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TOUT PARIS - 1573 bis - Rue Réaumur - L'Aéronef " Malécot " passant au-dessus du IIIe arrt.
Nous sommes au débouché de la rue Réaumur sur le square et la rue du Temple, le quartier de prédilection de la bijouterie. Ainsi, en 1900, les immeubles visibles sur ce cliché, situés du 1 au 9 rue Réaumur, abritent dans leurs étages et rez-de chaussée, quatre bijoutiers, trois lapidaires, deux horlogers, deux orfèvres, deux doreurs sur métaux et un graveur sur métaux.
On distingue à gauche, dans le bâtiment de trois étages au n°4 rue Réaumur, le salon de coiffure où Gaston Vigier-Lafosse s’est installé depuis 1892 à la place du fromager, M. Bonnet ; auparavant, de 1882 à 1891, Vigier-Lafosse tenait un salon au 146 rue du Temple ; en 1911, il cède sa boutique du 4 rue Réaumur à M. Roy.
Dans le même immeuble, côté droit, le sieur Imbert tient une épicerie-chocolaterie depuis son acquisition de 1892 auprès du sieur Luce.
Aun°6 rue Réaumur, le chemisier-bonnetier Marcel Charles René Maussion (1858-1922) déclare faillite le 7 décembre 1900 mais réussit à homologuer un concordat le 11 février 1901 et à y poursuivre son activité jusqu’en 1907. Auparavant il exerçait son activité depuis 1886 au 165 rue du Temple.
L’enseigne Peinture-Vitrerie, apposée au n°8 rue Réaumur indique la présence de l’entreprise de Fioravanti Vanella, installé à cet emplacement depuis 1892.
Sur la travée de droite, en premier plan, au n° 9 rue Réaumur, le sieur Vadez qui exploite une boucherie proposant de la viande de 1er choix depuis 1908, va la revendre le 11 décembre 1912 à M. Kubler.
Au rez-de-chaussée du n°7 rue Réaumur, le Bazar de Réaumur de Jouve et Desbrosses se présente depuis 1890 comme un spécialiste de bijouterie à bon marché et propose des jouets d’enfants, de la parfumerie fine, des ustensiles de ménage, des produits en fer battu, des verreries et des cristaux, etc… Le 1er août 1903, Jouve cède la boutique à Julliard qui la transforme en librairie, papeterie et journaux, laquelle est revendue, le 19 octobre 1907, à un certain Silvain, libraire et imprimeur-typographe.
Installé depuis 1908 au second étage du même immeuble, Ch. Barrier signale sa présence par un panonceau qui ne peut passer inaperçu indiquant qu’il y fabrique et négocie « Orfèvrerie, Couverts et Coutellerie en argent »
Ce cliché de la petite rue du Perche est pris de la rue Vieille-du-Temple.
Au n°2, le marchand de vins-tabacs est tenu par M. Bogey qui l’a acquis de M. Boriès depuis 1904.
Au rez-de-chaussée de l’immeuble mitoyen, au n°4 et 6, comme l’indique l’enseigne, on exerce l’activité de fondeur d’or et d’argent, ainsi que celle de laveur de cendres (1). Les sieurs Lagache et Lenoir ont acquis ce fonds, le 1er août 1891, de M. Godefroy. Jean Lenoir, né en 1848, était précédemment, dès avant 1891, fondeur au 8 rue de la Perle dans le 3e arrt., épaulé par son comptable, Emile Druon Lagache (1863-1904). Ce dernier, né à Courcelles-lès-Lens, déjà comptable à Douai en 1888, s’est marié à cette date avec Marie Pauline Marinier née en 1871 ; lors de la naissance de leur fille Ernestine, en février 1891, Jean Lenoir est témoin sur les actes d’état-civil.
Au décès de Lagache, le 30 juin 1904, Jean Lenoir garde seul l’entreprise avant de la céder le 1er mai 1909 à Jean-Emile Lagaye (1866-1914), originaire de Saint-Yrieix dans la Creuse, lequel était auparavant fondeur au 12 rue Saint-Anastase (3e arrt.), marié en 1896 avec Joséphine Adélaïde Micon.
