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Nous sommes sur le même croisement que celui de la carte précédente, en vis-à-vis de l’Ecole communale des garçons et filles, à l’angle du n°51 rue Pouchet et du n°74 rue de La Jonquière.
Alors que ladite rue de La Jonquière s’appelle encore rue Marcadet, ex-Chemin des Bœufs, cette maison à pan coupé est occupée, depuis 1886, par le sieur abrillargues, marchand de vins. En 1890, Gabrillargues est contraint de prévenir sa clientèle du changement d’adresse postale de son commerce, le n°340 rue Marcadet devenant désormais le n°74 rue de La Jonquière.
En 1904, Gabrillargues cède le bail de sa boutique à Antoine Bapt qui y ouvre une officine de pharmacie.
Originaire d’Egliseneuve d’Entraigues, dans le Puy-de-Dôme, Antoine Jean-Baptiste Bapt, né en 1868, s’est installé en premier lieu en 1896, au n°58 rue Jeanne d’Arc dans le 13e arrt. et s’y est marié le 16 février 1897 avec Louise Eugénie Watry ; en 1901, il quitte le 13e pour reprendre la pharmacie située à l’angle du 13 rue de Clignancourt/rue Pierre Picard dans le 18e arrt. Il n’y reste qu’un an, la revendant en 1902 à Auguste Clément Baranton, qui, lui, la conservera jusqu’après 1922…
Antoine Bapt qui a donc créé l’officine du 74 rue de La Jonquière en 1904, y est actif jusqu’en 1914. Après-guerre, elle est reprise par M. Rochegude…
La boutique mitoyenne au pharmacien, située à l’encoignure non alignée du n°76, tenue par un charcutier du nom de Dupont, est cédée par celui-ci le 30 novembre 1901 à Louis Edouard Sourdet(1871-1935) et à son épouse Henriette Joséphine Brice (1876-1958).
L’affaire semble avoir été fructueuse, puisqu’en 1922 les époux Sourdet la tiennent toujours et que leur fils, Edouard Jean Amédée Sourdet (1913-1948), la poursuit jusqu’après 1932…
Aujourd’hui, la Pharmacie de La Jonquière est toujours présente, tandis que le charcutier à laissé place à un traiteur japonais et chinois : les sushi ont remplacé le boudin et la saucisse.
En mars 1815, Germain Legret (1752-1838), ancien négociant, publie un ouvrage intitulé Réflexions d’un ancien négociant sur le commerce, ses règles, ses usages et son code (disponible 3 francs chez Hocquet, imprimeur au 4 rue faubourg Montmartre et chez trois libraires rue Mazarine, rue de Seine et au Palais Royal). Préalablement, il avait publié en 1811, un Rudiment de la Comptabilité commerciale, alors qu’il était installé au n°4 place du Carrousel, en tant que « teneur de livres de commerce ».
Au cours de l’année 1815, il s’associe avec le belge Van Acker, fondateur de l’Athénée Commercial de Gand, et fonde l’Académie de Commerce, à effet du 1er janvier 1816 dans l’ancien Hôtel des Fermes, au n°55 rue de Grenelle-Saint-Honoré. Cet établissement se charge d’enseigner la science du commerce aux étudiants.
L’Académie ferme ses portes en 1817.
Elle renaît dès le mois d’avril 1818, sous la direction de Germain Legret et à son domicile du n°4 rue de Bouloi, s’appelant dorénavant l’Ecole Spéciale de Commerce.
En novembre 1818, Legret annonce qu’à compter du 1er avril 1819, il ouvre un nouvel établissement pour ladite école, adossée à un pensionnat, sous les auspices de Jacques Laffitte, banquier de son état. Installé au n°143 rue Saint-Antoine, à l’Hôtel de Sully, il est, à présent, associé avec Amédée Brodart (1789-1873) qui prend la direction de l’Ecole.
Le prix mensuel pour les élèves est fixé, en 1827, à 100 francs en pension complète, 75 francs en demi-pension et 40 francs en externat.
En 1830, l’Ecole Spéciale de Commerce et d’Industrie, dirigée par Adolphe Blanqui (1798-1854), est transférée au n°59 boulevard Saint-Antoine (futur boulevard Beaumarchais), l’entrée s’effectuant par le n°5 de la rue Neuve-Saint-Gilles. En août 1838, nouveau déménagement de l’école au n°22 rue Saint-Pierre-Popincourt (devenue partiellement la rue Amelot, n°102), dans des locaux appartenant à Blanqui. C’est à cette date que décède Germain Legret, le fondateur de l’Ecole (1)
L’établissement devient l’Ecole Supérieure du Commerce en date du 30 septembre 1852 ; cette décision est accompagnée d’une augmentation des tarifs : pension 1.600 francs par an ; demi-pension 1.400 francs ; externat 600 francs.
