On a eu les motocrottes, ou caninettes, mais qui se rappelle des brouettes crottineuses ?
En 1912, le très sérieux Conseil municipal de la Ville de Paris s'est réuni spécialement afin de délibérer sur les nouvelles techniques de nettoiement des déjections canines et autres.
M. Georges Girou, rapporteur de la 3ème commission (terme fort approprié !), est chargé de défendre son projet.
Il a, préalablement, présenté un mémoire au Préfet de la Seine ainsi qu'un rapport des ingénieurs des services techniques de la Voie publique. C'est donc une affaire de la plus haute importance, traitée comme il se doit.
En gros, il s'agit de fabriquer, pour 9.300 francs, 75 brouettes crottineuses à une roue et 75 brouettes crottineuses à deux roues.
Le projet va être voté, les crottineuses vont être fabriquées, mais leur avenir sera très limité, pour ne pas dire condamné.
En juillet 1913, quelques journalistes en ont tout de même relaté le passage notamment rue du Havre, rue de Rivoli et dans un périmètre assez étendu de la place du Théâtre-Français...
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Il est intéressant de lire les chiffres des statistiques du 10 janvier 1913 relatifs à la voirie parisienne.
La Ville de Paris compte à cette date 6205 employés municipaux chargés du nettoiement et de l'enlèvement des ordures ménagères, répartis ainsi :
Services de nettoiement :
53 surveillants ; 201 chefs cantonniers ; 3.064 cantonniers du nettoiement ; 284 cantonniers d'empierrement ; 722 ouvrières balayeuses ; 305 charretiers-conducteurs des balayeuses et arroseuses hippomobiles ; 33 machinistes pour la conduite des engins automobiles ; 145 ouvriers municipaux pour le service des ateliers de réparation et de brosserie ;
Service de la collecte des ordures ménagères :
645 chiffonniers ; 573 charretiers d'entreprise ; 180 ouvriers pour le dépôt et les écuries de Romainville.
Le matériel mis à disposition :
Nos 150 brouettes crottineuses et
480 machines balayeuses hippomobiles ; 58 machines balayeuses simples, 6 machines balayeuses-arroseuses, 37 balayeuses simples, 148 tonneaux à bras, 2.051 lances, 9 bottes-bornes en fonte unie pour dépôts à sable, 4.772 balais de cantonniers, 352 balais à parquet, 1.218 balayettes, 2.732 brosses passe-partout, 3.911 brosses de modèles divers.
Le tout pour entretenir 9 millions de m² de chaussées et 7 millions de m² de trottoirs pour 2.900.000 âmes et un nombre indéterminé d'animaux à 4 pattes, qui était, au début du siècle, forcément conséquent, au vu de la population équine utilisée pour les transports d'une part, et d'autre part du passage incessant des animaux en direction des abattoirs ou des divers marchés d'animaux actifs intra-muros...
... sans compter la population canine qui n'est pas de reste, il suffit d'observer bon nombre de cartes pour s'en apercevoir !...
Jean-Marc
pour illustrer notre propos sur la voirie parisienne, deux superbes cartes de Jean-Pierre
PARIS - Balayeuse municipale

publié par Jean-Pierre RIGOUARD Mer 12 Fév 2014 09:14
PARIS - Tonneau d'arrosage

publié par Jean-Pierre RIGOUARD » Mer 12 Fév 2014 09:17
Deux Balayeurs municipaux - Photos d'Eugène Atget 1899 (pour le plaisir des yeux !)

sources :
Bulletin municipal officiel de la Ville de Paris 19/12/1912
Journal des débats politiques et littéraires 20/11/1912
La Lanterne 14/7/1913