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J'ai acheté la carte ci-dessous, genre carte photo, hier au salon de Clichy (92). C'est une vue bien banale de la basilique, vue d'assez loin.... mais curieusement cela a soulevé chez moi plusieurs questions...
- Qui est le reporter Simons ?
- Quid de cet hôtel à 9 étages intitulé Paris-Soir ? (ce nom semble avoir été découpé dans le titre du journal de cette époque)
- Ne serait-ce pas un canular ? qu'en pensez-vous ? Quel sens lui donner alors ???
Je reste évidemment aussi interrogée par ce qui a été ajouté à la main...
Pour Danielle, un voyage "extraordinaire" pour l'époque, dans ton quartier de prédilection !
Notre Simons est de la partie, comme dans nombre d'aventures. Je suis en train de collecter quelques données sur cette figure emblématique du reportage en tous genres.
Il s'appelle Maurice Simons, est reporter-photographe dans de nombreux journaux, principalement dans "la Vie au Grand Air". Pour l'instant attesté entre 1905 et 1923.
En mai 1918, maréchal des logis d'artitlerie coloniale, il se marie avec Mme veuve Démange, belle-fille de Me Demange, "l'éminent" avocat.
Le 12/12/1918, il perd son frère Armand Simons, reporter photographe, réformé de la guerre, décédé le courant, à la suite d'une longue et cruelle maladie contractée au front, au service de l'escadrille M.F.41.
Lui-même, le jour des obsèques, est reporter photographe aux publications Pierre Laffitte et toujours maréchal des logis d'artillerie.
Le 28/2/1923, il demande dans un journal des photos et cartes postales (comme quoi !....)
J'en suis là de mes recherches.
(à suivre)
La Presse 8/2/1905
UN EVENEMENT PARISIEN
L'EXPERIENCE DE LA RUE DES SAULES
La Butte en omnibus automobile.
Du 30 % en cote relevée à 16 %. — Le triomphe de la vapeur et de son apôtre Serpollet.
L'événement qui s'est déroulé ce matin et que nous relatons ci-après aura dos conséquences très grandes au point de vue de l'avenir des transports automobiles.
Un omnibus à vapeur, système Gardner-Serpollet, est parti à onze heures de la Vie au Grand Air, place de l'Opéra, ayant à son bord seize représentants des grands journaux parisiens. Ainsi chargé, il a fait l'ascension de la butte Montmartre par les pentes les plus raides, les plus invraisemblables, ne cessant de donner à ses voyageurs une impression de douceur, de souplesse et de sécurité incomparables.
La Performance
Après avoir suivi les boulevards, la rue Drouot, la rue des Martyrs (la plus dure des pentes grimpées par les omnibus à chevaux), la rue Clignancourt, la rue Custine et la rue Caulaincourt, nous arrivons au coin de la rue des Saules, la rue la plus en pente de toute la butte.
Quand nous considérâmes cette côte effrayante, un instant d'angoisse nous étreignit. Si l'on allait reculer et redégringoler ?
Quelle chute vertigineuse !
Mais, calme et souriant, comme toujours d'ailleurs, M. Serpollet, l'apôtre de la vapeur, qui conduisait le vénicule, fit démarrer ce dernier, et nous grimpâmes avec une aisance extraordinaire.
Un caniveau terrible et nous voici dans la partie la partie la plus dure de la rue des Saules, en face du cabaret célèbre des assassins (Au Lapin agile). M. Serpollet a la coquetterie de stopper, et nous, démarrons à nouveau dans du 30 % !
Double virage à angle droit, re-caniveau, et nous voici an sommet de Montmartre, au milieu de populations ébahies par ce tour de force :
–– C'est de l'aerostation ! s'écrie un loustic.
Nous redescendons vers le Sacré-Cœur. Puis nous recommençons l'expérience avec le même bonheur, le même succès !
