Chocolat Debauve et Gallais, 30 rue des Saints-Pères, Paris
P. Marmuse, Paris
Marié le 30 novembre 1798 à Saint-Germain-en-Laye où il tient, au n°36 rue de Paris, son commerce d’apothicaire, Sulpice Debauve (1757-1836), parisien de naissance, va connaître la renommée en venant installer, en 1800, une fabrique de chocolat au Salep de Perse, au n°4 rue Saint-Dominique, faubourg Saint-Germain à Paris.
Le Journal de Paris du 5 janvier 1808 précise que durant les cinq premières années de l’Almanach des Gourmands, Debauve s’est distingué par la qualité de sa production et qu’il est également connu pour ses chocolats béchiques au tapioka des Indes ainsi que pour ses Pastilles, Diablotins et Croquignoles de Chocolat ; sa production est en outre disponible au Dépôt du Palais Royal, chez M. Rochette, opticien, n°114 galerie des Bons Enfants, ainsi que dans un « très grand nombre des principales villes des départements ».
Debauve transfère sa boutique, en 1818, au n°26 rue des Saints-Pères, laquelle boutique restera définitivement à cet emplacement.
En 1823, Debauve s’associe dans sa chocolaterie, avec un autre pharmacien, Jean-Baptiste Auguste Gallais (1797-1838) qui vient d’épouser, le 23 juin 1821, Élisabeth Debauve (1801-1830), la nièce de Sulpice Debauve (le frère de celui-ci était marchand-mercier, rue du faubourg Saint-Antoine).
La chocolaterie Debauve et Gallais de la rue des Saint-Pères connait un succès considérable et, après les décès successifs de Debauve (12 avril 1836) et de Gallais (9 avril 1838), la maison est acquise par Zacharie Théry (1806-1868) qui cède l’affaire, en 1857, à Nicolas-Eugène Hugon (1819-1912), épicier qui était installé au n°209 rue Saint-Honoré.
En 1860, le n°26 rue des Saints-Pères devient le n°30, les chocolats y étant toujours commercialisés sous la marque « Debauve et Gallais ».
Gustave Hugon (1845-1925), puis ses enfants Georges et Maurice, pérenniseront la chocolaterie familiale.
En 1989, l’établissement mythique est repris par Paule Cuvelier…
Paris - Rue des Saint-Pères, chocolaterie Debauve et Gallais
Avec des explications scientifiques pareilles, on ne peut résister au plaisir de déguster les chocolats de l’ancien apothicaire Debauve !
Nous croyons important de recommander l'usage de quelques Chocolats particuliers qui convenables d’ailleurs à tout le monde, semblent néanmoins plus spécialement destinés aux classes de la société dont la santé exige quelques soins, quelques ménagemens.
Ces Chocolats sont ceux de la Fabriqne de M. Debauve, ancien Pharmacien rue Saint-Dominique, n°4 près de la rue des SS. Pères.
Leur réputation est déjà faite, et nous ne voulons ici que rappeler leurs titres aux suffrages des amateurs, dans une saison sur-tout dont les intempéries et les rigueurs sèment les maladies, dérangent les santés les plus robustes, et obligent les délicates aux précautions d'un régime plus attentif.
Ce qui constitue l'excellence des Chocolats de M. Debauve, c'est leur qualité analeptique ou restaurante, béchique ou pectorale et singulièrement nourrissante ; ces propriétés qui résultent de l'ingénieuse combinaison de diverses substances dans la préparation du Chocolat, n'altèrent aucunement d'ailleurs cet aliment, sous le rapport du goût.
Par-là, l'on possède l'utile et l'agréable complettement réunis dans son usage ; et certes, ce n'est pas un avantage à dédaigner que la certitude de trouver un médicament approprié à l'état de sa santé dans une nourriture qui n'en reste pas moins en possession de flatter les palais les plus difficiles.
Les principales substances à l'aide desquelles M. Debauve varie les préparations, sont le Salep de Perse, connu par ses propriétés toniques nutritives et restaurantes ; le Tapioka des Indes employé par les Anglais pour les affections de poitrine ; le Cachou, et enfin les autres aromates que l'on unit au Cacao dans toutes les bonnes fabriques.
On sait que le Salep a (comme disent les Médecins) une saveur sui generis légèrement salée et qui stimule l'appétit, en invitant les glandes salivaires à porter plus de sucs digestifs à l'estomac, en même-tems qu'elle lui donne un mucilage très soluble et très nourrissant. On peut remarquer encore que cette nature nutritive et mucilagineuse du Salep, associée à la nature butyreuse du Cacao, forme une combinaison singulièrement propre régler et modérer l'énergie des autres substances aromatiques et éminemment toniques qui complettent la bonne préparation et assurent la réputation des meilleurs Chocolats.
Je certifie que l'Entrepôt des chocolats de ma Fabrique, pour la ville de Tours est confié à M. Pitay négociant en épiceries, rue de la Sellerie n°100, chez lequel un trouvera le tarif des prix, et la notice des qualités.
A Paris, le 8 février 1809. DEBAUVE
(Journal de l’Indre-et-Loire 1er mars 1809)
Chocolat Debauve et Gallais, papier d'emballage 1873