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Nous avons vu sur la carte précédente que l’ancienne Chapelle de la Charité située à droite, au n°49 rue des Saints-Pères, est devenue l’Académie de médecine de 1850 à 1901, avant de reprendre sa destination religieuse à partir de 1942, sous le vocable de Saint-Volodymyr-le-Grand.
Au-devant de cette désormais Cathédrale, le petit jardin public dénommé aujourd’hui square Tarass Chevtchenko, a été installé à la place du cimetière de l’ancienne Chapelle Saint-Père de l’abbé de Saint-Germain-des-Prés, reconstruite en 1621 et devenue la Chapelle de la Charité. Un buste en bronze en hommage à ce poète y est installé depuis 1978, en compagnie d’un second en pierre, daté de 1942, dédié à René Laennec.
L’angle faisant face à ce square, aun°44 rue des Saints-Pères / n°188 boulevard Saint-Germain, est occupé par des limonadiers depuis 1879. Successivement, les exploitants ont été les suivants : Sellier de 1879 à 1882 ; Sadon en 1883 ; Cousin de 1884 à 1886 ; Magot de 1887 à 1890 ; Pellet de 1891 à 1896 ; François Jézégou et son épouse Marie-Madeleine Augustine Demachy de 1897 au 1er mai 1903 ; Georges Mondamert et son épouse Henriette Angeline Poncette de mai 1903 à 1906 ; Romieu de 1907 à 1910 ; J. Bourg en 1911-1912 ; Baptiste Firdion (1869-1946) et son épouse Marie Krommenacker à partir de 1913.
Le 20 juin 1923, l’affaire est vendue par G. Toulon, à Jules Alexandre André Rouquet (1899-1965) parisien, né dans le 17e arrt., et à son épouse Odette Berthe Louise Dages (1905-1952). Ceux-ci s’étaient mariés le 17 octobre 1922 dans le 20e arrt., où Rouquet était, à cette date, garçon de café au n°4 avenue du Père Lachaise.
Après le décès de sa femme survenu le 22 septembre 1952 à Sainte-Geneviève en Aveyron, Rouquet charge l’architecte Jean Tschumi (1904-1962), en 1953, de réaménager son établissement.
Toujours à la tête de son affaire en 1960, Rouquet décédera le 4 novembre 1965 à Neuilly-sur-Seine.
Depuis cette date cette brasserie porte toujours l’enseigne « Café Le Rouquet ».
Projet de réaménagement du Café Rouquet en 1953 par l’architecte Jean Tschumi (1904-1962)
TOUT PARIS - 64 - Rue du Temple - Perspective de l'Ancien Marché du Temple (IIIe et IVe arrts.)
Collection F. Fleury
Cette carte prise à hauteur du n°157 rue du Temple a déjà été présentée ► ICIsous un autre angle, et nous avions donné quelques renseignements sur la Manufacture de lunetterie de Jean Aimé Banderier (1840-1902), a qui avait succédé E. Finet, laquelle entreprise y était implantée au premier étage.
Au rez-de-chaussée du même immeuble, on distingue l’ancien Lavatory du Temple qui était installé à cet emplacement de 1896 à 1898 (l’enseigne frontale y figure toujours sur ce cliché), et qui a été remplacé en 1899 par le salon de coiffure de Jean-Philippe Griffe, secondé par son père Jean. Comme l’indique son enseigne, on y fait la barbe pour 15 centimes, la taille pour 25 centimes. Jean-Philippe Griffe (1874-1940), originaire de Marseille, s’est marié le 8 octobre 1901 avec Cécile Marie Affre, en a divorcé le 17 janvier 1910 et s’est remarié le 5 décembre 1911 avec Marcelle Suzanne Flix.
Son père Jean Griffe (1841-1920), également coiffeur, veuf en 1e noces de Marguerite Carolie Limouzy, en 2e noces de Rose Elizabeth Darie (la mère de Jean-Philippe Griffe), s’est remarié le 3 mars 1903 avec Cécile Andrieu.
Après le décès de son père en 1920, Jean-Philippe Griffe cèdera son salon de coiffure en 1921 au sieur Ferrière.
A gauche du salon de coiffure, Charles Hetzel (1854-1914), graveur-ciseleur sur métaux, signale sa présence dans les étages, par la plaque qu’il a apposée sous le porche d’entrée de l’immeuble.
En premier plan, la boutique aux multiples cartes et affiches est affermée depuis 1892 à Clovis Philorome Guillot (1854-1913), imprimeur, lithographe, typographe, fabricant d’étiquettes. En 1910, Guillot transfèrera ses bureaux, magasins et ateliers dans le 19e arrt., au n°160 rue d’Allemagne (future avenue Jean-Jaurès).
Usines et bureaux de Clovis Philorome Guillot au n°160 rue d’Allemagne
En arrière-plan de la carte de la rue du Temple, on aperçoit la façade et le campanile du Marché du Temple.
Construit une première fois avec une structure en bois de 1808 à 1811, il a été remplacé en 1863 par un vaste marché couvert en acier, installé le long du Square du Temple, sa façade étant située sur la rue du Temple.
Il sera partiellement démoli en 1904-1905.
Le Marché du Temple sur la rue éponyme — Le Marché du Temple et le Square du Temple
TOUT PARIS - 295 bis - Rue St-Maur à l'Avenue de la République (XIe arrt.)
L’immeuble présenté sur ce cliché, formant l’angle du n°55 avenue de la République et du n°95 rue Saint-Maur,a été édifié en 1893-1894. Dès son achèvement, le rez-de-chaussée est affermé en tant commerce de vins et tabacs, à Jules Lesou, qui, s’il est débitant, n’est pas un débutant en la matière. Jules Lesou(1843-1926), né au lieu-dit La Charmault, commune de Conflans dans le Loiret, s’est marié le 27 février 1875 avec Marie Eugénie Pirot (1844-1930) ; à cette date, Lesou était jardinier à Puteaux, son épouse était cuisinière, demeurant 43 rue de Laborde dans le 8e arrt.