Au décès de Blanqui en 1854, l’Ecole devient la propriété de ses associés, François Guillaume Gervais dit de Caen (1803-1867) qui en assure la direction, et Auguste Alphonse Marie (1809-1870). En 1867, c’est la fille de Blanqui, Isabelle Jane Blanqui (1850-1912), qui hérite de l’établissement, lequel est racheté par la Chambre de Commerce de Paris le 1er janvier 1869, au prix de 120.000 francs, assorti d’un bail de 25.000 francs par an. Paul Schwaeblé en est nommé directeur.
C’est à l’instigation de ladite Chambre de commerce qu’à l’approche de la fin du bail de la rue Amelot arrivant à échéance le 1er janvier 1899, il est décidé, les 11 décembre 1895 et 20 mai 1896, deux terrains contigus de 4.685 m² et 641 m², situés au n°79 avenue de la République, afin d’y faire édifier sa nouvelle Ecole de commerce. L’achat du terrain et la construction envisagée étant évalués à deux millions de francs, le conseil municipal s’engage à verser une subvention de 600.000 francs.
Un concours est lancé le 6 juin 1896, afin de choisir le meilleur projet. Ce sont les architectes Pierre-Joanny Bernard (né en 1855 à Paris) et Emile-Henri Robert (1865-1922) qui sont chargés de cette construction.
Les travaux commencés le 1er mai 1897 sont achevés le 15 septembre 1898.
L’inauguration de la nouvelle Ecole Supérieure de Commerce de Paris (ESCP) se déroule le 23 novembre 1898, sous la présidence de Félix Faure et en présence de Paul Delombre, ministre du commerce, de Victor Cantagrel, directeur de l’Ecole et de Georges Masson président de la Chambre de commerce…
Cette école est toujours active aujourd’hui.
(1) Une bien triste fin pour Germain Legret, fondateur de l’ESCP ! Lors de la séance de la Chambre des Députés du 22 décembre 1832, la Commission des pétitions présente son rapport. Legret, demeurant à cette date au n°99 grande rue de Vaugirard, octogénaire et sans ressources, demande un secours ; fort heureusement le banquier Laffitte intervient en sa faveur : « Le sieur Legret (octogénaire), à Paris, réclame la pension qui lui a été accordée comme fondateur de l'école spéciale de commerce, et demande un secours en attendant le paiement de cette pension et des arrérages dont il est privé depuis plus de deux ans. »
La commission propose l'ordre du jour.
M. Laffitte : Je ne m’oppose pas aux conclusions du rapport. Je reconnais que le pétitionnaire n'avait pas droit à la pension ; mais je crois acquitter un devoir d'humanité en le recommandant à la bienveillance du gouvernement, car il en est digne comme fondateur de l'école spéciale de Commerce. Le sieur Legret est octogénaire et aveugle ; il est père d'une nombreuse famille ; il mérite à tous égards, je le répète, l'attention du gouvernement. La chambre renvoie la pétition au ministre de l'intérieur et au ministre du commerce.
On a bien failli avoir un Lion aux Buttes-Chaumont ! Alors qu’Auguste Bartholdi (1834-1904) n’a pas encore terminé l’installation, à Belfort, de son Lion en grès rose de vingt-deux mètres de long, qui ne sera achevée qu’en septembre 1879, il reçoit, du Conseil municipal de Paris, en date du 7 décembre 1878, une proposition lui demandant d’établir un devis pour reproduire son œuvre, en cuivre repoussé, au tiers de sa taille originale ; selon plusieurs quotidiens, il est envisagé de placer cette réplique au sommet de la principale des deux Buttes-Chaumont.
Réunie le 2 avril 1879, la Commission des Beaux-Arts annonce que les pourparlers engagés avec M. Bartholdi, à la suite du vote du Conseil municipal, sont aujourd'hui terminés, et l'on s'est mis d'accord avec l'artiste sur tous les points, tant à l'égard du prix du modèle que de la dépense d'exécution et d'installation. L'emplacement proposé par les ingénieurs de la Ville a été également agréé par M. Bartholdi.
