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Ce sujet présente une série de cartes postales anciennes du Couvent des Capucins de "La Vicomté-en-Dinard" (35 - Ille-et-Vilaine)
La Vicomté-en-Dinard - Le couvent des Frères Mineurs Capucins
L’origine du Couvent des Frères mineurs Franciscains de la Vicomté-en-Dinard Les franciscains à Dinard. — L'ordre des franciscains capucins va fonder à Dinard un juvénal. Les terrains sont achetés dans un des plus beaux sites de la Rance, sur la pointe de la Vicomté, en Dinard, en face Saint-Servan. Les bâtiments et la chapelle, du style de l'ordre de Saint-François, doivent être terminés avant la fin de l'année.
(Journal La Vérité 21 mai 1896)
Dinard. Les Pères capucins ont pris possession du vaste couvent qu'ils viennent de construire sur les hauteurs de la Vicomté, à Dinard, pour y établir un juvénat. Une vingtaine de jeunes gens et plusieurs Pères sont arrivés ; une quinzaine de capucins auront, dit-on, leur résidence à Dinard.
(Journal La Vérité 9 mai 1897 et La Mayenne 15 mai 1897)
Le Journal Le Troyen du 13 mai 1897, dans un article intitulé L’Invasion, précise que les Capucins de ce juvénat, qui était installé en Hollande, ont jugé que l’état actuel de la France était tout à fait favorable à la transplantation de cet établissement.
En 1901, le couvent des capucins de Saint-François d’Assise de la Vicomté-en-Dinard, propriété d’une société civile dont le siège est à Nantes, compte 15 religieux et une cinquantaine d’élèves. Le 20 octobre 1901 le conseil municipal donne un avis favorable à la poursuite de son activité. Cette autorisation ne sera qu’éphémère puisque les capucins de Dinard seront expulsés manu militari le 2 juillet 1903.
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HLM 1381 - La Vicomté-en-Dinard - Le Couvent des Capucins
Depuis la fameuse loi Pierre Waldeck-Rousseau du 1er juillet 1901, les frères mineurs capucins de La Vicomté voient leurs jours comptés. L’article 14 de ladite loi stipule que « nul n'est admis à diriger, soit directement, soit par personne interposée, un établissement d'enseignement, de quelque ordre qu'il soit, ni à y donner l'enseignement, s'il appartient à une congrégation religieuse non autorisée ; la fermeture de l'établissement pourra, en outre, être prononcée par le jugement de condamnation. »
Dès le 27 avril 1903, le juge de paix de Dinard est chargé de se rendre au couvent de la Vicomté afin d’y apposer les scellés. Une foule d’opposants s’y rendent pour manifester leur indignation. De leur côté, les propriétaires du couvent de la Vicomté, la société civile nantaise dirigée par MM. Bara et Joyaux, se pourvoient en référé devant le tribunal de Saint-Malo.
Le 14 mai 1903, les Capucins dinardais, représentés par MM. Auguste Langageot, René Breton, Prosper Leray et Georges Barré, en religion révérends pères Germain de Baynes, Ollivier, Gervais (une figure bien sympathique avec sa belle barbe) et frère Aristide, comparaissent devant le tribunal de Saint-Malo, inculpés d'avoir désobéi aux prescriptions de la loi sur les associations.
Ils sont accompagnés par MM. Bara et Joyaux, propriétaires de la Vicomté, et de centaines de personnes ayant traversé le bac sur la Rance pour venir les soutenir. Les Pères en sont quittes, pour l’instant, avec une amende de 25 francs chacun et une condamnation aux dépens et rejoignent leur couvent, triomphants, par le bac de Saint-Servan.
Le 28 juin 1903, deux commissaires se présentent au Couvent de la Vicomté pour fermer la chapelle ; le supérieur fait aussitôt sonner le tocsin et une foule accourt de toute part empêchant la violation de la chapelle. Les policiers devront recommencer sur nouveau frais.
La suite, qui s’avère moins glorieuse, avec notre prochaine Cpa !
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HLM 1285 - La Vicomté-en-Dinard - Le Couvent des Frères Mineurs Capucins
1er juillet 1903 Une première expulsion des frères mineurs capucins de la Vicomté Les Capucins à La Vicomté
Mercredi 1er juillet, le sous-préfet de Saint-Malo, accompagné du commissaire de police, des commissaires spéciaux et de douze brigades de gendarmerie, soit un effectif de 80 gendarmes, est allé mettre les scellés sur la chapelle des Capucins de La Vicomté, près Dinard.
