Demandez la « Fine Bretagne Théophile Guillon »
Héliotypie Dugas et Cie, Nantes
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Les publicités ayant trait à la « Grande Distillerie Théophile Guillon » affichent en gros caractères que la maison a été fondée en 1805. Si la famille Guillon est, à cette date, effectivement dans le négoce nantais, il n’est cependant pas attesté que les vins et alcools faisaient partie des marchandises qu’ils négociaient.
Jean Guillon (1764-1828), originaire d’Aigrefeuille et décédé à Nantes, est le chef de file de cette famille de marchands. Son fils Augustin Guillon (1803-1885), marchand en droguerie, aura quatre fils, tous commerçants :
— Frédéric Pierre Guillon (1830-1922) dont les entrepôts sont situés au 9 rue de la Poissonnerie, très actif avec son père, importe en gros des futs d’essence, des barils de sulfates, des futs d’essence de térébenthine, des futailles et chalosses de goudron, des pains de résine, des barils de colophane, du blanc de plomb etc…
— Auguste Guillon (1828-1910) est négociant dans les produits alimentaires : cafés, huile, raisins secs, barils de vins etc…
— Paul Guillon (1838-1904) est épicier et se fournit vraisemblablement en partie chez son frère Auguste.
— Théophile Frédéric Paul Guillon (1847-1897), installé au n°15 rue Jean-Jacques Rousseau à Nantes, s’occupe, quant à lui, exclusivement des spiritueux et fait transiter depuis 1869, par le port de Nantes, des muids, caisses, futs et barriques de vins, des futs d’eau-de-vie et de rhum…
En 1887, Théophile Guillon devient dépositaire de la Maison Chanoine Frères, producteur de Vin de Champagne à Epernay et, à ce titre, lance une campagne publicitaire dans les journaux locaux.
De fil en aiguille, par analogie avec le vin de Champagne qu’il vend à Nantes, Théophile Guillon se lance dans la distillerie à partir de 1895, fabriquant et commercialisant sa Fine Bretagne dans ses locaux du 8-10 rue de Launay à Nantes.
Réclames Théophile Guillon 1887 et 1895
Après le décès de Théophile Guillon survenu le 31 décembre 1897, ses trois fils Théophile Guillon (1873-1935), Jules Guillon (1874-1967) et Emile Guillon (1876-1944) assurent la relève et développent considérablement l’affaire. En témoignent les très nombreuses petites annonces dans les journaux, à la recherche d’ouvrières pour l’étiquetage et la mise en bouteille, de garçons livreurs, de camionneurs livreurs, de bons camionneurs connaissant ville et gares, d’ouvrières pour le rinçage des bouteilles, de garçons de magasin, de manœuvres avec bonnes références exigées, de livreurs-manutentionnaires avec certificats etc…
Afin de poursuivre l’accroissement de l’affaire les frères Guillon font créer des affiches publicitaires et continuent la diffusion de réclames dans les journaux :
Quelques affiches publicitaires Théophile Guillon
En juin 1931, à l’occasion de la remise de la médaille d’honneur du travail à quatre employés de leur maison, un dîner est organisé par les deux directeurs de l’entreprise, Roger et Jean Peigné (en fait, Jean Peigné était le gendre de Paul Guillon, l’épicier), en présence des frères Théophile et Jules Guillon.
— Patrons, honorez vos vieux Serviteurs !
M Jean et Roger Peigné, les directeurs actuels de la maison Théophile Guillon, vieille déjà de 125 ans, avaient réuni, hier, leur personnel dans les salons du Chalet Suisse, à l'occasion de la remise de la médaille d'honneur du travail à quatre des vieux serviteurs de la maison : MM. Guérif, Baptiste Fleury, Charles Renaud et Mme Verger.
MM. Théophile et Jules Guillon assistaient à cette fête toute familiale ; leur place y était tout indiquée.
C'est M. Jean Peigné qui a porté la parole et remis les médailles à leurs destinataires, qu'il a salués successivement en ces termes empreints d'une affectueuse cordialité :
Au plus ancien d'abord : à Guérif, notre doyen, qui, rentré dans la maison en 1886, compte 45 ans de présence, interrompue seulement par le service militaire : formé aux affaires par le fondateur de la maison, il conserve aujourd'hui son expérience pour nous autres de la troisième génération.
A Baptiste Fleury, qui, rentré en 1893, a rempli avec fidélité et conscience les emplois qui lui étaient réservés. S'il est vrai, comme il a été souvent dit, que la futaille est la plaie de notre métier, le rôle de Fleury est bien parmi les plus importants.
A Charles Renaud, qui, depuis 1894, est le pilier de la maison Guillon et a contribué plus que personne d'autre à faire connaître au dehors nos produits et nos marques. Par son entrain, sa gaieté, son optimisme justifié, il a forcé la sympathie et l'amitié de tous et concilié les intérêts de ses clients et de sa maison à la satisfaction générale.
A Mme Verger, enfin, dont je ne saurais dire qu'une chose : elle met dans son travail, toujours égal, toujours précis et net, toute la conscience et la loyauté de son caractère.
Il convient de noter qu'aux médaillés du travail mis à l'honneur, hier, viendront s'ajouter, bientôt, d'autres médaillés, auxquels M. Jean Peigné a tenu à rendre à l'avance, un public hommage de gratitude : Mme Nerrière, MM. Oheix, Bannes, Barrère, Vié, etc. Mais il faut encore, tout de même, quelques années !
M. Théophile Guillon s'est associé à l'éloge que M. Jean Peigné venait de faire des nouveaux décorés de la médaille du travail ; à part peut-être, Mme Verger, MM. Théophile et Jules Guillon ont été à même, en effet d'apprécier leur valeur et leur probité professionnelles ; M. Théophile Guillon fait de ces vieux serviteurs de la maison créée par M. Théophile Guillon père, un vif éloge.
M. Guérif remercie, au nom de ses camarades et en son nom propre, leurs patrons de l'Initiative qu'ils ont prise pour leur faire honneur.
(Le Phare de la Loire 28 juin 1931)
Affiche Théophile Guillon et Réclames 1911 et 1921