Le Petit Parisien 17/4/1913
A la Comédie-Française. Ainsi que nous l'avons annoncé précédemment, M. Silvain a tenu ses promesses. Il jouait lundi soir « Patrie » au casino de Toulon et la Comédie-Française l'ayant affiché pour jouer « Louis XI » mardi soir, M. Silvain n'a pas fait défaut. La représentation a eu lieu, et avec lui. Il est reparti hier matin pour Marseille, où il jouait le soir. Il sera de retour aujourd'hui, pour être Louis XI à nouveau au Théâtre-Français, et demain soir, à Hyères, il donnera une représentation du « Père Lebonnard ». Enfin, samedi, M. Silvain s'embarquera pour l'Algérie et la Tunisie, comme nous l'avons dit.
Entre le temps qu'il descendait de wagon et s'apprêtait à monter en scène, M. Silvain a renouvelé les propos qu'il avait tenus l'autre jour et que nous avons enregistrés il a protesté à nouveau contre le vote de blâme qui lui a été infligé à l'unanimité par l'assemblée générale des sociétaires du Théâtre-Français, et se propose, à son retour d'Algérie, de provoquer une assemblée des sociétaires pour éclaircir le « malentendu » M. Silvain assure qu'il n'a pris qu'un congé de deux mois et demi, et régulièrement, alors que certains de ses camarades en prennent bien davantage.
M. Silvain est décidé à s'embarquer le 20 avril à Marseille, à destination de Philippeville. Cette tournée autour de laquelle on fait d'avance tant de bruit a pour itinéraire Alger, Mostaganem, Bône, Guelma, Tunis, Oran, Blida, Sidi-bel-Abbès, etc. M. et Mme Silvain joueront le Père Lebonnard, Athalie, Gringoire, l'Apôtre, Andromaque (traduction de Silvain et Jaubert), Electre, etc. Leur absence durera un mois.
SILVAIN Eugène (1851 - 21 août 1930)
Né à Bourg en Bresse, orphelin de bonne heure, il va habiter près d'un oncle, à Marseille, où il devient petit clerc de notaire. Mais entraîné par une vocation irrésistible vers le théâtre, il s'engage bientôt dans une troupe dramatique en partance pour l'Algérie. C'est ainsi qu'il joue pendant trois mois dans une salle de mairie, à Mostaganem, qui n'avait pas encore de théâtre, puis il passe à Alger et à Blida.
Il se fait recevoir au Conservatoire et entre dans la classe de Regnier. Il en ressort en 1875 avec un premier accessit de comédie dans le Misanthrope, et, en 1876, avec un deuxième prix de tragédie dans Cinna.
Il débute au Théâtre-Français en 1876, puis est engagé à la Comédie-Française à raison de 3.600 francs par an, en 1878 où il joue dans Phèdre (Théramène), aux côtés de Sarah Bernhardt et de Mounet-Sully.
Nommé sociétaire de la Comédie-Française en 1883, il y jouera pendant plus de 50 ans.
Il épouse la tragédienne Louise Hartman Silvain (1874 - 20 octobre 1930), qui fait une brillante carrière au théâtre de l'Odéon, qui entre elle-même à la Comédie-Française en 1901 et qui en devient sociétaire en 1910.
Silvain, avec sa femme et une troupe de comédiens renommés, fait à diverses reprises de grandes tournées en France, en Algérie, en Tunisie, en Italie, en Espagne, au Maroc.
Doyen de la Comédie-Française de 1916 à 1928.
Ils décèdent tous deux en 1930, à deux mois d'intervalle.
Eugène et Louise Silvain

clichés agence Roll, BNF
Gradins de Guelma prendant la représentation d'Athalie

cliché Bachotet
Voir aussi Guelma