Quatre ans plus tard, en 1879, les époux Lesou s’installent à leur compte et acquièrent l’affaire de marchand de vins et tabacs du sieur Th. Antoine, située au n°19 avenue des Ternes (anciennement n°23) dans le 17e arrt.
Ils gardent ce fonds de commerce jusqu’en 1886, le revendent et reprennent, l’année suivante, le café-tabacs « A la Marée » de Saturnin Pouillot, situé en plein cœur des Halles, à l’angle du n°3 rue Pirouette et du n°106 rue Rambuteau. ► voir ICI A nouveau les Lesou changent de quartier en 1893, quittent le 1er arrt. pour venir exploiter, pendant deux ans, le café-tabacs du n°94 avenue Parmentier dans le 11e arrt.
… le temps de venir se poser définitivement en 1895, à deux pas, au n°55 avenue de la République, qui prendra pour enseigne « Au Soleil Levant ». ► voir ICI Jules Lesou et son épouse resteront quinze ans dans leur dernière affaire avant de la céder en 1911 à M. Marquet qui y était toujours actif en 1914. Les époux Lesou se retireront à Puteaux, 69 quai National et y décéderont.
Aujourd’hui la brasserie-café-tabac du Soleil Levant est toujours présente à cet emplacement.
A l’angle gauche situé au n°11 place Gambetta / 243 rue des Pyrénées, on distingue un classique marchand de vins tenu, à la date d’oblitération de cette carte, par le sieur Bouzon. Mitoyen à celui-ci, le sieur Arnaud exploite une agence de Pompes funèbres, une entrée du cimetière du Père-Lachaise se situant à deux cent mètres.
En face au n°10 place Gambetta / 206 rue des Pyrénées, une autre limonade (M. Gerfault) est attenante à l’imprimerie-typographie-lithographie qu’Eugène Dejeante (1854-1927) a créée depuis 1887 ; en 1890, Dejeante a en outre ouvert une fabrique de couronnes funéraires, attenante à son imprimerie.
Aujourd’hui, le n°11 place Gambetta est occupé par « Monceau Fleurs » et le n°10 par le « Bistrot du Métro ».
TOUT PARIS - 1036 bis - Square du Grand Palais des Champs-Elysées (VIIIe arrt.) Cette partie du Grand Palais est devenue le Palais de la découverte en 1937.
L’immeuble en pierre de taille de sept étages que nous voyons en premier plan à droite, situé au n°4 avenue des Gobelins, tout près de l’entrée de la rue de Valence, a été édifié par l’architecte Louis-Pierre Marquet (1859-1940), après délivrance du permis de construire déposé le 26 juin 1903 ; cette construction est faite pour le compte d’Ernest-Aimé Lesrel (1856-1924), négociant, originaire de Genêts dans la Manche et de son épouse Cécile Philomène Thérèse Sage (1859-1904). Très prolifique, Marquet, domicilié 55 avenue des Gobelins, a produit plus de cent cinquante immeubles à Paris.
Dès son achèvement en 1906, le rez-de-chaussée de l’immeuble est affermé à Pascal qui y tient un bouillon. L’année suivante la société Marca et Cie reprend le restaurant et le revend le 6 novembre 1909 à Barrus.
Finalement le commerce est transformé, à partir de 1912, en boutique de chaussures, par la société Manfield and Sons qui y installe une de ses succursales ; à cette date, cette compagnie possédait une douzaine de boutiques à Paris. Elle y est toujours active aux Gobelins jusqu’après 1932.
Aujourd’hui, les chaussures ont laissé la place au magasin de vêtements pour enfants à l’enseigne Jacadi.
L’immeuble situé à gauche, au n°9 rue des Couronnes, avec son balcon au 2e étage, est le seul témoin qui subsiste aujourd’hui de cette partie de la rue des Couronnes. A l’origine, cette maison ne comportait qu’un étage ; elle a été surélevée de trois étages par l’architecte Eugène Emile Claveau (1854-1921), après obtention du permis délivré le 22 mars 1895.
Hormis ce bâtiment et son voisin du n°11, toute la rue a été bulldozérisée de fond en comble pour être, par la suite, comblée, vaille que vaille, par des barres de béton à usage d’habitation.
Ont ainsi disparu :
Travée gauche n°7 rue des Couronnes : la boucherie (M. Privé en 1911) ; la boulangerie (M. Demazeau en 1911)…
Travée droite n°14 : le charbons et vins (M. Modenel) ; le beurres et œufs (M. Verbert)
n°18 : la charcuterie (M. Marquis en 1911) ; les articles de ménage et porcelaines (M. Simonin) etc…
TOUT PARIS - 610 bis - La Rue Réaumur prise de la Rue Saint-Martin (IIIe arrt.)
Au premier plan gauche, le «Café-Bar Central », où le bock est à 20 centimes et le café à 10 centimes, forme l’angle du n°245 rue Saint-Martin / n°45 rue Réaumur ; il est la propriété des époux Feige qui l’ont acquis du sieur Levet le 28 octobre 1898. François-Marie Feige, né le 7 mars 1853 à Combloux en Haute-Savoie, s’est marié le 24 août 1891 à Maisons-Laffitte, d’où était originaire son épouse Marie Léontine Guillebaud, cuisinière, née le 20 mars 1864.
Quelques mois avant son mariage, François-Marie Feige avait acquis, auprès du sieur Muffat, le café situé au n°69 rue de la Grange-aux-Belles, au débouché sur la place Combat (future place Colonel Fabien). ► voir ICI, établissement à droite François-Marie Feige est associé dans cette première affaire, avec son frère Félix Nicolas Feige (né le 24 septembre 1856 à Combloux, marié avec Marie-Louise Ramus). Peu scrupuleux, les deux frères n’hésitant pas à mettre de l’eau dans leur vin ou tout autre additif prohibé, sont rattrapés, dès l’année suivante, par la brigade chargée de réprimer ces fraudes : le 28 décembre 1892, François Marie Feige et Félix Nicolas Feige sont condamnés à 50 francs d’amende chacun pour avoir falsifié des bouteilles de vins d’un demi litre à raison de 8 à 12% de déficit.