Lagaye décédé le 2 janvier 1914, ce n’est que le 11 décembre 1919 que sa succession est acquise par le sieur Joanny Jules Desbats, lyonnais né en 1883, qui va essuyer quelques ennuis un an après : en novembre 1920, Desbasts et trois de ses employés Adrien Garreau, René Lagaye (le fils de Jean-Emile né en 1896) et Francisque Bessège sont poursuivis et incarcérés pour trafics de monnaies, faisant les gorges chaudes de toutes les bonnes ou mauvaises feuilles parisiennes. Ils sont finalement mis hors de cause en janvier 1921, ayant pu prouver que les lingots qui avaient été trouvés chez eux provenaient de la fonte « légale » de vieux bijoux et monnaies étrangères.
Desbats, « grillé » lors de cette affaire plus que louche, s’empresse de céder son fonds le 24 novembre 1921 à M. Weil (Comptoir des cendres et métaux précieux).
En 1910, la rue du Perche qui ne compte que seize numéros, comprend deux bijouteries, deux fonderies d’or et d’argent, un découpeur de métaux, trois fabricants de bronzes d’art, une orfèvrerie, un fabricant de pots d’étain, un graveur sur métaux, un ciseleur, un apprêteur en bijouterie, une sertisseuse, un reperceur et un joaillier-sertisseur.
(1) Les laveurs de cendres utilisent un procédé qui permet, au moyen de plusieurs lavages, de récupérer les parties métalliques d’or et d’argent parmi les matières qui leur sont étrangères.
Nous avons pu observer, sur la carte précédente, le côté droit de la rue du Perche et ses commerçants du rez-de-chaussée sortis sur le pas de leurs portes à l’occasion de la prise de vue de ce cliché. Le photographe a renouvelé son opération, en déplaçant légèrement son trépied, nous offrant ainsi en détail la partie gauche de cette voie.
En premier plan, au n°3, le restaurant marchand de vins est tenu depuis fin 1897 par Jean-Marie Chamoux (né en 1867 à Saint-Laurent en Haute-Savoie) et son épouse Léonie Olympe Chamoux (même patronyme que son mari), mariés le 11 janvier 1896 à Paris 6e. Avant son mariage et son installation rue du Perche, Chamoux était emballeur aux Halles ; lors de la naissance de leur fils Emile-Jean-Philippe le 2 juin 1897 à Paris 6e, ce sont les témoins de cette naissance qui nous ont permis de savoir que Chamoux était bien le détenteur de ce fonds de commerce : ces témoins sont Eugène Chamoux (frère de Jean-Marie), marchand de vins 4 rue d’Assas, et Cincinnatus de Baïse, 34 ans, ciseleur sur métaux, demeurant 9 rue du Perche. Avant cette acquisition, cette boutique, qui était affectée à l’usage de mercerie, était occupée par M. Charbonnet.
En 1905 les époux Chamoux cèdent leur fonds au sieur Rangouté, pour aller s’installer un peu plus tard en tant qu’hôteliers à Bonne en Haute-Savoie. Rangouté revend son restaurant en 1908 à M. Carlier…
Au n°5 nous savons explicitement par son enseigne qu’une blanchisserie y est installée, tenue depuis 1901 par Mlle Rahiès, laquelle la revend le 14 septembre 1904 à la demoiselle Ruhlmann.
Un autre marchand de vins occupe la seconde partie de l’immeuble de la blanchisseuse : madame Battu de 1897 à 1903 ; M. Turenne de 1904 jusqu’à cession du 1er avril 1907 à M. Petit…
Jusqu’en 1904, date de sa suppression, un établissement de bains dit Les Bains du Marais, occupait le numéro 7 de la rue du Perche. Attesté depuis 1838, il est, à l’origine, la propriété des sieurs Dauphin et Lescouvé. Ceux-ci possédaient déjà une autre maison de bains à deux pas, au n°101 rue Vieille-du-Temple (devenu n°97 en 1864), qu’ils avaient reprise de la société Virot et Cie et qui existait depuis 1827 (à cette date les bains de la rue Vieille du Temple appartenaient à M. Mercier).