Le lion serait placé au pied de la grande falaise qui est surmontée d'un temple grec et qui occupe le centre du lac, bien en face de l'axe de l'avenue Laumière, par laquelle on entre dans le square des Buttes Chaumont, en venant de la rue d'Allemagne. Le piédestal, de dimensions proportionnées à celles du modèle, serait construit en pierres calcaires imitant celles de la falaise, et l’ensemble serait mis ainsi en harmonie avec l'aspect rustique de ce point du parc.
On évalue à 25.000 francs la dépense nécessaire pour installer cette œuvre d'art dans les conditions indiquées ; cette somme comprend le prix d'acquisition du modèle, qui est de 6.000 francs. Il ne manque plus que la ratification du Conseil municipal pour finaliser le projet. Celle-ci tarde à venir, en raison de dissensions au sein dudit conseil, l’un des conseillers, Ulysse Parent, peintre de son état, s’opposant à ce que des copies soient exposées au détriment d’originaux.
Finalement, la municipalité tranche le 1er juillet 1879, vote un crédit de 25.000 francs pour l’acquisition du modèle, son exécution et la confection d’un piédestal, et, abandonnant le premier projet de son installation dans le Parc des Buttes-Chaumont, décide de l’implanter sur la place d’Enferqui devient le mois suivant, par un arrêté du 16 août 1879, la place Denfert-Rochereau.
La maison Mauduit, dirigée par Jean-Baptiste-Emile Gaget (1831-1905), est chargée de la reproduction de l’œuvre de Bartholdi en cuivre repoussé. Gaget n’est autre que l’entrepreneur qui a martelé et assemblé les 300 feuilles de cuivre constituant la Statue de la Liberté du même Bartholdi.
Commencé le 22 juin 1880, le socle en pierre du Jura, haut de quatre mètres, est en place pour l’arrivée du Lion le 11 juillet ; aussitôt, le monument est entouré, au sol, de seize bornes en fonte, reliées par des chaines.
L'inauguration officielle du Lion de Belfort de la place Denfert-Rochereau, s’est faite sans discours et sans solennité, le mardi 21 septembre 1880 ; seule la musique du 130e régiment d’infanterie, dirigée par M. Orliac, s’était déplacée pour interpréter deux morceaux : le Patriote et la Marseillaise.
A ce jour, rien ne subsiste de cette rue Julien Lacroix, les promoteurs-architectes sans scrupules et sans talent ont gagné la partie ; seules l’Ecole communale et l’Eglise de Ménilmontant ont été préservées.
Aucun commerce n’y existe plus alors qu’on y voit sur la partie visible de ce cliché, dans les années 1900-1910, au n° 73 un bouillon (restaurant) ; un charbonnier au 71 ; un boulanger au 69 ; un épicier au 67 ; un marchand de vins au 65 ; un cordonnier au 63 ; un coiffeur au 61 ; un marchand de vins au 59 ; un crémier au 57 ; un marchand de vins au 55 ; un charcutier au 53 ; un marchand de vins au 51 ; un passementier au 49 ; un brocanteur au 47 ; un tripier au 45 etc…
C’est l’Hôtel de Bourgogneet son café Aux Caves de Bourgognesitué à gauche, au n°28 rue Julien-Lacroix, qui a retenu notre attention.
► voir ici une vue plus étendue de l’Hôtel de Bourgogne
Cet hôtel marchand de vins et liqueurs est passé aux mains de nombreux exploitants — Auguste Perrin en 1875, Delatre en 1879, Diodonnat en 1881-1884, Dohy 1885 à 1897 — avant que la veuve Dallem n’en fasse l’acquisition en 1897. Jean Dallem(1844-1887), originaire d’Alsting en Moselle, potier en terre, installé à Paris 11e (sa mère, Catherine Heydinger, veuve, y était ouvrière en couronnes rue de Charonne) s’était marié le 11 avril 1868 avec Françoise Jamet (1850-1902), originaire de Menessaire en Côte d’or, couturière demeurant avec ses parents à Paris 20e rue des Amandiers (son père y est menuisier).
Lors de la naissance de leur fille Victorine, le 9 septembre 1868, les époux Dallem demeurent 14 rue de la Muette dans le 11e, qui devient, à cette date, un tronçon de la rue des Boulets.