Les frères Feige cèderont l’affaire de la Grange-aux-Belles en 1901 à M. Bocquet ; de leur côté, François-Marie Feige et son épouse se sont installés dès 1898 rue Réaumur-rue Saint-Martin, commerce qu’ils exploiteront jusqu’en 1909 ; en 1910, M. Schaub en fait l’acquisition, le revendant dès l’année suivante à M. Couly qui y était toujours actif en 1914.
Aujourd’hui cette affaire est devenue un bar-tabacs à l’enseigne « Jean Christophe ».
LeBar de la Gaîté que l’on distingue sur la travée droite de la rue Réaumur, au n°64, a été tenu par la veuve Vignal depuis le décès de son mari Pierre-Auguste Vignal survenu le 30 octobre 1885. Pierre-Auguste Vignal (1836-1885), originaire de Ventelon d’Auzers dans le Cantal, s’était marié le 25 août 1863, dans le 18e arrt., avec Marie Victorine Bénard (née le 13 avril 1842 à Lisieux) ; à cette date, tous deux demeuraient 33 rue des Poissonniers : Vignal était professeur de langue latine, tandis que son épouse était lingère. Témoignait au mariage, Jean Vignal, 38 ans, marchand de vins, passage Sainte-Marie dans le 7e arrt. (future rue Paul-Louis-Courier).
L’année suivante, lors de la naissance de leur fils Auguste le 26 mai 1864, Pierre Auguste Vignal, lâchant l’enseignement, est « négociant » à Saint-Sauflieu dans la Somme. On retrouve ensuite les époux Vignal, devenus liquoristes, tout d’abord au n°7 rue des Poissonniers en 1870, puis, de 1871 à 1881, au n°127 boulevard de Magenta.
Installés en 1882 au 64 rue Réaumur / 247 rue Saint-Martin, Vignal y décède, laissant sa veuve et son fils à la tête de l’affaire à partir de 1885 et ce, jusqu’en 1908.
En 1909, le sieur Thuillier reprend le fonds de commerce et le revend en 1912 à M. Moquet.
Ce cliché est pris à hauteur du croisement avec la rue de l’Arsenal (à gauche) et la rue Jacques Cœur (à droite).
L’immeuble situé en premier plan gauche, aun°7 rue de la Cerisaie / n°17 rue de l’Arsenal, a été construit pour le compte du sieur Lemaire, sur les plans de l’architecte Adolphe Eugène Barré, 15 rue de Saint-Pétersbourg, qui avait déposé un permis de construire le 18 février 1891.
A l’achèvement de la construction en 1894, le rez-de-chaussée au niveau du pan coupé, est affermé à Allié, marchand de vins et de charbons. Celui-ci cède son fonds le 31 octobre 1901 à M. Nègre, dont nous n’avons pu percer l’identité complète. A défaut de celle-ci, nous avons cependant pu trouver une photo des époux Nègre devant leur devanture, à l’enseigne « Au Rendez-vous des Amis ». ► voir ICI
Le 18 mars 1908, Nègre et son épouse vendent leur affaire de vins et charbons à M. Chanson qui, cinq ans après, en 1913, la revend au sieur Fabre qui la tenait toujours en 1922.
Aujourd’hui, le bougnat a laissé place à un pizzaïolo à l’enseigne Pizza e Fichi.
TOUT PARIS - 1109 - Faubourg Saint-Antoine pris de la Rue St-Juin (XIe et XIIe arrts)
Collection F. Fleury
La localisation exacte de cette carte a été extrêmement laborieuse ! Larue Saint-Juinn’ayant existé que dans l’imagination de l’ami Fernand Fleury, nous n’avions, comme seul point de repère, qu’une vue éloignée d’une des colonnes du Trône, place de la Nation. La rue du faubourg Saint-Antoine étant fort longue (323 numéros en 1900), il nous a donc fallu tâtonner parmi les centaines de vues de cette voie avant de finalement trouver notre bonheur.
Nous sommes donc à l’angle formé par le n°225 rue faubourg Saint-Antoine et le n°2 rue Saint Jules. (le n°1 rue Saint Jules / 223bis faubourg Saint-Antoine formant l’angle opposé). Cette rue du XIe arrt., qui ne compte qu’une maison, relie le faubourg-Saint-Antoine et la rue de Montreuil : avec ses dix mètres de longueur et sa largeur de 11 mètres 40, c’est, à coup sûr, l’une des voies parisiennes des plus courtes.
Plan rue faubourg Saint-Antoine et rue Saint Jules 1900
Comme on peut le voir sur le plan ci-dessus, la toute nouvelle rue Faidherbe qui vient d’être percée puis ouverte au public en 1899, rejoignant la rue de Montreuil, est obstruée par les quatre maisons visibles sur ce cliché, situées aux n°225, 227-229, 231 et 235 rue du faubourg Saint-Antoine. La municipalité décide donc, le 20 décembre 1902, la suppression de cet îlot et vote un crédit de 1.420.000 francs pour l’achèvement de la rue Faidherbe à sa jonction avec le faubourg.
Plusieurs délibérations suivent, confirmant le projet, notamment les 26 mars 1904 et 15 avril 1905, entérinées par une décision du conseil général du 21 décembre 1904.
Le 30 mai 1906, le juge des expropriations publie le tableau des offres faites aux propriétaires et locataires : Immeuble 2 rue Saint-Jules / 225 rue du faubourg Saint-Antoine Propriétaire : Compagnie du Gaz. — Offre, 1 franc.
Locataires :
Epoux Dapuy, tailleurs-teinturiers. — Offre, 5.000 francs.