Deux tours de force
Ce diable de Serpollet m'aura fait éprouver les deux plus fortes émotions de ma carrière sportive : primo, lorsqu'il atteignit, le premier, à Nice, sur la promenade des Anglais, la vitesse de 120 kilomètres à l'heure ;
secondo, ce matin, lorsque au milieu du raidillon, relevé à 30 %, il fit démarrer son omnibus avec la même facilité qu'en palier.
Voici quelques détails sur le "Car Alpin", car le véhicule affecte cette forme de carrosserie–dans lequel nous avons effectué cette performance.
Le Car Alpin Gardner-Serpollet. — Seize personnes y trouvèrent aisément place. A vide, l'omnibus qui est muni de pneus Michelin, pèse 2.670 kilos en charge, il pesait 3.860 kilos, soit tout près de quatre tonnes.
Le moteur est nominalement de 20 Chevaux il peut en développer 60 et même 80 !
La vitesse nominale est de 27 à 30 kilomètres à l'heure en palier.
Deux voitures, du même modèle, appartenant à MM. Le Faguays et Monjalm, font en ce moment, à Nice, un service de tourisme régulier : la première, sur le parcours de Nice-la Turbie-Menton-Nice ; la seconde, sur le merveilleux parcours de Nice-Cannes-Esterel-Saint-Raphaël-La Corniche-d'Or-Nice.
M'est avis qu'il faudra retenir ses places à l'avance.
Voici les noms des journalistes qui ont participé à cette prouesse :
MM. P. Rousseau, le Temps Paul Mery, le Gaulois ; MacAlpin, Daily Mail et Agence Reuter ; Lucien Faure, Vie au Grand Air ; Frantz Reichel et Wilekersen, Figaro ; de Pawlowski et P. Sencier, Journal de l'Automobile ; Miral et V. Lefèvre, Auto ; G. Le Roy, Les Sports ; Bichat, Le Matin ; Binreau, Les Débats ; les photographes Simons, Vie au Grand Air ; Biard, l'Automobile ; H. Grognet, Vie Illustrée, et votre serviteur, représentant la Presse et l'Echo de Paris.
Après l'expérience, un excellent déjeuner nous a réuni chez Jouenne, avenue de Clichy. On y a bu à l'apôtre de la vapeur, à Serpollet !
G. de Lafreté.
P. S.–M. Serpollet m'a-appris à l'issue du déjeuner que la Compagnie Générale des Omnibus ferait circuler dans Paris, d'ici un mois et demi, des véhicules à vapeur de son système, qui seront du type des omnibus actuels.
Tous les Parisiens pourront donc "chauffer" à bon compte. — G. de L.
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Une autre aventure de Maurice Simons Gil Blas 30/8/1911
La « Joconde » a couru Paris-Brest.
On nous rapporte une anecdote amusante, dernier écho de la grande course cycliste Paris-Brest dont l'arrivée a eu lieu dimanche dernier.
Parmi les automobiles qui, pour divers services suivaient les concurrents, il y en avait une que conduisait M. Gauderman, le sportsman connu, auquel on avait demandé d'accomplir ce raid de deux jours et de deux nuits sur les grandes routes, sans doute parce que personne ne sait mieux utiliser l'éclairage des phares et l'apprécier que ce grand chauffeur devant l'Eternel !
Il y avait à bord de la voiture, en plus du conducteur, Duray, le champion de l'automobile, et Simons, le reporter photographe universel.
Que faire pendant plus de cinquante heures sur une route lorsqu'on marche doucement derrière des cyclistes, si ce n'est de s'amuser de temps en temps quelque peu ?
A Rennes, en passant devant la boutique d'un brocanteur, les trois amis aperçurent, bien en montre à l'étalage, une reproduction infâme de la Joconde, traitée par un barbouilleur de l'endroit, et qui était mise bien en vue ainsi qu'il convient pour un sujet d'actualité.
