TOUT PARIS - 1011 - Le Bd St-Denis et le Bd Bonne-Nouvelle à la Porte St-Denis (Xe arrt.)
Collection F. Fleury
Cette porte ayant été tellement décrite, nous n’y ajouterons pas une ligne de plus.
C’est l’immeuble situé au fond à droite, situé à l’angle du
n°2 boulevard Bonne-Nouvelle qui a retenu notre attention, avec ses larges panneaux publicitaires disposés à chaque étage.
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la Porte Saint-Denis prise sous un autre angle (cliché mimigégé) , découvrant plus amplement la façade du 2 boulevard Bonne-Nouvelle.
Alors qu’au 4e la « Protectrice des assurés » se fait fort de défendre les expropriés, un certain
BACHELARD DENTISTE occupe le 3e étage.
Auguste-Victor Bachelard, né le 21 septembre 1861 dans le 3e arrt., n’est reconnu par sa mère Pauline Bachelard, marchande au Temple, que le 20 juin 1879. Marié en 1889 avec
Marie Élisabeth Gaujard (1871-1953), ils deviennent tous deux chirurgiens-dentistes, domiciliés 41 rue de Saintonge, puis 12 rue de la Gaîté et enfin 4 rue des Halles.
En vue d’ouvrir un Cabinet dentaire digne de ce nom, les époux Bachelard, prudents, réalisent une séparation de biens en date du 22 mars 1897. Le 25 octobre 1898, ils forment une société en nom collectif, au capital de 10.800 francs, dénommée
Bachelard et Cie, dentistes, au 2 boulevard Bonne Nouvelle, et y installent leur atelier, demeurant, par ailleurs tout à côté, au 10 rue Mazagran.
C’est ici qu’ils marient leur fille
Marthe Marie Bachelard (1891-1984), étudiante et future dentiste, le 19 mai 1911 avec Albert Joseph Ducerf, mécanicien dentiste.
L’année suivante, en mars 1912, tandis que son mari règle les dernières formalités avant de céder son cabinet du boulevard Bonne Nouvelle, Marie Élisabeth Gaujard-Bachelard part s’installer à Alger, au n°36 rue Michelet, où elle ouvre un cabinet dentaire. Ne lésinant pas sur les réclames, elle fait paraître dans les journaux algérois de nombreux encarts publicitaires indiquant qu’elle
opère sans douleur et pose des dents nouvelles permettant de broyer les aliments les plus durs avec dévouement et douceur, précisant en outre qu’elle assure la
guérison des maladies de la bouche et propose de
grandes facilités de paiement.
A peine dix mois après l’ouverture, le 8 janvier 1913, le cabinet dentaire algérois d’Elisabeth Bachelard est la proie des flammes. Le lendemain, L’Echo d’Alger, avec force détails, nous en donne la description (1)
Aussitôt l’incendie éteint, Madame Bachelard s’empresse de publier un article dans le même journal,
informant sa clientèle que, contrairement à certain bruit insinué par des confrères jaloux, elle continue de recevoir, 36, rue Michelet, de 10 heures à 5 heures.
Le 21 février 1913, Elisabeth Bachelard retourne à Paris rejoindre son mari Auguste-Victor, afin de procéder à la cession de son cabinet du boulevard Bonne Nouvelle à
Vital Ephrem Ardit, né le 16 avril 1876 en Turquie, qui était installé, depuis 1902, en tant que mécanicien dentiste dans le 17e arrt., 50 rue des Moines, puis 9 rue Biot.
Pendant ce laps de temps, Mme Bachelard a pris soin de confier sa clientèle d’Alger à sa fille Marthe-Marie Bachelard-Ducerf.
Le 18 septembre 1913, les époux dentistes font savoir, par les journaux d’Alger
qu’ils sont revenus de France avec des procédés nouveaux et reçoivent tous les jours, de 10 heures à 5 heures, et sur rendez-vous, 35 rue Michelet ; leur cabinet incendié était au n°36 rue Michelet.
C’est grâce à un minuscule entrefilet de l’Echo d’Alger que nous avons pu trouver la survenance du décès d’
Auguste Victor Bachelard, le 17 mars 1914 à Alger.
Alors que la guerre fait rage en France, la veuve Bachelard (et sa fille Marthe Marie Ducerf), informe sa fidèle clientèle, le 24 janvier 1915, que pendant la durée de la guerre elle opère
avec grande réduction de prix sur les travaux dentaires Clinique, 8, rue Arago, en face le « Splendid Cinéma » (angle rue de Constantine).