Senez, journaux, papeterie, mercerie. — Offre, 3.500 francs.
Bondrenghien, marchand de vins. — Offre, 8.000 francs.
Immeuble 227 rue du faubourg Saint-Antoine Propriétaire : Peyrard (Edouard-Léon). — Offre, 87.000 francs.
Locataires :
veuve Simonneau, tonnelier. — Offre, 8.000 fr.
Pouillot, tripier. — Offre, 4.500 francs.
Massabuau, marchand de vins et de bière. — Offre, 6.000 francs.
Peyrard, occupation bourgeoise. — Offre, 2.000 francs.
Immeuble 229-231 rue du faubourg Saint-Antoine Propriétaires :
Louis et Emile Coville. — Offre, 234.000 francs.
Locataires :
Roncin, épicier. — Offre, 12.000 francs.
Boutillier, marchand de couleurs. — Offre, 20.000 francs.
Demoiselle Menker. — Offre, 1.500 francs.
Renaudot, mercerie. — Offre, 3.500 francs.
Immeuble 235 rue du faubourg Saint-Antoine (immeuble de trois étages sur le cliché) Propriétaires :
dame Béranger (Louise-Cécile), épouse du comte de Liedekerke de Beaufort. — Offre, 83.000 francs.
Locataires :
A. Guingand, quincaillier et découpeur. — Offre, 53.000 francs.
Souquet, crémier. — Offre, 15.000 francs.
Frédéric Valder, marchand de meubles d'occasion. — Offre, 3.000 francs.
Rue du faubourg Saint-Antoine à hauteur de la rue Saint-Jules
Le 27 juillet 1907, les travaux de démolition de ces immeubles sont donnés en adjudication sur une mise à prix fixée à 8.500 francs. S’ensuit ladite démolition qui est effective l’année suivante.
Curieusement, un immeuble survit au sein de cet ilot démoli : il s’agit du n°1 rue Saint-Jules / 223 bis rue du faubourg Saint-Antoine qui est occupé en 1908 par : Aumasson, modes et couronnes. — Croisé, boucher à l’enseigne « Boucherie des deux siècles maison fondée en 1702 ». — Doreille, étameur. — Escarpit, cuirs et crépins. — Gaudichard, chapelier. — Orain, vins à l’enseigne « Chez mon Oncle ». — veuve Victor-Nicolas, coiffeur. En outre, un Poste de Police est adossé à cette maison préservée de la démolition.
La Vieille Maison des deux siècles, 223 bis rue du faubourg Saint-Antoine / 1 rue Saint-Jules
publié par Michel mar. 8 oct. 2013 11:59
► voir ICI la même maison prise de la rue de Montreuil à l’angle du n°1 rue Saint-Jules.
La raison de la préservation de cette maison circonscrite par les rues de Montreuil, faubourg Saint-Antoine et ci-devant Saint-Jules se trouve justifiée par son caractère plus ou moins historique. A cet emplacement, les religieuses de l’abbaye Saint-Antoine-des Champs (transformée aujourd’hui en Hôpital Saint-Antoine), y avaient fait construire des halles comprenant huit estaux de boucherie avec pouvoir de les bailler à loyer, sur autorisation accordée le 2 mars 1642 par lettres patentes de Louis XIII. Par de nouvelles lettres patentes de janvier 1673, elles y feront installer deux autres étals.
Une fontaine attenante y sera bâtie, puis un Corps de garde, attesté dès avant 1763, nécessaire au bon ordre du marché alimentaire dit de la Petite-Halle-Montreuil.
Au moment de la révolution, la boucherie est affermée à Pierre-Mathurin Le Prompt qui dispose d’un bail de trois-six-neuf années commençant le 3 août 1792. Celui-ci en achète les murs le 4 floréal de l’an VI (23 avril 1798), auprès de Pierre Thomas, agriculteur de Livry-sur-Seine qui les avait acquis par l’intermédiaire du citoyen Amable Phalipau, maître maçon, le 16 vendémiaire de l’an IV (8 octobre 1795), au prix de 210.300 livres, somme remise au service du Domaine national, détenteur de l’immeuble, celui-ci ayant été confisqué à l’instar de toutes les possessions religieuses. Pierre Mathurin Leprompt (1758-1837), originaire de Barneville-sur-Seine dans l’Eure s’était marié avec Marie Anne Baudrat en 1786 et tenait déjà ses étaux de boucherie de la Petite-Halle-Montreuil, faubourg Saint-Antoine ; leurs six enfants y naîtront de 1789 à 1807. Leprompt était un membre éminent du bureau du Commerce de la boucherie de Paris, assistant, avec quatre de ses confrères, le 2 décembre 1808, à la pose de la première pierre de l’échaudoir de la barrière de Rochechouart.
Peu avant 1813, Leprompt fait édifier la maison désormais du n°233 rue du faubourg-Saint-Antoine (renumérotée n°235 en 1827, n°223 en 1858 et enfin n°223bis en 1862), à la place de ses anciens étaux, une partie étant affectée à sa boucherie, l’autre partie étant louée à divers commerces, notamment un chapelier et un fabricant de bottes et sabots.
Le 10 mars 1832, Mathurin Thomas Napoléon Leprompt (1802-1878), reprend la boutique de son père et y poursuit l’activité jusqu’en 1848, date à laquelle il conserve le bâtiment et l’afferme à ses divers occupants (en 1850, la boucherie est louée à Jacqueau).
Le fils de Thomas Napoléon, Jean Léon Leprompt (1832-1913), marié le 16 septembre 1856 avec Marie Antoinette Leroy (1837-1925), va également tenir une boucherie, de 1856 à 1863, au n°37 rue de l’Arcade (la boucherie du Roule), et continuera, après le décès de son père, à encaisser les loyers de la maison du 223 bis rue du faubourg-Saint-Antoine / 1 rue Saint-Jules. En 1862, le bâtiment compte un boucher, un marchand de vins, un coiffeur, un teinturier-dégraisseur, un coutelier et un marchand de chaussures.