Jean Dallem devenu « journalier », décède au 30 rue de la Mare, à l’âge de 43 ans, le 12 mai 1887, un an avant que sa fille Victorine se marie le 17 novembre 1888 avec Henri Parent, chauffeur de son état.
En octobre 1890, Françoise Dallem-Jametfait l’acquisition, auprès du sieur Halter, d’une affaire de marchand de vins et hôtel garni, au n°56 rue Julien-Lacroix, établissement qu’elle tient avec sa fille.
En 1890 et 1891, Françoise Jamet loue fréquemment un de ses locaux dit la « Salle Dallem » pour y accueillir les réunions de la Solidarité républicaine socialiste ou encore les assemblées des ouvriers cordonniers du XXe.
A la suite du décès de sa fille, survenu le 21 mai 1892, la veuve Dallem tient le commerce avec son gendre Henri Parent.
En 1897, elle vend son affaire du n°56 rue Julien-Lacroix à M. Baudette pour acquérir, à la place, l’Hôtel d’Auvergne et marchand de vins du n°28 rue Julien-Lacroix. Dès son acquisition, un drame survient, le 15 octobre 1897, au sein de l’hôtel garni, événement qui est relaté dans de nombreux quotidiens. (1)
Françoise Dallem-Jamet décédée le 19 octobre 1902, l’hôtel-marchand de vins est repris le 2 juillet 1903 par la Société Ponsot et Cie qui le revend en 1905 à Etienne Albrouze (1874-1923) et à son épouse Rosalie Marquet.
En 1908, Félix Louis Sabrazès, né en 1853 à Paris, marié à Eugénie Brieu, rachète le garni qui devient l’Hôtel de Bourgogne. Le conservant quatre ans, Sabrazès le cède au sieur Prévot en 1913…
publié par rigouard mer. 16 sept. 2020 10:10
(1) La veuve Dallem qui vient d’acquérir l’Hôtel d’Auvergne du 28 rue Julien-Lacroix fait les gros titres de nombreux quotidiens
Drame d’amour - Double suicide rue Julien-Lacroix. — Dans un garni. Cadavres enlacés. Un nouveau drame d'amour, dont les causes demeurent imparfaitement connues, s'est déroulé 28, rue Julien-Lacroix, dans un hôtel garni voisin de l'église de Ménilmontant.
Vendredi soir, à la tombée de la nuit, vers six heures, Mme veuve Dallem, propriétaire de la maison, voyait arriver deux jeunes gens qui lui louaient aussitôt, à raison de 5 francs la semaine, la chambre portant le n° 24, à laquelle attenait une petite cuisine complétant l’appartement.
Les deux nouveaux locataires, Emile Chatton, âgé de vingt-quatre ans, et Julienne Hua, vingt-six ans, étaient dépourvus de tout bagage. Le jeune homme, en tenue d'ouvrier, et la jeune femme, en cheveux, assez jolie, n'attirèrent pas l'attention de la logeuse, à qui ils demandèrent de placer un poêle dans leur chambre, pour préparer leurs repas, disaient-ils. Le poêle fut immédiatement apporté, mais on convint d'attendre le lendemain pour en poser les tuyaux.
Après avoir consigné entre les mains de la veuve Dallem le prix de la première semaine de loyer, Julienne Hua, et son amant, Emile Chatton, sortirent pour faire quelques emplettes.
Quelques instants après, ils revenaient munis de plusieurs paquets, rentraient chez eux, et depuis lors, ne donnaient plus signe de vie.
On supposa d'abord que leurs allées et venues avaient passé inaperçues. Cependant, hier, à une heure de l'après-midi, Mme Dallem s'inquiéta de ne les avoir pas vu reparaitre depuis près de quarante-huit heures.
Elle envoya son gendre s'enquérir de ce qui se passait dans le logis silencieux, et comme la porte ne s'ouvrait point aux appels répétés de ce dernier, on dut l'enfoncer et voici le lugubre spectacle qui s'offrit aux yeux des assistants.
Au milieu de l'appartement clos, était place le poële où se trouvaient les cendres refroidies du charbon qui avait déterminé l'asphyxie des deux amants désespérés.
Dans le lit, entièrement dévêtus et enlacés étroitement, reposaient les cadavres d'Emile Chatton et de Julienne Hua.
M. Girard, commissaire de police du quartier, vint dans la soirée procéder à une enquête sur ce double suicide. Il trouva trois lettres, dont l'une lui était adressée et les deux autres aux familles des deux jeunes gens que la vie séparait et que réunit maintenant la mort.
