Voir les autres cartes postales de la commune de Ercé

Ours des Pyrénées
2 - Inventaire de Cominac, près Oust (Hte-Ariège)
Les Oussaliers dressant les Ours à se servir de la trique
Editeur : Fauré et ses fils, St-Girons-Foix
Lettre du Préfet de l’Ariège au Ministre de l’Intérieur,
9 mars 1906, 2ème Bureau, affaires politiques.
« J’ai l’honneur de vous informer que l’inventaire de la commune d’Ercé ( Cominac) n’a pu avoir lieu le 16 mars dernier. Bien avant l’arrivée du percepteur, de l’adjoint au maire et de deux gardes champêtre, les cloches ont sonné et les habitants se sont dirigés vers l’église.
Lorsqu’il arriva, le percepteur se trouva , à l’église, en présence d’une foule compacte d’environ 300 personnes ( tout le village » comprenant au moins 100 hommes et 200 femmes, filles ou enfants, en plus de 3 beaux ours que tenaient en laisse leurs propriétaires respectifs, et 4 curés ; celui de Cominac, celui d’Aleu, le vicaire d’Ercé et le curé d’Aulus.
Le percepteur ayant fait connaître l’objet de sa mission, le curé de Cominac répondit par une longue et véhémente protestation, et lui remit un acte notarié constatant que l’église de Cominac avait été acquise et construite par le seul concours des habitants de la section de Cominac, par des dons et souscriptions en nature ou en argent.
Loin de chercher à contenir la foule et de la calmer, le curé fit appel au dévouement de ses fidèles, pour résister par la force aux opérations de l’inventaire. le curé d’Aleu qui était venu prêter main forte à son collègue, a engagé aussitôt les habitants à la résistance à outrance, terminant par ses paroles « : nous résisterons jusqu’au bout, car nous préférons mourir dans le sang plutôt que de vivre dans la boue ».
La perception adressa quelques paroles à la foule, pour protester contre les allégations du desservant, et déclara que la loi recevrait son exécution.
En présence de la résistance passive qui lui était opposée, il prit le parti de se retirer.
Je dois ajouter que cette population est composée de très bons contibuables et de gens très paisibles, qui avaient crû devoir protester, non contre le percepteur, mais contre l’application de la loi.
Il est à présumer qu’aucun incident grave ne se produira lorsque l’agent auxiliaire des domaines se présentera de nouveau pour faire l’inventaire; mais il faut néanmoins s’attendre, cependant, à une très vive résistance de la part des gens qui ont la certitude que le droit de propriété qu’ils ont sur leur église, se trouvera menacé et deviendra illusoire. »
________________________________________________________
A l'occasion du centième anniversaire de la séparation de l'Eglise et de l'Etat, le document ci-dessous a été écrit localement après un gros travail de recherche :
« Ce 6 mars 1906, c'est la détermination, le courage de tout un village défendant ses biens, soutenus par leur curé Pascal Mirouze, et trois autres prêtres, et non des ours menaçants ou agressifs (ceux-là étaient tenus en laisse), qui ont empêché le percepteur d'Oust Pierre Peytou, accompagné de l'adjoint au maire d'Ercé, et de deux gardes champêtres, de procéder à l'inventaire. Pas de menaces ni voies de fait », affirme Roger Carrère.
Les sept cartes postales immortalisant l'événement sont des reconstitutions.»
(Fin de citation)