Toujours installée à Alger, Marthe Marie Bachelard va divorcer de son mari Ducerf en 1927, se remarier en 1931 avec Pierre Cheneau et installer son nouveau cabinet dentaire 34 rue Hoche, qu’elle tiendra jusqu’en 1935.
De son côté,
Vital Ephrem Ardit qui tient, depuis 1913, a repris le cabinet dentaire du 2 boulevard Bonne Nouvelle, y est toujours actif en 1932…

publié par zelig jeu. 27 janv. 2022 10:30 ►
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Passons à présent au premier étage du 2 boulevard Bonne Nouvelle où
LE PHYSIOGRAPHE et les
APPAREILS PHOTOGRAPHIQUES ne peuvent qu’attirer la curiosité des passants.
C’est en 1885 que
Léon Bloch (1816-1888), originaire de Wintzenheim près de Colmar, se fait connaître, en tant que fabricant de thermomètres médicaux et d’appareils d’optique, installé à Paris 10e, tout d’abord au n°18 rue Albouy (future rue Lucien Sampaix), puis en 1888 au n°2 rue de l’Entrepôt (future rue Yves Toudic).
A la suite de son décès, le 27 février 1888, deux de ses fils —
Edmond Bloch (1858-1914) et
Achille Bloch (1859-1934) — font perdurer l’entreprise sous le nom de leur père Léon Bloch ; celle-ci est ensuite transférée en 1894 au 5 place de la République, en 1896 au n° 1 avenue de la République et enfin, à compter de 1904, au
n°2 boulevard Bonne Nouvelle, où les thermomètres médicaux laissent désormais la place aux jumelles, aux appareils photographiques et au fameux Physiographe dont Edmond se targue d’être l’inventeur depuis 1896.
Le physiographe, est un
appareil photographique stéréoscopique en forme de jumelle dissimulant deux objectifs de prise de vue latéraux. Le premier oculaire sert de viseur à 90° et dissimule le déclencheur, le second contient un niveau à bulle et sert également à maintenir le châssis porte plaque.
Edmond Bloch, par ailleurs artiste peintre, laissera l’entreprise familiale à son fils Léon Bloch (1893-1982), toujours installé boulevard Bonne Nouvelle en 1922 ; en 1925, on le retrouve au n°89 avenue de la République, fabricant d’appareils photographiques et d’appareil scientifiques de précision…
(1) Un Incendie rue Michelet (Alger)
L'atelier de prothèse de Mme Bachelard, chirurgien-dentiste, est la proie des flammes.
Hier, vers midi, une domestique apercevait une fumée intense qui s'échappait du cabinet de Mme Bachelard, chirurgien-dentiste, demeurant 36, rue Michelet. Elle prévenait immédiatement cette dernière qui se trouvait dans ses appartements.
Mme Bachelard, accompagnée de M. Emile Sorel, mécanicien dentiste, ouvrit la porte de son cabinet et constata que l'atelier de prothèse dentaire était en flammes.
Elle donna immédiatement l'alarme et bientôt arrivèrent quatre agents de police.
Aidés d'abord de quelques voisins, puis de deux pompiers, le caporal Camps et le sapeur Geaud, ils parvinrent, au bout d'une demi-heure d'efforts, à se rendre maîtres du sinistre.
Dans le courant de l'après-midi nous sommes allés nous rendre compte par nous-mêmes de l'importance des dégâts. Mme Bachelard, encore sous le coup d'une impression violente, avait dû s'aliter. C'est M. Emile Sorel qui nous a reçu.
Très aimablement, M. Sorel nous introduit dans le vaste appartement où Mme Bachelard a installé son cabinet. Un spectacle lamentable s'offre à nous : l'atelier de prothèse dentaire où s'est déclaré l'incendie est absolument saccagé ; les autres pièces sont sérieusement endommagées par la chaleur qui s'est dégagée du foyer et par la fumée.
Dans l'atelier de prothèse seul les dégâts se montent à plus de trois mille francs.
D'après M. Sorel, l'incendie aurait été motivé par l'explosion d'un godet cylindrique servant à là fonte de l'or sous pression.
Au moment où nous prenions congé, Mme Bachelard nous a déclaré que, malgré l'importance des dégâts, elle continuait ses consultations.
(L’Echo d’Alger 9 janvier 1913)