Emile Chatton était libéré depuis un mois du service militaire, ses parents demeuraient rue des Envierges ; ceux de Julienne Hua habitent impasse Bouchardy,
A la nouvelle du double suicide de la rue Julien-Lacroix les amis et parents des deux désespérés sont venus leur rendre une dernière visite au lit de leurs définitives épousailles. On s'est étonné de la funeste détermination du jeune homme, qui avait récemment déclaré à son père malade qu'il ne se tuerait jamais pour une femme.
Les deux cadavres sont restés rue Julien-Lacroix, en attendant les obsèques. (La Lanterne 19 octobre 1897)
La commune de Batignolles-Monceaux est formée par distraction de la commune de Clichy, suite au décret du 10 février 1830. Jean-Constant Jaique (vers 1774-1842) (1), distillateur de son état, est nommé le premier maire de celle-ci. Une première maison commune est installée le 8 avril 1830, au n°54 Grande-Rue des Batignolles (avenue de Clichy) ; elle est ensuite transférée au 50 rue Truffaut.
Compte tenu du développement considérable des Batignolles, le second maire, Auguste Prosper Balagny (1805-1896), notaire, qui succède à Jaique, le 10 janvier 1843, après le décès de celui-ci survenu le 17 décembre 1842, envisage de faire édifier un vrai Hôtel de Ville. Balagny est autorisé, par ordonnance du 7 février 1847, à acquérir une propriété située au n°48 rue des Dames et un autre terrain y attenant, pour y construire une mairie et des écoles primaires. Ces terrains, évalués 160.000 francs, appartenant à la veuve Bruder et à Nicolas Fossau de Colombel (2), sont situés aux n°16 à 20 de la future rue des Batignolles, anciennement dénommée rue de l’Eglise. Le projet de la construction et de l'acquisition des terrains nécessaires à celle-ci s’élève au total à 650.000 francs.
L'architecte Paul-Eugène Lequeux (1806-1873), concepteur des églises des Batignolles, de La Villette et des Ternes, est chargé des plans du futur Hôtel de ville dont la première pierre est posée le 19 septembre 1847 par Charles-Nicolas-Noël Jarrige, marquis de Lamorélie, conseiller de préfecture de la Seine remplaçant le préfet, le Comte de Rambuteau Claude-Philibert Barthelot, en congés ; des discours sont prononcés à cette occasion par le maire Balagny et par le curé Charles Heuqueville.
La mairie de Batignolles-Monceaux, dotée de son campanile surmonté d’un clocheton et de ses quatre cadrans, est inaugurée le 21 octobre 1849 par le préfet de la Seine Jean-Jacques Berger, le préfet de police Chéri Rébillot, le Prince Napoléon et Benoît Droux, le nouveau maire depuis 1848.
Devenue la mairie du XVIIe arrondissement lors de l’annexion de 1860, elle sera rasée un siècle plus tard, en mars 1970, pour laisser place à une innommable barre de béton dont nous tairons soigneusement le nom du pseudo-architecte.
publié par zelig mar. 19 oct. 2021 19:29
21 octobre 1849 Inauguration de la Mairie de Batignolles-Monceaux L'autorité municipale des Batignolles-Monceaux a procédé, en présence du préfet de la Seine, du préfet de police, du sous-préfet de, l'arrondissement de Saint-Denis, de M. Napotéon Bonaparte, colonel de la 2e légion de la banlieue, et des principales autorités de la ville, à l'inauguration de l'hôtel de ville, qui vient d'être construit au centre de cette commune importante sur les plans et sous la direction de M. Lequeux, architecte de l'arrondissement, ancien grand prix de Rome.
La bénédiction du nouvel édifice a eu lieu ensuite, et, après un discours prononcé par le maire, M. Droux, la garde nationale, qui se faisait remarquer par sa belle tenue et par le nombre, a été passée en revue.
Le soir, un bal au profit des pauvres a eu lieu dans les salons de l'hôtel de ville, après un banquet auquel présidait le maire, et qui réunissait tous les fonctionnaires présents à la cérémonie. (Gazette Nationale du 25 octobre 1849)
(1) Aucune indication d’état-civil n’étant à ce jour publiée, précisons que Jean-Constant Jaique (vers 1774-1842), distillateur, s’est marié le 13 juillet 1807 à l’Eglise Saint-Germain-l’Auxerrois, avec Rose Françoise Garnier, laquelle est décédée le 7 juin 1845 à 68 ans ; leur fille Clotilde s’est mariée le 30 juin 1831 avec François Auguste Boyenval, également distillateur à La Villette.