En 1852, Dauphin, qui est par ailleurs « peintre », reste seul à la tête des deux établissements. L’affaire passe ensuite aux mains de Bruneau en 1855, Mouton de 1858 à 1863, Lacoste en 1864, Ch. Langevin en 1871 pour enfin connaître une certaine stabilité avec M. Simonet qui conserve les bains de 1873 à 1886 avant de les céder le 1er août 1886 à un certain Gablin ; mais le 19 octobre 1887, cette vente est résiliée pour des raisons restées obscures.
Au vu du perpétuel défilé d’exploitants qui s’y succèdent, il semble que ce commerce ne soit pas une sinécure !
Les cessions reprennent de plus belle le 12 février 1890 avec la vente du sieur Nicolas au sieur Jacquemin, lequel recède le 16 juillet 1890 à Tardieu. Le 6 juin 1891, Tardieu vend à la demoiselle Lebon ; celle-ci cède le 21 novembre 1893 à la veuve Faucher qui revend au sieur Fisquet le 2 octobre 1895.
Enfin, le 15 avril 1898, Fisquet vend une dernière fois les Bains du Marais à un exploitant innommé, lequel en fermera définitivement les portes en 1904.
TOUT PARIS - 1214 - Rue Faidherbe et Rue de Reuilly (XIe arrt.)
L’immeuble au premier plan gauche est situé à l’angle du n°12 rue de Montreuil, en façade du n°2 rue Faidherbe. Il a été construit pour un certain Gérard, domicilié 49 rue du Faubourg Poissonnière, sur les plans établis par le prolifique architecte parisien (à son actif, plus de 180 bâtiments dans la capitale !) Joseph Biehler (1843-1922) ; le permis d’édifier ce bâtiment de sept étages a été accordé le 27 janvier 1909.
Auparavant, une maison d’apparence délabrée, accolée à des masures lépreuses, occupait cet emplacement, dont la boutique du rez-de-chaussée était à l’usage de boucherie hippophagique.
Tenue par le sieur Mouillevoix depuis 1892, cette boucherie est cédée, en 1896, à Stanislas Bousteau (1846-1923), originaire de Boutigny en Eure et Loir, lequel se marie l’année suivante avec Marie Armandine Lamarche (1865-1923). Lors de la démolition de leur maison en 1909, en vue de la reconstruction d’un immeuble neuf, le couple Bousteau installe sa nouvelle boucherie dans le 12e arrondissement, au n°6 rue de Madagascar ; deux ans après, en 1911 les Bousteau prennent leur retraite. Stanislas Bousteau, décédé dans le XIVe arrondissement le 29 mars 1923 sera suivi quinze jours plus tard par son épouse, le 13 avril.
A l’issue de la reconstruction achevée en 1910, la boutique d’angle du rez-de-chaussée est affermée en tant que bazar, tout d’abord à Paris-Galeries, rebaptisées les Galeries Faidherbe.
Attesté jusqu’après 1961, ce grand bazar-droguerie-marchand de couleurs est devenu aujourd’hui une agence du Crédit Lyonnais.
TOUT PARIS - 880 - Rue d'Allemagne - Jour de Marché aux Bestiaux (XIXe arrt.)
Collection F. Fleury
Ca n’a pas été aisé de localiser cet emplacement de la rue d’Allemagne, devenue avenue Jean-Jaurès à compter de 1914, qui, avec ses 214 numéros, n’est pas la plus courte des voies parisiennes. C’est grâce à un cliché, pris en sens inverse, où figure lisiblement une librairie-papeterie au rez-de-chaussée d’un bâtiment qui nous semblait être un « hôtel » du Marché ► voir ici le même emplacement de la rue d’Allemagne pris à contresens, que nous avons pu enfin repérer cet endroit exactement.
Ce cliché est donc pris de l’angle de la rue Adolphe Mille, l’impasse du Dépotoir dont on a modifié le nom, jugé par trop inélégant, le 5 avril 1904 ; cette voie, qui menait au dépotoir de la Villette, commence au n°183 rue d’Allemagne.
Nous voyons, au premier plan, audit n°183, l’affaire de marchand de vins tenue par Pierre-Jean Fel (1848-1907), originaire de Saint-Santin La Tessélie (Aveyron), et par son épouse Marie Piganiol. Fel avait acheté cette boutique, en tant qu’épicerie, le 1er décembre 1886, au sieur Filmont, avant d’en modifier l’activité en 1900. Au décès de Pierre-Jean Fel, sa veuve Marie Piganiol-Fel continue son commerce jusqu’après 1914.