De son côté le Corps de Garde est devenu un Poste de Police.
Rue de Montreuil et rue du faubourg Saint-Antoine : Poste de Police, Fontaine et Maison des deux siècles
Totalement isolée au milieu du terre-plein des rues de Montreuil et faubourg Saint-Antoine, cette maison qui se délabre de jour en jour est promise à la démolition. Le 30 mars 1927, un mémoire est adressé à la Préfecture de la Seine, proposant d’acquérir à l’amiable, des héritiers Leprompt (Marie-Adèle, Pierre-Louis, Pauline Joséphine et Emélie Lucie Leprompt, les enfants de Jean-Léon) l’immeuble du 223 bis rue du faubourg-Saint-Antoine / 1 rue Saint-Jules, au prix forfaitaire de 220.000 francs. Cette acquisition ayant été autorisée par le Préfet, le Conseil municipal délibère les 13 avril et 1er juin 1927, fixant la date de prise de possession au 1er octobre 1927, sachant que huit commerçants-locataires occupent encore les lieux : Beuzon, pompes funèbres — Bouté-Daureille, étameur — Charlier, vins, restaurant — Davin, boucherie chevaline — Escarpit frères, cuirs et crépins — Mina Blacher veuve Goldowsky, nouveautés — Monier, coiffeur — Vasta, instruments de musique en bois.
Dix ans plus tard, la maison est toujours debout, cachée derrière des palissades, et encore occupée par plusieurs locataires récalcitrants. Le 8 juin 1937, Vital Gayman (1897-1985), conseiller municipal du 11e arrt., se saisit de l’affaire et adresse une requête auprès de la municipalité : — M. Gayman, conseiller municipal, rappelle à M. le Préfet de la Seine l'existence, dans son quartier, de l'îlot insalubre situé 223 bis, rue du Faubourg-Saint-Antoine, face à l'hôpital, c'est-à-dire le carrefour Faidherbe-Chaligny.
Or, ce carrefour qui, depuis des mois, est inhabité, attend instamment la pioche du démolisseur afin d'y faire place à l'aménagement d'un square, donnant ainsi satisfaction aux habitants des rues du Faubourg-Saint-Antoine, de Montreuil, Faidherbe et riverains.
C'est pourquoi le conseiller municipal du quartier Sainte-Marguerite demande à M le Préfet de la Seine, puisqu'aussi bien dans quelques semaines ouvrira l'Exposition du meuble du Faubourg, ce qui ne manquera pas d'attirer dans ce quartier de nombreux visiteurs étrangers.
En conséquence, dans l'intérêt des commerçants et industriels et de toute la population laborieuse de ce quartier, il serait souhaitable que cette opération d'espace libre, qui est et reste dans les prévisions de l'Administration pour l'année 1937, devienne une réalisation, qui est de toute urgence. Vital Gayman n’obtenant pas de réponse à sa requête, en adresse une seconde le 9 juillet 1937 : — Un commissariat de police branlant, une vieille masure aux trois-quarts abandonnée, devenue un panneau d'affichage peu esthétique, et plus, dangereuse pour les habitants du voisinage, puisque lieu où les rats se multiplient et commencent à infester le quartier, voilà ce que la Ville de Paris offre comme beauté en plein milieu de la rue du Faubourg-Saint-Antoine.
Cette masure délabrée est située rue Saint-Jules, entre les entrées du Métropolitain Faidherbe-Chaligny.
L'Administration est d'accord pour faire place neuve et y créer un plateau planté d'arbres, sans trop de frais.
M. Gayman, conseiller municipal, demande à M, le Préfet de la Seine à quel moment il peut donner l'assurance que cette œuvre d'assainissement sera réalisée. … et obtient la réponse suivante de l’administration : — Il ne reste actuellement dans l'immeuble communal sis 223bis, rue du Faubourg-Saint-Antoine, que quatre locataires dont les baux, ainsi que les délais qui leur ont été impartis conformément à la loi du 13 juillet 1933, sont maintenant expirés.
Le service du Domaine fait le nécessaire en vue d'obtenir l'expulsion de ces locataires dans le plus bref délai.
Un an passe, et Vital Gayman, déplorant l’inaction des élus, remet le couvert le 6 mai 1938 : — La démolition des petites maisons situées sur le plateau du carrefour Faidherbe-Chaligny a été décidée il y a bien longtemps mais, jusqu'ici, les habitants du quartier Sainte-Marguerite et leur représentant au Conseil municipal n'ont pu que déplorer les lenteurs de l'Administration pour réaliser l'opération d'assainissement indispensable.
Aujourd'hui, les obstacles juridiques qui s'opposaient à cette opération sont tombés.
M. Gayman, conseiller municipal, demande à M. le Préfet de la Seine quand il peut espérer voir mettre à bas ce refuge de rats et de vermine qui constitue un danger pour le quartier. Le 16 juin 1938, il lui est répondu : — Certains des occupants de l'immeuble 223 bis rue du Faubourg-Saint-Antoine (plateau du carrefour Faidherbe - Chaligny) s’étant maintenus dans les lieux nonobstant l’offre que l'Administration leur a faite de leur payer les indemnités d'éviction légales, les procédures d'expulsion convenables ont dû être engagées contre eux. Ces procédures sont sur le point d'être achevées.
A cette date seuls deux locataires occupent encore les lieux : la marchande de Nouveautés Mina Blacher (1878-1963), veuve de Pinau-Elie Goldowsky (1870-1923) et le sieur Cudelman qui, le 5 janvier 1934, a fait l’acquisition de la Chapellerie que tenait Simon Goldowsky (1898-1974), le fils de Mina Blacher.