(2) Nicolas Fossau de Colombel (1775-1859), ancien agent de change près la Bourse de Paris jusqu’en février 1825, chef de bataillon de la garde citoyenne et conseiller municipal de la commune de Batignolles-Monceaux fera parler de lui le 18 novembre 1831, lors de sa nomination de Chevalier de la Légion d’Honneur, à l’occasion de laquelle un grand charivari (« une symphonie de poëles, chaudrons, casseroles et cornets à bouquin ») s’est déroulé devant ses fenêtres, lequel charivari a entraîné un procès intenté aux fauteurs de trouble par le maire Jean-Constant Jaique ; les prévenus seront condamnés à 15 francs d’amende pour tapage nocturne.
TOUT PARIS - 37 - Buttes-Chaumont - Restaurant Gonaud (XIXe arrt.)
Collection F. Fleury
En fait ledit « Gonaud » s’appelle Alphonse François Gouault. Alphonse François Gouault(1851-1925), originaire de la Chapelle-Moche dans l’Orne, boulanger de son état, s’est marié le 29 avril 1873 avec Octavie Anne Rose Béhuet (1845-1900), marchande de vins au 37 rue de Meaux. De cette date, les époux Gouault gèrent tous deux cette affaire (à compter de 1880, le n°37 devient le n° 43 rue de Meaux). En 1882, Alphonse Gouault crée une nouvelle affaire de marchand de vins et liqueurs au 31-33 rue Manin / 93 avenue Secrétan, face aux Buttes-Chaumont, le futur Restaurant dit le Chalet Edouard. Il conserve cette limonade jusqu’au 18 juin 1890, date à laquelle, il cède le fonds à Alphonse Jean François Sauvage…
Le 18 décembre 1899, les époux Gouault font l'acquisition, auprès de Lucile Javelot, du Restaurant du Chemin de Fer des Buttes-Chaumont.
Six mois après, le 9 juin 1900, l’épouse de Gouault décède.
Les malheurs continuent à s’abattre sur Gouault puisque le 2 avril 1904, son fils Victor-Eugène, âgé de 28 ans, décède dans le Parc des Buttes-Chaumont. Aussitôt, Alphonse Gouault met en vente l’affaire et trouve preneur, le 23 juillet 1904, en la personne de Claude Gobillot (1866-1922) qui la revendra à Charles Weberdeux ans plus tard, le 15 décembre 1907.
Napoléon III ayant échappé le 14 janvier 1858 à l’attentat meurtrier perpétré dans l’Opéra situé 12 rue Le Peletier, il décide, par décret du 14 novembre 1858, de faire édifier une nouvelle salle d’opéra, déclarée d’utilité publique, qui sera circonscrite entre les rues Mogador (rue Scribe), Neuve-des-Mathurins (rue Glück), Lafayette (place Jacques Rouché), le boulevard des Capucines et la nouvelle rue de Rouen à créer (rue Auber).
Le 30 décembre 1860, Alexandre Walewski, ministre des Beaux-Arts et cousin de Napoléon III, prend un arrêté afin d’organiser un Concours d’avant-projets, pour la construction de cet opéra, qui sera clos le 31 janvier 1861. L’auteur du meilleur projet sera chargé de réaliser les plans définitifs et de conduire les travaux ; les 2e et 3e prix recevront respectivement 6.000 francs et 4.000 francs.
Sur les cent soixante projets qui sont présentés au Palais de l’Industrie, c’est celui de Charles Garnier (1825-1898) qui est définitivement choisi le 6 juin 1861. Garnier ayant dressé ses plans et devis dont le coût est évalué à 12 millions de francs, non compris les terrains qui ont coûté 10.500.000 francs, les premiers terrassements sont engagés le 27 août 1861.
La construction est retardée de plusieurs mois, en raison des opérations de pompage de la nappe phréatique qui réside à cet emplacement. La première pierre du monument est finalement posée le 21 juillet 1862 par le ministre Walewski, en présence de Charles Garnier, de la Commission du concours de l’opéra et de la Commission des bâtiments civils.
Le 26 mars 1867, le Petit Journal, qui suit les travaux de près, annonce que la façade de l’Opéra qui contiendra 2.194 places, sera vraisemblablement achevée en août, et que son aménagement intérieur sera terminé au mieux dans trois ans.