Au rez-de-chaussée gauche du même immeuble, l’activité a également changé, le marchand de chaussures Keller a cédé son fonds en 1893 à M. Poincenet qui y a établi une mercerie-papeterie.
Passons rapidement en revue les immeubles suivants qui, chacun, recèlent leur histoire :
Au n°181, le Café de l’Union (M. Goby puis M. Beauvais en 1907) ; au n°179, un marchand de vins (Hérault) et un coiffeur Martres) ; au n°177, l’Hôtel du Marché-vins et la Papeterie-librairie au rez-de-chaussée (M. Rougier puis M. Grange) ; au n°175, l’Hôtel de l’Aveyron-vins de M. Saba jeune puis de M. Roulié.
Aujourd’hui, seuls subsistent, inchangés, les immeubles aux 183 et 181 de l’avenue Jean-Jaurès, respectivement occupés, le premier, par le « Bistrot Le petit Régal » et par une sandwicherie-viennoiserie « Autour du Pain », le second, par le bar-restaurant « Café Jean ».
A la suite d’une délibération du Conseil municipal du 20 mars 1863, la place formée à l’encontre des boulevards Malesherbes et de Neuilly (devenu de son côté l’avenue de Villiers en 1873) prend le nom de place Malesherbes. L’arrêté préfectoral du 19 août 1864 suivi du décret du 24 août vient entériner cette décision.
En 1977, la place est rebaptisée place du général Georges Catroux (1877-1969).
Au croisement des deux voies figurant, sur ce cliché, le nord de la place, nous voyons un monument au centre d’un espace triangulaire gazonné. Il s’agit d’une représentation allégorique en hommage à Alexandre Dumas père (1802-1870).
C’est à l’initiative de Théodore Villard, ingénieur et membre du conseil municipal, et à Victor Borie, journaliste et directeur du Comptoir d’Escompte, qu’un Comité est fondé pour élever un monument à l’écrivain, pour lequel une autorisation ministérielle leur est accordée le 29 avril 1878.
Une trentaine d’écrivains, artistes, journalistes se joignent immédiatement à ce comité, notamment Octave Feuillet, Alphonse Daudet, Charles Gounod, Ernest Meissonier, Calmann-Lévy, Emile de Girardin, Jules Verne, Victorien Sardou etc… La souscription publique produira la somme de 63.227 francs 80 c.
Le Comité, présidé par le dramaturge Adolphe de Leuven, obtient, en février 1882, que Gustave Doré (1832-1883), peintre et caricaturiste, sculpteur à ses heures, réalise, gratuitement, ce projet composé d’un groupe sculpté en bronze qui présente Alexandre Dumas trônant en robe de chambre, la plume à la main, sur un piédestal haut perché, tandis qu’à ses pieds, un ouvrier et un étudiant sont littéralement captivés par la lecture d’un roman faite par une jeune fille. Au revers du monument, figure une représentation de D’Artagnan.
Les architectes Joseph Antoine Bouvard (1840-1920) et Ulysse Gravigny (1844-1901) ne pouvaient faire moins que de s’aligner sur la proposition généreuse de Gustave Doré, en dotant ce monument d’un piédestal en pierre également gratuit.
Le conseil municipal est sollicité par le Comité, le 12 mars 1883, à l’effet d’obtenir que le monument soit érigé sur la place Malesherbes. Après consultation du préfet de la Seine le 22 mars, le Conseil autorise le 28 mars, l’installation de la statue sur le plateau de la place Malesherbes le plus rapproché du boulevard de Courcelles. La maçonnerie du monument est exécutée par l’entrepreneur Amédée-Léon-Jean Guillotin (1832-1910), tandis que le coulage du monument en bronze est réalisé par le fondeur Victor Thiébaut (1823-1888).
Une foule immense assiste à l’inauguration du dimanche 4 novembre 1883, au cours de laquelle moults discours sont débités.