Le 15 juillet 1938, le Conseil municipal accepte d’indemniser la veuve Goldowsky à hauteur de deux années de loyer soit 6.000 francs, et le sieur Cudelman pour 5.150 francs. Au vu de cette décision, le conseiller Vital Gayman fera remarquer, à la même date : — J’exprimer ma très vive surprise de constater que l'Administration ait déposé un mémoire concernant l'indemnité d'éviction de deux seulement des locataires commerçants évincés de l'immeuble 223 bis, rue du Faubourg Saint-Antoine. Or, il y en a quatre. Pourquoi ceux-ci et pas ceux-là ? Je demande à l'Administration de régler rapidement la situation des deux autres commerçants locataires. Aucune réponse ne sera donnée à Vital Gayman, mais l’immeuble du 223 bis rue faubourg Saint-Antoine et le Poste de Police y attenant seront rasés dans les mois suivants, laissant place à un terre-plein qui sera baptisé place Mireille Havet en 2006.
Rue Saint-Jules et rue du faubourg Saint-Antoine — Rue de Montreuil
TOUT-PARIS - 1310 - 104. - Rue des Cinq Diamants (XIIIe arrt.)
(dénomination tirée d'une enseigne)
Ce jour-là, tout le monde est sorti sur le pas de sa porte pour la prise de vue de Fernand Fleury : la « veuve » Garat, bouchère de son état, les époux Landrin et leur équipe de commis charcutiers ; sur le trottoir de droite, la veuve Chollet, épicière et derrière elle, Mme Aubrun devant sa fruiterie. Seul M. L’Ecrivain, plongé dans ses journaux et ses fournitures de papeterie, ne s’est pas déplacé pour l’occasion, tout comme M. Bichet, pharmacien de 1e classe, trop occupé à préparer ses onguents et élixirs miracles.
C’est en 1892 que L’Ecrivain a ouvert cette papeterie-journaux, visible au premier plan de ce cliché, aun°54 rue des Cinq-Diamants. En 1911, il a cédé son fonds de commerce à Blondiaux, lequel l’a revendu dès 1913 à Chansac…
La boucherie qui lui est contiguë a été achetée en 1901, auprès du sieur Perrin, par Louis André Léon Garat (1860-1904) qui était auparavant garçon boucher dans le 11e arrt. Garat décède célibataire, le 24 juillet 1904, et laisse l’affaire à sa « veuve », en fait sa concubine, qui la cèdera en 1912 à Bougerol.
La charcuterie du n°52, mitoyenne à la boucherie, propriété de Gaston Jumeaux jusqu’en 1891, a été rachetée en 1892 par Ernest Ferdinand Landrin et son épouse Camille Olympiade Desprez, tous deux né en 1867, lesquels tenaient encore l’affaire en 1914.
La pharmacie attenante aux charcutiers a été acquise le 18 décembre 1897 de Lucien Roidot, par Victor Charles Joseph Bichet (1867-1932), originaire de Besançon qui, le 24 janvier 1899, a épousé Marie Louise Spérat (1876-1953) ; celle-ci était la sœur de Léon Spérat, pharmacien au n°31 rue Boissy d’Anglas.
Bichet tiendra son officine durant 28 ans avant de la revendre, le 2 mai 1925, au sieur Angilbert.
La travée en face, au n°53 rue des Cinq-Diamants est occupée par une épicerie que tient Noémie Leclercq, veuve de Jules Alexandre Chollet qui y était décédé le 16 mars 1906, à l’âge de 56 ans.
Le n°53 qui lui fait suite est affermé à Mme Aubrun, fruitière.
Aujourd’hui, la pharmacie est toujours en place, une pizzeria a remplacé la boucherie et la charcuterie a disparu. L’épicerie a cédé la place à une laverie et la fruiterie est devenue un restaurant thaïlandais.
L’édification de la gare Orléans-Ceinture commencée en 1866, est achevée lors de l’inauguration de la ligne de ceinture du 25 février 1867, laquelle n’est totalement bouclée que le jeudi 25 mars 1869, avec la jonction réalisée entre les stations Courcelles-Ceinture et Avenue de Clichy.
La station Orléans-Ceinture tient son nom de ce qu’elle dessert également des trains de la ligne de chemin de fer d’Orléans, en provenance de la gare d’Orléans, la future gare d’Austerlitz ; sa façade de deux étages se situe sur la rue Regnault tandis que sa façade arrière donne sur le boulevard Masséna (boulevard Jean Simon).
Elle est placée, près du Pont National, entre la station La Rapée-Bercy et Maison-Blanche.
Après l’arrêt définitif du trafic de la petite ceinture le 22 juillet 1934, la gare d’Orléans ceinture poursuit son activité ferroviaire en liaison avec les communes de banlieue, devenant en 1970 la Gare Masséna, avant de fermer définitivement ses portes en 2000.
Aujourd’hui située au fond d’une impasse et inoccupée, cette gare ne tardera pas à rejoindre les innombrables squats parisiens déjà en place, si rien n’est fait !...
TOUT PARIS - 620 - L'Avenue Parmentier au Carrefour de l'Avenue de la République et de la Rue Oberkampf (XIe arrt.)
Ce cliché est pris à hauteur du n°81 avenue Parmentier où débouche, à gauche, la rue Oberkampf ; la seconde voie située à gauche est l’avenue de la République.
Le fonds de commerce de pâtisserie-boulangerie est affermé à Girard en 1899-1900, Guitton de 1901 à 1905, Walder de 1906 à 1910, Lannerey du 26 octobre 1910 jusqu’après 1914…
Le Cabinet dentaire, signalé par son enseigne installée au second étage, est tenu à partir de 1893 par le chirurgien-dentiste Léonidas-Spiridion Zula, né en 1872, associé tout d’abord avec Bruel, puis, à compter de 1904, par Paul-Emmanuel Zula, né en 1881 à Sydenham (Grande-Bretagne).
Aujourd’hui la pâtisserie a cédé la place à un fast food à l’enseigne Le Camion qui fume.
TOUT PARIS - 1265 - La Rue Oberkampf aux Avenues Parmentier et de la République (XIe arrt.)