Les habitants de Dinard, de la Richardais et du village de La Guais étaient accourus au premier signal d'alarme donné par les sentinelles volontaires en faction depuis douze jours.
Les exécuteurs des basses œuvres maçonniques furent reçus aux cris de « Vive la liberté ! À bas les sectaires ! » Mais les commissaires de police et les gendarmes refoulèrent les manifestants massés aux abords de la chapelle. Les champs d'alentour furent piétinés, des vieillards et des jeunes filles furent même brutalisés.
Le couvent était fermé. La porte extérieure fut fracturée par des ouvriers serviles appelés de Dinan, les serruriers de Dinard ayant tous refusé de concourir à cet attentat contre la religion et la liberté ; les portes forcées, il fallut arracher par la violence les Capucins du chœur où ils priaient.
Au dehors, la foule chantait des cantiques.
Plusieurs gendarmes avaient les larmes aux yeux en se voyant condamnés à la honte de prêter leur ministère à l'œuvre maudite de M. Combes.
Le sous-préfet et ses aides, une fois leur besogne terminée, furent suivis au milieu des sifflets et des « A bas Combes ! A bas les sectaires ! » Des coups de cannes s'abattirent sur leur voiture, les gendarmes durent les protéger, il n'y a pas eu cependant d'arrestation.
Une grande animation règne dans tous les alentours du couvent. Le drapeau est en berne à la porte. (La Croix 3 juillet 1903 et l’Eclaireur dinannais 5 juillet 1903)
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HLM 1286 - La Vicomté-en-Dinard - Ecole et Juvénat des Capucins
Après cette première expulsion du 1er juillet 1903, relatée avec la carte précédente, nos Capucins dinardais de la Vicomté n’hésitent pas à faire sauter les scellés et à se maintenir durant quelques mois dans leur couvent. Ainsi le journal La Vérité du 23 juillet 1903 relate que le 21 au soir, le commissaire spécial de Saint-Malo (1) et le commissaire de police de Saint-Servan, accompagnés de 4 brigades de gendarmerie se sont rendus au couvent des Capucins de la Vicomté, où les scellés apposés il y a trois semaines avaient été brisés. La grande porte de la chapelle avait été enlevée. Les Capucins ont déclaré n'avoir pas eu connaissance des faits. Les scellés ont été apposés de nouveau. Une centaine de personnes assistaient à l'opération. Le 31 juillet 1903, la Croix annonce que les scellés ont à nouveau été brisés : On se souvient que les scellés ont été apposés une première fois sur le couvent des capucins de Dinard et que les portes extérieures furent peu après enlevées. Les scellés réapposés sur la porte intérieure du couvent ont été de nouveau brisés la nuit dernière. La bande de toile a été coupée avec un ciseau. Enfin une ultime incartade des Capucins est rapportée par l’Univers du 13 janvier 1904 :Les scellés, apposés sur la chapelle des Capucins de La vicomté, près Dinard, viennent d'être enlevés pour la troisième fois.
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(1) C’est le Commissaire spécial de Saint-Malo et son adjoint qui sont chargés d’exécuter les basses œuvres de l’arrondissement malouin et à ce titre, la tâche s’avère ardue, en cette période trouble dirigée contre la religion. Hormis le couvent de la Vicomté, une multitude de congrégations sont expulsées par le commissaire spécial Gagnon et son acolyte adjoint Louis-Lucien Gérard, notamment à Saint-Servan, à Cancale, à Noyal sur Seiche, à Rothéneuf, etc… Alfred-Alphonse-Oronce Gagnon, né à Digne le 16 mai 1855, est, lors de son mariage à Paris 12e arrt. en 1890, inspecteur principal de la police des Chemins de fer. Prenant du galon, il est promu Commissaire spécial à Nîmes jusqu’en 1896 ; de 1897 à 1901, il est affecté à Montbéliard, avant d’être muté à Saint-Malo en mai 1901 avec une rétribution annuelle de 4.200 francs (son adjoint touche, quant à lui, 2.400 francs).