Alexandre Dumas fait partie des rares bronzes à échapper à la fonte générale des monuments destinés à l’armement organisée par l’occupant allemand de 1940-1944. ► Monument Alexandre Dumas aujourd’hui
► Statue D’artagnan au dos du piédestal de Dumas
TOUT PARIS - 371 - Buttes Chaumont - Le Pont suspendu - Vue prise au bord du Lac (XIXe arrt.)
Collection F. Fleury Quelques travaux de réfection sur le radier du Lac.
A l’occasion de l’Exposition universelle de Paris qui doit avoir lieu en 1878, il est décidé, pour l’accueillir, d’aménager le Champ-de-Mars (220.000 m²) et la colline de Chaillot, emplacement appartenant à la ville de Paris, sur laquelle il est envisagé de construire le Palais du Trocadéro (50.000 m²). Un concours est lancé en mai 1876, pour la réalisation de ce projet, dont les architectes Gabriel Davioud (1824-1881) et Jules Bourdais (1835-1915) sont les gagnants.
Les plans de ceux-ci sont remaniés par les architectes Hector-Martin Lefuel (1810-1880) et Eugène Viollet-le-Duc (1814-1879, pour un devis s’élevant 6.391.499 francs 82 c., non compris les travaux de consolidation des carrières et des soubassements nécessaires à l’assise dudit palais, estimés à deux millions de francs.
Les adjudications aux entrepreneurs sont réalisées au fur et à mesure de l’avancement du chantier qui commence le 5 novembre 1876, employant deux mille ouvriers.
L’Exposition universelle est officiellement inaugurée au Trocadéro et au Champ de Mars le 1er mai 1878.
publié par zelig ven. 2 juil. 2021 10:49
7 avril 1877 — Les travaux du Trocadéro avancent à vue d'œil. Vous savez ce que nous promettaient les plans et les dessins des architectes : sur le sommet de la colline, un pavillon de forme circulaire entouré de deux étages de galeries couvertes, surmontées de larges baies et flanqué de deux tours carrées d'une hauteur de soixante-dix mètres, couronnées de phares à la lumière électrique ; à droite et à gauche de ce pavillon central, deux pavillons secondaires d’où partiront de longues galeries. Dans ces galeries sera installée l'Exposition rétrospective qui nous montrera les merveilles et les curiosités de tous les pays depuis les temps préhistoriques jusqu'à la Révolution française. Le pavillon central est destiné aux fêtes et aux concerts ; 8.000 personnes y pourront être commodément assises. (1)
Les pavillons, les tours, les galeries rappelleront le style arabe ; elles seront faites d'assises de différentes couleurs et ornées de plaques émaillées.
En avant de ces constructions jaillira la cascade.
Les eaux amenées de la Seine par des pompes tomberont dans une grande vasque d'eau où elles sortiront en une large nappe qui formera une chute de six mètres de hauteur environ ; puis franchissant comme celles de la cascade de Saint-Cloud, les marches d'un escalier gigantesque, elles seront reçues dans un bassin de 50 mètres sur 70.
Les pentes gazonnées de la colline seront semées de serres, de fabriques rustiques, de chalets, de kiosques, de constructions de tous genres et de tous pays.
Voilà ce que d'avance nous pouvions voir en imagination sur le Trocadéro. (L’Univers illustré 7 avril 1877) (1) En fait, la salle des fêtes pourra accueillir 4.600 spectateurs au plus.
Avec la carte précédente, nous avons donné un aperçu de la création du palais du Trocadéro. Parlons maintenant de sa destruction et de son remplacement par le futur Palais de Chaillot.
L’exposition universelle de 1937 devant se dérouler en partie au Trocadéro, il est décidé en 1935, après maintes controverses et discussions, de supprimer toute la partie centrale du Palais et de ne conserver que ses ailes qui seront chacune prolongées d’un long bâtiment curviligne. Trois architectes sont chargés de cette opération : Léon Azéma (1888-1978), Jacques Carlu (1890-1976) et Louis-Hippolyte Boileau (1878-1948) ; après avoir présenté leurs premières maquettes en juillet 1935, ceux-ci arrêteront le plan définitif du nouveau projet le 15 février 1936.
La démolition du palais du Trocadéro proprement dit commence en août 1935 pour s’achever en juin 1936.
Le nouveau Trocadéro ouvre ses portes pour l’inauguration de l’Exposition au jour prévu, le 25 mai 1937.