Collection F. Fleury
Nous avons vu sur la Cpa précédente la boulangerie qui fait l’angle du n°81 avenue Parmentier avec le n°66 rue Oberkampf. Le présent cliché montre le même angle, pris de la rue Oberkampf, la Pâtisserie et le chirurgien-dentiste Zula étant situés à notre droite.
Un concurrent dentiste sérieux s’est précisément installé en face de Zula au deuxième étage du n°88 avenue Parmentier : il s’agit de Désiré-Adolphe Saumur, diplômé depuis 1884.
Le rez-de-chaussée du même immeuble est occupé, depuis 1896 par le vaste étalage de l’épicier Jeannot qui donne également sur le n°50 avenue de la République. En 1904, le sieur Masson succède à Jeannot et cède l’affaire à Martres en 1914.
L’épicerie est aujourd’hui devenue une succursale d’un opticien qui n’a pas besoin qu’on fasse de la réclame pour lui.
Nous sommes dans la rue consacrée au travail du bois. Sur dix-sept numéros que compte la rue des Immeubles industriels, on dénombre, en 1909, 26 ébénistes, 20 tourneurs sur bois, 8 fabricants de meubles, 5 fabricants de moulures, 3 sculpteurs sur bois, 3 scieurs découpeurs, 1 menuisier, 1 plaqueur et 1 biseauteur.
Les exploitants de l’affaire de marchand de vins et liqueurs, installés à l’entrée de cette voie, à l’angle du n°307 rue du faubourg Saint-Antoine et du n°1 rue des Immeubles industriels, y ont plutôt une existence éphémère en dépit de leur store indiquant qu’ils proposent des « Liqueurs de Marques » : Gaillier en 1900-1904, Fleurier en 1905-1908, Fivel en 1909-1911, Dardy en 1912-1914…
Aujourd’hui, tous les ébénistes et tourneurs sur bois ont disparu. Seule la brasserie est restée active et a pris le nom « Extra Old Café » pour enseigne.
Cette carte est prise à hauteur du n°54 boulevard de Clichy.
A la date de l’oblitération (1907), l’affaire de marchand de vins située en premier plan est tenue par le sieur Bouvier. Au rez-de-chaussée de l’immeuble mitoyen, au n°56, l’épicerie à droite est affermée à Ancelin, tandis que le magasin de cycles-vélocipèdes est loué à A. Bastide.
Au n°58-60, on aperçoit les deux grands porches fermés par un double portail en fer forgé donnant accès à la Villa des Platanes, passage privé où sont notamment installés, depuis 1896, des ateliers d’artistes.
Enfin, la partie gauche du n°62, au niveau de la cariole arrêtée portant l’inscription « ALCOOL », abrite le fameux Cabaret des Quat'z'arts.
TOUT PARIS - 812 - Crue de la Seine, Quai du Louvre (Ier arrt.)
Collection F. Fleury
Point n’est besoin de décrire le magasin de la Samaritaine ni encore moins le Pont-neuf, visibles sur ce cliché, lesquels sont déjà amplement commentés sur les médias. Nous nous intéresserons plutôt à cette pancarte PARIS-TAILLEUR installée le long de la passerelle menant au ponton d'embarquement des bateaux-omnibus, amarré au quai du Louvre où les passagers sont invités à « DESCENDRE ICI ».
Cette réclame judicieusement placée est destinée à faire connaître la société Leys et Cie, qui exerce l’activité de confectionneur-tailleur de vêtements pour hommes et dames et qui est installée depuis la fin l’année 1900 à l'angle de la rue Saint-Honoré et du n°3 rue du Louvre.
Quai du Louvre
publié par zelig lun. 4 avr. 2022 11:51 ► ICI
Eusèbe Irénée Jean Leys (1852-1926), tailleur dunkerquois, s’est marié à Paris le 10 avril 1884 avec Victorine Eléonore Chevallier (1860-1901). Les débuts d’Eusèbe Leys à Paris sont chaotiques : le 4 février 1888, il fonde la société en nom collectif E. Leys et Cie, tailleur pour dames et messieurs au n°1 rue Auber. Le 12 mars 1889, cette société est dissoute pour être immédiatement reformée, sous le nom d’E. Leys et Cie Paris-Londres, au n°82 rue de Cléry, avec un capital de 450.000 francs ; cette nouvelle société exploite à présent quatre fonds de commerce de tailleurs pour hommes et dames, situés 15 boulevard Saint-Denis, 1 rue Auber, 20 boulevard Saint-Michel et 82 rue de Cléry ; y sont associés Eusèbe Leys, Eugène-Napoléon Roussel et Henri-Ange Nicord.
Sept mois après, le 16 octobre 1889, la société E. Leys et Cie est placée en liquidation judiciaire, laquelle est suivie le 20 janvier 1890 par une homologation de concordat prévoyant le règlement des créances des faillis à hauteur de 60% payables sur cinq ans.
Ne s’avouant pas vaincu, Eusèbe Leys, sous couvert de son épouse Victorine Chevallier-Leys, crée le 12 août 1892, la société V. Leys et Cie tailleurs pour dames et hommes au n°123 boulevard Saint-Germain (aujourd’hui « Father and Sons »), son épouse étant associée à cet effet avec Antoine Tacheix. L’affaire est liquidée dès le 30 janvier 1893.
Ayant plus d’une corde à son arc, Eusèbe Leys conserve cependant son activité de tailleur, depuis avril 1891, sous la raison sociale « London-Fashion », aux n°123 et 156 boulevard Saint-Germain et n°17 rue de Strasbourg et diffuse à cet effet, de nombreuses réclames dans les journaux parisiens.