On se demande bien ce qu’a pu faire le commissaire spécial Gagnon pour qu’Oscar II, roi de Suède et de Norvège, en séjour à Dinard en mai 1902, décore ledit Gagnon le 3 août 1902, des insignes de chevalier de 2e classe de l'Ordre de Saint-Olaf, sachant que Gagnon était, en outre, déjà titulaire de la médaille d'argent, officier de Nicham et décoré de la Croix de Saint-Stanislas de Russie ! Après avoir expurgé toute la région malouine de ses « malfaisants » congrégationnistes, Gagnon obtiendra un nouvel avancement le 26 juin 1907 avec sa mutation « bien méritée » à Cette…
La Vicomté-en-Dinard - Expulsion des Pères Assomptionnistes (Capucins) de La Vicomté (1904) Cliché Lesturgeon
Malgré leur ténacité, l’abbé Auguste Langachaud et ses Capucins de la Vicomté-en-Dinard sont finalement définitivement expulsés le mardi 5 juillet 1904, sur la requête du sieur Ménage (1), liquidateur de la congrégation. Lors de cette expulsion mouvementée, Mme Richard, femme d’un avocat malouin, soufflettera un gendarme ; une semaine après, jugée au tribunal de Dinan, elle sera condamnée à 50 francs d’amende, bénéficiant de circonstances atténuantes.
(1) Amédée-Gustave-Victor Ménage (né à Montmorillon le 19 octobre 1864) est un des trois liquidateurs nommés par le tribunal de la Seine pour procéder à la liquidation des biens de 144 congrégations, comprenant elles-mêmes des centaines d’établissements répartis en France ; Ménage, Lecouturier et Duez se partagent le gâteau, ayant respectivement la charge de 53, 78 et 13 congrégations. Ainsi Ménage, domicilié au n°44 rue des Mathurins à Paris, s’occupera notamment des Dominicains, des Eudistes, des Capucins-Franciscains, des Bénédictins, des Jésuites etc. Tous trois seront accusés de diverses malversations…
5 juillet 1904 - Expulsion des Capucins de la Vicomté Dinard, 6 juillet. L'expulsion des capucins de la Vicomté, près Dinard, a eu lieu hier matin, en vertu d'un jugement du tribunal de la Seine et à la requête du liquidateur de la congrégation, M. Ménage.
Les capucins ont opposé une vive résistance. La cloche du couvent n'a pas cessé de sonner de 5 heures à 10 heures du matin. De nombreux curieux s'étaient assemblés, mais ils n'ont pu franchir les barrages établis par la gendarmerie et un détachement du 24e dragons, en garnison à Dinan.
Toutes les portes de l'établissement étaient barricadées. Il a fallu en enfoncer trente-cinq.
Les religieux n'ont cédé qu'à la force.
Un seul incident est à noter : Mme Richard, femme d'un avocat malouin, invitée à circuler par un gendarme, a giflé le représentant de l'autorité. Elle sera traduite en police correctionnelle. (Le Messin 8 juillet 1904)
11 juillet 1904 – Mme Richard ayant giflé un gendarme à la Vicomté se retrouve devant le tribunal de Dinan Une chrétienne énergique. Devant le tribunal correctionnel de Dinan a comparu Mme Richard, femme d'un avocat dinardais, qui, le jour de l'expulsion des Capucins de la Vicomté, avait frappé un gendarme.
C'est Maître Richard qui a défendu sa femme.
Le tribunal a accordé les circonstances atténuantes à Mme Richard et l'a condamnée à 50 francs d'amende.
On assure que M. Combes, mis au courant par le préfet, aurait révoqué MM. Mailliet et Crémieux, conseillers de préfecture. (La Petite Presse 11 juillet 1904)
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Compte rendu complet de l’Expulsion des Capucins de la Vicomté du 5 juillet 1904 Dinard - L'expulsion des Capucins
Mardi matin, à cinq heures, M. Baudet, représentant le liquidateur Ménage, a procédé, à Dinard, à l'expulsion des Capucins de la communauté de la Vicomté.
Voici le récit que donne ce matin à ce sujet notre confrère malouin le Salut :
Vers 5 h. ¼, deux compagnies du 24e dragons, de Dinan, arrivèrent à la Vicomté et gardèrent les abords de la propriété. Désormais, on ne laissa plus passer personne. Une heure plus tard, arrivaient une trentaine de gendarmes des brigades voisines, sous le commandement de M. le capitaine de Saint-Malo.
Dès que l’alarme eût été donnée, les religieux, deux pères et un frère, accompagnés de MM. Oriou, Chartier, Refuveil fils, Richeux fils, Bara et un jeune enfant, qui avait réussi à pénétrer dans le couvent, se réfugièrent dans le dortoir, et attendirent les évènements.
Quelques instants pins tard, le liquidateur, dont nous regrettons de ne pas pouvoir livrer le nom au mépris des honnêtes gens, apparut, accompagné de son état-major, MM. du Chaylard, sous-préfet de Saint-Malo, Gagnon et
Gérard, commissaires spéciaux, Le Dantec, procureur de la République, Pichat, juge de paix de Dinard, Peigné, greffier de paix.