Jean Zay, ministre de l’Education nationale, décide, par une dépêche du 24 novembre 1937, de rebaptiser le Trocadéro du nom de Palais de Chaillot.
publié par zelig sam. 2 oct. 2021 12:40
6 octobre 1935 — Une visite au Trocadéro en démolition M. Paul Léon, commissaire général adjoint de l'Exposition de 1937, a fait visiter, hier matin, aux représentants de la presse, les chantiers de démolition du Trocadéro.
La petite caravane était conduite par les architectes du nouveau palais, MM. Boileau et Carlu.
La besogne de démolition, dont il n'est pas nécessaire de souligner l'importance, a été adjugée pour une somme de 800.000 francs à une entreprise spécialisée. Les offres faites à l'adjudication par les différents concurrents avaient atteint des prix s'élevant jusqu'à 3.300.000 francs.
Le personnel employé sur les chantiers est rompu à ce genre d'ouvrage : il comprend un certain nombre de spécialistes polonais et italiens, qui ont coopéré à de nombreuses entreprises analogues.
L’opération a commencé par les minarets et la coupole centrale. A l’heure actuelle, les deux tours, qui mesuraient 85 mètres de hauteur, ont baissé de 20 mètres déjà.
La coupole est en voie de démontage. Quant à la salle de spectacle, elle est encombrée de matériaux de toute espèce, et elle présente l'aspect d'un véritable champ de bataille après un puissant pilonnage d'artillerie.
Au centre git, parmi les débris de glaise et de pierres, l'énorme Renommée de cuivre repoussé au marteau qui couronnait l'édifice. A l'écart, on voit un lustre circulaire qui s'est détaché tout seul du plafond de la salle ; si la destruction du palais n’avait pas été décidée, il est donc probable qu'on aurait eu dans quelque temps l'occasion de déplorer quelque jolie catastrophe.
Les grandes orgues ont été entreposées, avec tous les soins nécessaires, dans une école de la rue de Verneuil, prêtée à cet effet par la Ville. On pense utiliser, pour le nouvel édifice, la plus grande partie de cet instrument, dont certains tuyaux mesurent jusqu'à 12 mètres de longueur. Toutefois, tous les éléments pneumatiques seront électrifiés, ce qui entrainera une dépense de 500.000 francs au lieu d'un million.
Notons, détail amusant, que les quatre statues installées précédemment sur la nymphée édifiée dans les jardins, en avant de la rotonde, ont, été achetées assez cher par un Américain propriétaire d'une villa à Versailles. On dit que ce digne Yankee a l'intention d'orner son parc avec ces énormes navets de fonte, qui représentent des dames fortement pourvues d'appas divers.
On déclare que la construction de la future salle de spectacles nécessitera l’enlèvement de quelque 120.000 à 130.000 mètres cubes de terre, ce qui donne environ le double du volume du paquebot Normandie. (journal Le Quotidien 6 octobre 1935)
TOUT PARIS - 431 - Avenue Reille à l'Entrée du Parc Montsouris (XIVe arrt.)
Le restaurant « A la Cascade de Montsouris » est situé à l’angle du n°23 avenue Reille n°1 rue Gazan. Cette maison est édifiée en 1887 et affermée aussitôt à Octave Julien Chasselup (1844-1888), restaurateur et à son épouse Marie Emélie Mesnil (1842-1896).
Lors de son mariage du 26 octobre 1876, Chasselup était employé dans le restaurant tenu par M. Michel situé 61 rue du Cherche-Midi, à Paris 6e, établissement qui appartenait à Marie Emélie Mesnil et à son premier mari, Jean Lecouvey décédé en octobre 1875 à l’âge de 34 ans.
Après quelques mois d’exploitation du restaurant de « Montsouris », Octave Chasselup décède, à 44 ans, le 21 juin 1888. La veuve Chasselup-Mesnil et ses deux filles Eugénie Marie et Marie-Hortense Lecouvey, nées respectivement en 1867 et 1871, vont continuer à tenir le restaurant jusqu’à leur mariage en 1889 et 1894. En 1895, Marie Emélie Mesnil cède l’affaire à M. L. Guillon, juste avant de décéder 3 avenue Laumière le 22 août 1896.
