)

Une fois atteinte la profondeur souhaitée, le travail des " mineurs " est terminé. (Schéma 7)

La chambre de travail était alors remplie de béton, ainsi que la partie de cheminée traversant le radier et la voûte. La cheminée était obturée au niveau du " plafond " par une plaque de tôle. Les sas à air étaient alors démontés et un scaphandrier descendait découper les cheminées à la sortie du caisson, et fermer l'ouverture par une plaque de tôle. Enfin, l'espace vide entre le sommet du caisson et le fond du lit du fleuve était remblayé (Schéma 8).

A noter que le cuvelage reste alors plein d'eau et la cheminée en place dans le caisson. L'eau sera évacuée et la cheminée démontée lorsque le caisson sera relié au tunnel creusé " sous la terre ferme ".
Une opération importante, mais non décrite ici, reste à effectuer : le raccordement des caissons entre eux, et avec les tunnels des rives.

[ Note : Le texte ci-dessus a été rédigé à partir de l'ouvrage de Louis Biette : Les Chemins de Fer Urbains Parisiens, auquel ont été faits de larges emprunts ]
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bojojo76
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Le Métro sous la Seine-Reportage

Bonjour à Tous
La semaine dernière, j'ai acquis un ouvrage intitulé "Lectures pour Tous", paru chez "Hachette" en 1906, un épais bouquin d'un millier de pages, présentant une rétrospective des années 1905-1906.
En le feuilletant, j'ai découvert une reportage sur la construction du Métro sous la Seine.
Je publie ici l'ensemble du reportage, dans les limites de ce qu'il est possible d'afficher sur le Site.
Cela reste cependant lisible quitte à glisser les documents sur votre bureau pour les agrandir, mais je tiens les scans HD à la disposition de ceux qui le souhaitent...
Je profite donc de ce sujet-marotte de Dominique au titre homonyme, et indique par ailleurs que ce thème a fait l'objet d'un autre sujet de Pascal, éminemment commenté par Dominique.
Comme moi j'espère, vous serez impressionnés par cette technique vieille de 100 ans, mais également et surtout par l'habileté du journaliste qui n'a pas hésité à "payer" de sa personne pour réaliser son reportage, et qui a su transmettre ses émotions, rendant le tableau "vivant" !
Bonne lecture
Joel

P.S. La mise en page de l'avant-dernier feuillet n'est pas dû de ma part à un reste des libations du nouvel an, mais à un égarement de l'imprimeur :D

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ad augusta per angusta
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