A sept heures, les cambrioleurs se mirent à la besogne et commencèrent à attaquer le portail d'entrée, qui, d'ailleurs céda aux premiers coups. La bande se trouva dans la cour et se rua sur la porte du parloir qui, celle-là, leur donna plus de mal. Il leur fallut, pour en venir à bout, user du moyen classique, que M. le procureur flétrit à chaque audience dans ses réquisitoires, briser les vitres et faire jouer la serrure. Les vulgaires cambrioleurs qui se livrent à ce petit jeu passent en correctionnelle et sont condamnés à la prison. Ceux de la Vicomté auront de l'avancement. Ajoutons que cette sale besogne a été accomplie par des ouvriers de la 8e compagnie d'artillerie de Rennes. Ils ne s'en féliciteront pas, gageons-le.
Le liquidateur et sa suite, une fois là, ne furent pas au bout de leurs peines ; il leur fallut encore fracturer quatre serrures, et la dernière, à elle seule, ne leur donna pas moins de trois quarts d'heure de travail.
Quand la dernière vis tomba et que la porte s'ouvrit, les cambrioleurs officiels, poussant des cris de triomphe, se ruèrent comme des fous dans l'intérieur du couvent. Toutes les recherches, d'ailleurs, demeurèrent sans résultat. Les Révérends Pères étaient introuvables, et, dépités, le nez long, l'air passablement embêtés, le collègue de Surty et sa bande revinrent dans la cour, et le nez en l'air se mirent à inspecter, l'une après l'autre, toutes les fenêtres du couvent.
Soudain, le sous-préfet s'écria, d'un air vainqueur « Ah ! les voilà ! ». Et, d'un bond, il pénètre dans le couvent, escalade quatre à quatre les marches de l'escalier, fait, toujours par les ouvriers d'artillerie, défoncer la porte, et se trouve en présence de deux Pères, du Frère et des amis qui les entourent. Le sous-préfet, sur un ton impertinent, leur intime l'ordre de sortir, et, comme ils déclarent qu'ils n'obéiront qu'à la force, il ordonne au commissaire de faire évacuer le dortoir. Le R.P. Supérieur, en termes corrects, mais énergiques, proteste contre cette odieuse violation de domicile et sort, accompagné des deux autres religieux et de ses amis. Quelques instants plus tard, les Frères Capucins prenaient, par des chemins détournés, le chemin de Dinard, où l'hospitalité leur a été immédiatement donnée. (L’Univers et l’Express du midi, etc… 7 juillet 1904)
Des versions expurgées de ces événements seront publiées dans l’Ouest éclair, le Courrier de Saône et Loire, l’Echo saintongeais, la Vérité, la Croix, le Matin, le Petit Parisien etc.
HLM 1380 - La Vicomté-en-Dinard - Le Couvent des Capucins
Suite et fin des mésaventures des Capucins de la Vicomté, relatées avec nos cartes précédentes.
Les capucins à présent expulsés, leur couvent est proposé en adjudication à de nombreuses reprises, sans succès. Ainsi le 11 juillet 1908, à l'audience des criées du Tribunal civil de Saint-Malo, une quatrième mise aux enchères au prix de 26.500 francs ne trouve pas de preneur. Une nouvelle adjudication, organisée pour le 13 mars 1908, au prix de 10.500 francs, s’avère fructueuse, moyennant 25.100 francs, mais entraîne une surenchère fixée à 29.284 francs qui se dénouera lors de l’adjudication du 25 juillet 1908.
De son côté, l'abbé Auguste Langachaud(Très révérend père Germain), supérieur de l'établissement des Frères Mineurs Capucins de la Vicomté, se repliera au Couvent franciscain de Blois, rue Monin, où il décèdera le 8 mai 1930 à l’âge de 69 ans.
Finalement, à la sortie du conflit de 1914-1918, les capucins-franciscains reviendront s’installer dans ce couvent, avec la bénédiction de l’Etat et ouvriront à nouveau une école qu’ils serviront jusqu’en 1960, avec une interruption de 1940 à 1948.
A partir de 1966, le couvent, géré par une association dite des Fioretti de Saint-François d’Assise, ouvre un centre familial aéré de vacances et accueille des sessions, séminaires et retraites, devenant en 1970 la Maison Saint-François. A partir de 1991, celle-ci, sous l’égide du Foyer de Charité de Tressaint, y organise des retraites spirituelles, mais y propose également, avec ses 70 chambres, des séjours en pension complète ou demi-pension, à des groupes de randonneurs, plongeurs, chorales, écoles…
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