Le restaurant passe ensuite, le 7 mai 1897, aux mains de M. Marais qui le revend à M. Masson en 1903. M. Roux qui en fait l’acquisition le 1er avril 1908, le conserve jusqu’en 1913. M. Cinquin lui succède en 1913 et M. Vazelle en 1914…
Aujourd’hui, « la Cascade de Montsouris » a été rasée et remplacée par une ribambelle de buildings « avec vue » imprenable sur le parc de Montsouris.
TOUT PARIS - 913 - Foire aux Jambons - La Ferraille - Boulevard Richard-Lenoir (XIe arrt.)
Collection F. Fleury
La Foire aux Lards ou aux Jambons se déroule depuis le moyen-âge sur leParvis de Notre-Dame, une fois par an, le Jeudy-Absolut (Jeudi-Saint) ; l’emplacement de cet évènement tient au fait que la première tuerie-boucherie de Paris était précisément installée sur le Parvis, dès avant 1222, non loin de l’Église Saint-Pierre-aux-Bœufs, une dernière fois attestée le 12 septembre 1410 avant sa suppression.
Jean Tostée, prévôt de Paris, par une ordonnance du 15 avril 1488, oblige, sous peine d’amende arbitraire et de prison, qu’à cette foire, le lard sursemé — viande de porc malade ayant des grains de ladrerie — soit mis en une table à part, clairement indiqué aux acheteurs et totalement séparé du lard non sursemé. (► voir ici ordonnance 15 avril 1488 du Prévôt de Paris Jean Tostée) En 1600, Olivier de Serres, seigneur du Pradel (1539-1619), agronome, nous donne les deux manières d’accommoder et apprêter les chairs de pourceau, lors de ce Marché du Lard pascal. (► voir ici extrait du théâtre d’agriculture d’Olivier de Serres, 1600)
A partir de 1684, la Foire aux Lards du parvis se tient le Mardi-Saint au lieu du jeudi. En 1716, Jacques Savary des Bruslons, inspecteur général des manufactures pour le Roi, à la douane de Paris, nous indique encore que lors de cette foire, il s’y vend une si grande quantité de jambons, de flèches de lard et autres viandes de porc salées, et le peuple s’y trouve avec une si grande affluence pour en acheter, qu’on ne le peut exprimer. La révolution, qui n’en a que faire de la « semaine sainte » attachée à cette foire, en modifie les dates de tenue et décide, le 8 germinal de l’an VIII (29 mars 1800), qu’elle se déroulera dorénavant, chaque année, du 31 mars au 8 avril, soit sur 9 jours.
Le 11 mars 1803, le préfet de police, Louis-Nicolas Dubois, remet les choses en place : les marchands dans l’usage de fréquenter la foire aux jambons qui a lieu à Paris sur le Parvis Notre-Dame, sont prévenus que cette foire étant rétablie comme par le passé, elle tiendra le mardi de la semaine, dite la Semaine-Sainte. Par ordonnance du 24 février 1813, la Foire aux Jambons quitte définitivement l’Ile de la Cité pour venir s’installer en face, sur le quai de la Vallée (quai des Augustins), où se tient également la foire à la Volaille, et, quelques temps le marché aux Oiseaux (tous les dimanches) avant son déménagement rue Lobineau.
Le 12 avril 1832, les charcutiers du mardi-saint sont transférés dans le nouveau marché aux fourrages du Faubourg Saint-Martin, avant d’être translatés, le 7 avril 1843 au boulevard Bourdon, près de l’Arsenal ; dorénavant, la foire se déroule sur trois jours, du mardi au jeudi.
Le préfet de police, Joseph Marie Pietri, signe un arrêté en 1869, transférant une dernière fois la Foire aux Jambons qui prend place définitivement sur le boulevard Richard-Lenoir qui vient tout juste d’être créé en 1860-1861, en couverture du canal Saint-Martin.
L’ouverture a lieu le mardi 23 mars 1869, toujours d’une durée de trois jours, et s’étend depuis la rue Daval à quelques mètres de la Bastille, s’étendant jusqu’à la rue Saint-Sébastien, au boulevard Voltaire. Le règlement prévoit que les voitures des marchands forains prendront place, sur un seul rang, côté est du boulevard ; les baraques auront chacune deux mètres de façade sur deux mètres de profondeur et seront accotées l’une à l’autre par groupe de douze, avec un passage de six mètres entre chaque groupe. Le tarif du droit de place est fixé à vingt centimes du mètre.