En 1869, le devis, revu à la hausse, s’élève dorénavant à 32.600.000 francs. La guerre de 1870 et la commune de 1871 stoppent net l’avancement du bâtiment.
Le 28 mars 1874, alors que 29.100.000 francs ont déjà été engloutis dans l’affaire, l’assemblée nationale est appelée à voter le crédit supplémentaire de 3.500.000 francs atteignant ainsi le total du devis rehaussé en 1869 : cette somme correspond précisément au prix qui sera tiré de la cession du terrain de 7.000 m² où l’ancien Opéra du 12 rue Le Peletier vient d’être détruit par les flammes le 28 octobre 1873.
L’Opéra dit Opéra Garnier, dirigé par Hyacinthe Halanzier (1819-1896) est inauguré le mardi 5 janvier 1875, avec la représentation de La Juive, opéra en deux actes d’Eugène Scribe, sur une musique de Fromental Halévy, précédé de l’ouverture de La Muette de Portici d’Auber, suivi de la Bénédiction des Poignards desHuguenots de Rossini, et clos par La Source, ballet de Nuitter et Saint-Léon sur une musique de Léo Delibes…
TOUT PARIS - 342 - Rue Bolivar prise de la Rue Burnouf (XIXe arrt.)
Collection F. Fleury
L’ancienne rue de Puebla est devenue la rue Simon Bolivar au motif, présenté le 17 février 1880 par les édiles communaux, représentés par Ernest Hamel, que ledit Bolivar a été le Washington de l’Amérique du Sud. Les bonnes feuilles parisiennes s’émeuvent, demandant ce que le nom du libérateur de la Colombie vient faire dans ce quartier où se lisent les noms de localités qui rappellent des faits d’armes des troupes françaises. Le 14 octobre 1880, le conseil municipal adopte la proposition de la 3e commission : Puebla est remplacé par Bolivar.
publié par rigouard ven. 17 mai 2013 16:44
Ce cliché est pris à hauteur du 88 rue Bolivar où le sieur Carrier, marchand de vins, s’est installé en 1880. En 1887, Carrier cède son fonds à Louis Pierre Médard Fournier (1850-1898) et à son épouse Liza Marie-Joseph Devillers (1847-1909).
Fournier, originaire de Lesbœufs dans la Somme, s’est marié en premières noces, alors qu’il était ferblantier avec Marie-Louise Minet, repasseuse, laquelle décède le 3 juin 1873, à l’âge de 40 ans. Louis Fournier, devenu zingueur au 9 rue de l’Industrie, se remarie le 8 août 1874 avec Liza Devillers, ourdisseuse, originaire de Busigny dans le Nord. On ne saura pas ce qui a incité les époux Fournier à acquérir ce commerce rue Bolivar, rien ne les prédestinant à cette activité vinassière, ni par leurs parents, ni par leur profession ; il est possible qu’en tant que zingueur, Fournier a dû installer de nombreux comptoirs de bars…
Fournier, décédé le 16 juin 1898, sa veuve Liza Fournier-Devillers continue l’affaire, y adjoignant, au premier étage de son immeuble, l’activité d’Hôtel meublé, et y décède à son tour le 22 novembre 1909.
A sa suite, Mme Blai tiendra ce café-hôtel jusqu’en 1912, le revendant à M. Charvet.
A gauche, on aperçoit le tramway de la ligne T.A.D. (ligne 11 puis 26), mis en place depuis 1894, joignant Saint-Augustin au cours de Vincennes, qui sera remplacé par un bus en 1932. Il masque le croisement avec la rue des Chaufourniers (n°32) et le Tabac du n°103 rue Bolivar que possède M. Girou depuis 1906 ; auparavant, cet emplacement (anciennement n°481 rue de Puebla / n°24 rue des Chaufourniers) était occupé par une épicerie-herboristerie, tenue depuis 1874 par Henri-Ernest Devigné (1845-1933) et son épouse Ismérie Victorine Laffly. Les époux Devigné cèderont l’affaire en 1890 au sieur Molveaux qui adjoindra la vente de tabacs à son épicerie.
En 1899, le sieur Raynal, nouveau propriétaire, est dorénavant marchand de vins et de tabacs, avant de vendre l’affaire à M. Girou, toujours actif en 1914.