Nos automobilistes sautant de voiture l'acquérirent pour un prix modique, et, ravis de leur butin, ils s'en furent joyeusement exhibant le tableau aux couleurs criardes à toutes les populations sur leur passage avec les boniments que l'on peut deviner.
Mais au retour de Brest, à Javras exactement, toute la maréchaussée du canton, renforcée du garde-champêtre en grande tenue, leur intima l'ordre de s'arrêter et voulut saisir le tableau tout en manifestant le dessein de conduire au violon ses détenteurs.
Il y eut des explications homériques, des discussions à n'en plus finir. La gendarmerie était sévère, elle pensait s'illustrer par un coup d'éclat en retrouvant cette Joconde et ses voleurs dont tous les journaux parlaient tant.
Cependant, parmi les journalistes qui suivaient la course, il y en avait deux qui ne pouvaient arriver à dissimuler leur joie et leur satisfaction de la réussite d'une aussi bonne plaisanterie.
C'était eux qui, de Brest, avaient envoyé une dépêche pour signaler à la force publique l'arrestation qu'elle pouvait faire avec du flair.
Enfin, après bien des palabres, tout fut arrangé.
La fausse Joconde et ses propriétaires purent de nouveau rouler vers Paris, cependant que d'un œil soupçonneux encore la maréchaussée contemplait leur départ en ne sachant véritablement trop que penser...
Voilà probablement l'explication de la Carte de Danielle.
Simons était connu depuis 1902 pour voir de très loin grâce à ses téléobjectifs. D'où cette vue sur Montmartre et cette allusion à Bonaparte contemplant du haut des Pyramides etc...
En 1909, on voit même, dans l'article reproduit ci-dessous, qu'il faisait fabriquer ses propres objectifs.
Lors d'un diner conférence, en date du 6 novembre 1902, organisé par le comte de La Vaulx, le docteur Guglielminetti donne une conférence sur le "mal de montagne et le mal de ballon".
A la suite de quoi, de la Vaulx passe la main à Simons : "M. Simons qui, malgré son ardent désir, n'a pas été admis à assister aux expériences du dirigeable Jaune, à Moisson, a fait passer sous les yeux de l'auditoire une série de projections photographiques prises au téléobjectif, à 600 mètres de distance, et, résultat merveilleux, étonnant même, les membres de l'A. C. ont été aussi documentés que s'ils s'étaient trouvés à 20 mètres du mystérieux dirigeable des frères Lebaudy." (source : Journal l'Aérophile de janvier 1902.)
Dans la revue photographique de l'ouest de décembre 1909, est reproduit un article de la Photo-Gazette du 25 novembre 1909, qui relate que M. Simons a "fait établir à un prix très abordable par
un opticien de Paris, un objectif spécial ouvert à F 3,8 qui n'a que 0,10 de foyer. Il l'a baptisé du nom de Monoplan, non pas parce qu'il est contemporain des appareils d'aviation dont il a pu enregistrer les célèbres performances, mais parce qu'il lui donne nettes sur un seul plan les images des objets situés à des plans très différents. Il en résulte évidemment que la perspective reçoit une légère entorse, mais elle n'est pas choquante.
L'emploi de cet objectif avec des plaques très rapides a permis à M. Simons d'obtenir des clichés utilisables pour l'illustration des journaux, dans des conditions de distance de lumière et de rapidité telles qu'aucun de ses confrères n'avait pu réussir."
Simons était également connu pour être le premier photographe arrivé sur les lieux des évènements, d'où ce petit dessin perfide :
Journal La vie au Grand Air du 15 juillet 1919 (Simons 1er à l'arrivée)
Bonsoir Jean-Marc et merci pour toutes ces informations.
Je suis toujours étonnée de ces personnages "atypiques" qui ont en leur temps fait couler de l'encre !! Beaucoup ont des liens avec le 18ème, ce qui est bien sympa pour une collectionneuse de ce quartier.