London-Fashion, réclames 1897 et 1899
Le 31 janvier 1899 Victorine Chevallier-Leys est chargée de constituer et gérer la Société Française des Tailleurs Parisiens au capital de 1 million de francs qui regroupe 11 maisons de tailleurs : les magasins London-Fashion (123 et 125 boulevard Saint-Germain), les magasins Paris-Londres (1 boulevard Bonne Nouvelle et 54 rue du Four) et les magasins dits des 15-20 (156 boulevard Saint-Germain, 17 rue de Strasbourg, 6 boulevard Voltaire, 31 boulevard Henri IV, 19 avenue de Clichy, 34 boulevard de Rochechouart, 9 rue de la Gaîté et 12 avenue des Gobelins). Le siège social est fixé au 13 rue de la Cerisaie et trois administrateurs sont nommés : Martial Baile, Léon Mousset négociant à Roubaix et Edouard Dallongville à Nogent.
L'activité d'Eusèbe Leys ne s'arrête pas là, puisque dès la fin de l’année 1900, il ouvre une boutique de tailleur, à l'angle de la rue Saint- Honoré et du n°3 rue du Louvre et inscrit sur la devanture de sa boutique, à titre d'enseigne, la désignation de Louvre-Tailleur, avec ces mots : « Ouverture en février ».
Aussitôt, la Société du Louvre, qui commercialise ses articles de confection sous les marques « Au Louvre » et « Grands Magasins du Louvre », intente un procès à Eusèbe Leys afin qu’il supprime cette désignation. Celui-ci s’exécute et remplace son enseigne désormais dénommée « Paris-Louvre, maison de tailleur ».
La Société du Louvre n’étant toujours pas satisfaite de cette nouvelle appellation, poursuit Eusèbe Leys et sa société E. Leys et Cie qu’il a réactivée, devant le tribunal civil de la Seine ; celui-ci décide, le 27 mars 1901, qu’en raison de cette usurpation de marque, Leys doit supprimer la mention « Louvre » partout où il l’a employée, mais maintient qu’il n’y a pas lieu de faire défense à Leys d’en faire usage dans l’avenir, le tribunal ne pouvant statuer sur des contestations qui ne sont pas nées.Il est en outre ordonné l’insertion du jugement dans deux journaux, aux frais de Leys, au prix maximum de 150 francs par insertion.
Finalement Eusèbe Leys adopte définitivement le nom de Paris-Tailleur pour désigner son enseigne et commence à inonder les journaux de ses réclames et éditer plusieurs cartes postales publicitaires illustrées.
Réclame et affiche Paris-Tailleur
Eusèbe Leys, veuf de Victorine Chevallier depuis le 28 septembre 1901, se remarie, en secondes noces, le 29 mars 1902 à Paris avec Marie Gautron (1856-1929), elle-même veuve de Louis Napoléon Alfred Dejouy.
Le 8 novembre 1905, Eusèbe Leys s’associe avec un commanditaire, Victor-Octave dit Emile Mayer (1859-1926), rentier demeurant 32 rue Lacépède dans le 5e arrt. et fonde avec lui la société en nom collectif Leys et Mayer, pour une durée de dix ans, ayant pour objet l’acquisition et l’exploitation du fonds de commerce Paris-Tailleur du 3 rue du Louvre ; l’apport de Leys est évalué à mille francs pour l’enregistrement tandis que, de son côté, Mayer fait un apport de 100.000 francs dans la société créée. Le 1er décembre 1905 la société E. Leys et Cie cède son droit au bail du 3 rue du Louvre et l’ensemble de son matériel à la société Leys et Mayer.
La dissolution de l’ancienne société E. Leys et Cie est prononcée le 20 novembre 1905 et la nouvelle société Leys et Mayer, dont le siège avait initialement été fixé 32 rue Lacépède, est transférée le 7 février 1906 au n°3 rue du Louvre.
Le 10 juillet 1913, la société Leys et Mayer acquiert un second fonds de commerce de tailleur situé au n°96 rue Lafayette qui appartenait à Albert Laffont.
La société Leys et Mayer ayant été constituée pour dix ans se terminant le 30 novembre 1915, se trouve radiée à cette date. Aussi, dès le 1er décembre 1915, Eusèbe-Irénée-Jean Leys crée une nouvelle société en commandite simple, appelée E. Leys et Cie, associé avec un nouvel associé non dénommé, ayant toujours comme objet l’exploitation du fonds de commerce Paris-Tailleur 3 rue du Louvre et de ses succursales située au n°140 boulevard Saint-Germain, n°96 rue Lafayette et n°117 boulevard de la Liberté à Lille. L’apport d’Eusèbe Leys, constitué de ces fonds de commerce, est évalué à 71.000 francs pour la création de cette société, le commanditaire versant pout sa part une somme de 20.000 francs.
Le 20 mars 1920, la société E. Leys et Cie se défait du fonds du 96 rue Lafayette, le revendant à Charles Feyrabend.
Le lendemain du décès d’Eusèbe-Irénée Leys survenu le 20 avril 1926, le journal l’Intransigeant lui rend un hommage : — Pendant que se déroule aujourd’hui, aux Halles, le fameux banquet offert aux hôteliers américains, on conduit à sa dernière demeure un homme qui fut, précisément dans le 1er arrondissement, l’animateur de toutes les fêtes, M. Eusèbe Leys. C’est à lui qu’on devait ces charmantes idées de la Fête du Muguet, de la fête enfantine des Tuileries. C’était un des plus anciens et des plus actifs organisateurs de ces plaisirs qui trouvent chez les Parisiens tant d’amateurs. A la suite de ce décès, la société E. Leys et Cie change de nom le 26 avril 1926 et devient P. Leys, Saint et Cie. Pierre Leys (1897-1981), le fils d’Eusèbe, et M. Saint sont nommés gérant de ladite société.
La boutique Paris-Tailleur du 3 rue du Louvre, disparue aujourd’hui, était encore active en 1935…
La passerelle Paris-Tailleur menant au ponton d'embarquement des bateaux-omnibus
Avant Fernand Fleury, cette vue a inspiré, en 1900, le peintre Julien Hippolyte Féron (1864-1944). Le Pont-Neuf vu du quai du Louvre (huile sur bois 1900) Musée Carnavalet