Aujourd’hui le café tabac du 103 avenue Simon-Bolivar est à l’enseigne du « Navigateur ».
TOUT PARIS - 887 - Les Halles le matin - Pavillon de la Boucherie (Ier arrt.)
Collection F. Fleury A gauche entrée de la rue Vauvilliers et, en biais, de la rue Oblin, toutes deux rasées en 1971-1973.
TOUT PARIS - 1228 - Hôtel Grévy - Avenue d’Iéna (XVIe arrt.)
Le 15 juin 1883, Daniel Wilson (1840-1919), fraîchement marié depuis le 22 octobre 1881 avec Alice Grévy (1849-1938), fait l’acquisition, au prix de 679.357 francs 35c., d’un terrain de 2.156 m², situé à l’angle du 2 avenue d’Iéna et de la rue Magdebourg (qui deviendra à cet emplacement, la rue Albert-de-Mun) ; ce lot appartenait aux époux Joseph Thomé et Eugénie Leleu et au banquier Isaac Edouard Hentsch et à son épouse Caroline Argand.
Alice Grévy n’est autre que la fille de Jules Grévy (1807-1891), président de la République en place depuis le 30 janvier 1879. Daniel Wilson, député de Loches en Indre-et-Loire depuis 1877, est, quant à lui, l’heureux héritier d’un ingénieur anglais qui s’est enrichi grâce aux forges du Creusot et à l’éclairage au gaz parisien.
Wilson charge l’architecte Emmanuel Brune (1836-1886), de dresser les plans pour l’édification d’un hôtel particulier dont le coût estimatif est fixé à 400.000 francs. Deux autorisations de construire sont délivrées par les services de l’urbanisme en date des 17 novembre 1883 et 5 janvier 1884. Une fois l’hôtel achevé, au cours du second semestre 1885, Wilson sollicite à nouveau Emmanuel Brune pour la construction de dépendances et obtient à nouveau deux permis les 3 avril et 1er mai 1886, un mois avant le décès de l’architecte, survenu le 4 juin.
Les initiales « J.G. » entrelacées inscrites au-dessus des portes de l’Hôtel Wilson laissent à penser que le vrai propriétaire serait Jules Grévy lui-même…
publié par zelig dim. 31 oct. 2021 12:04
Tout semble donc sourire à Daniel Wilson qui, loin d’être dans le besoin, se retrouve en octobre 1887, propulsé à la une des journaux, accusé, aidé de complices, d’avoir monnayé l’attribution de décorations de la légion d’honneur, accordées par l’Elysée ; les fonds ainsi escroqués étaient soi-disant destinés à financer des revues et publications éphémères. Ainsi, le sieur Crespin de la Jeannière, afin d’obtenir la croix de la légion d’honneur, devra débourser 20.000 francs, sur une demande initiale de 150.000 francs, pour souscrire au Moniteur de l’Exposition Universelle ; pour les mêmes raisons, le sieur Legrand versera une somme de 40.000 francs…
Eclaboussé, le président Jules Grévy, beau-père de Wilson, est contraint de démissionner le 2 décembre 1887.
Un procès retentissant s’ensuit en février 1888, à l’issue duquel, Wilson est condamné, le 1er mars 1888, à deux ans d’emprisonnement, à trois mille francs d’amende et à cinq ans de privation de ses droits civiques.
Ayant interjeté appel, Wilson est acquitté le 26 mars 1888, la Cour estimant que les faits ne renferment pas les éléments caractéristiques du délit d’escroquerie…
Imperturbablement, Daniel Wilson conservera son mandat de député jusqu’en 1902.
En 1924 l’Hôtel Wilson-Grévy est cédé, au prix de 200.000 dollars, au gouvernement des Etats-Unis d’Amérique, qui y installe la résidence de son ambassadeur, Myron Timothy Herrick (1854-1929) ; de son côté, l’Ambassade proprement dite, située dans un immeuble en location au n°5 rue de Chaillot, sera transférée à l’angle de la rue Boissy d’Anglas et de la place du Concorde (rue Gabriel), sur l’emplacement de l’ancien Hôtel Grimod de la Reynière, démoli en 1930, pour faire place à ladite chancellerie américaine.
L’ex-Hôtel Wilson sera rasé dans les années 1980 pour faire place à un immeuble locatif « Les Jardins de Chaillot », au rez-de-chaussée duquel était installé, jusqu’en 2019, le Centre culturel coréen de l’Ambassade de la République de Corée du Sud.