En 1884, à la suite de la foire aux jambons, vient la foire à la ferraille qui se prolonge jusqu’à la rue
Oberkampf et envahit une partie de la place du Château d’Eau, la future place de la République, et, à partir de 1901, forte de son succès, elle se déroule désormais sur cinq jours, commençant le dimanche des Rameaux précédant Pâques.
Même le conflit 1914-1918 n’arrête pas la foire aux Jambons et à la ferraille. Durant la guerre de 1940, elle n’aura forcément pas le même succès, la cochonaille étant plutôt vendue sous le manteau en cette période et la ferraille étant préemptée par les allemands pour alimenter leurs usines à canon… Aussi, ce sera plutôt un marché de brocante et de vieux bibelots.
La dernière Foire au Jambons du boulevard Richard-Lenoir aura lieu du 7 au 11 avril 1968, soit un siècle après son inauguration.
Le cliché est pris à hauteur du n°102 boulevard Richard-Lenoir, présentant la travée jusqu’au n°110 qui fait angle avec la rue Oberkampf. L’immeuble du n°102 en premier plan est occupé comme on le voit par une bijouterie-imitation, tenue depuis par M. Pelissero, chainiste, qui a repris ce fonds de M. Walter, miroitier.
Le commerce situé sur la partie gauche de cet immeuble, est à vendre lors de la prise de vue : il sera pris à bail en 1909 par M. Rivière en tant que restaurant, revendu à M. Roiret l’année suivante, puis à M. Fau le 6 juillet 1912. MM. Pelissero et Fau occupent toujours les lieux en 1914.
publié par zelig dim. 6 juin 2021 11:26
L’ouverture du Marché aux Jambons et à la Ferraille le mardi 23 mars 1869 Conformément à l'usage, l'ouverture de la foire aux jambons a eu lieu ce matin mardi, à six heures du matin, mais c'est au boulevard Richard-Lenoir qu'elle se tient cette fois, et nous constatons qu'elle y est beaucoup plus à l'aise qu'au boulevard Bourdon.
Les boutiques, placées en bordure du large promenoir qui recouvre le canal, tournent le dos aux chaussées latérales et ont leurs étalages du côté des jardins.
Ainsi que le comporte l'ordonnance de police, les marchands forains y sont classés par département. La Moselle, la Meuse, la Marne, la Mayenne, Eure-et-Loir, le Rhône et les Basses-Pyrénées y sont très-largement représentés.
Un mauvais plaisant de nos amis nous assure avoir reconnu, sous l'accoutrement semi-rural de ces marchands de salaison, son propre charcutier, qui était venu là pour écouler ses rossignols ; mais nous n'en croyons rien.
La foire commence à la hauteur de la rue Daval et se prolonge jusqu’au bassin du Temple ; pourtant, il s’en faut de beaucoup que le tout soit occupé par les marchands de victuailles ; car, sur au moins la moitié du parcours, des marchands d'objets de toutes sortes ont établi leurs étalages sur des tréteaux, sur des planches, voire même sur le sol nu ; on y voit des marchands de lingeries, des boutiques de parapluies, des magasins de chaussures, etc. et il faut entendre avec quelle verve gauloise la plupart de ces boutiquiers ambulants annoncent leur marchandise. Ici un marchand de poterie grossière, annonce à 30 centimes des marmites fabriquées à la porcelainerie impériale de Sèvres ; plus loin, un marchand de cadres pour photographies proclame que les objets vendus partout 30, 40 et 50 francs, ne sont côtés chez lui qu'à vingt centimes ; ailleurs, un marchand d'affreuse ferraille et de vieux habits, s'intitule marchand d'antiquités ; un bijoutier vous offre pour cinquante centimes des chaînes en or contrôlées à la porte de la Monnaie, etc. (journal Le Siècle 24 mars 1869)
Modifié en dernier par JeanMarc le mar. 21 déc. 2021 09:20, modifié 1 fois.