Paris - Rue de Bièvre

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vilmaug
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Paris - Rue de Bièvre

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Crue de la Seine Janvier 1910 PARIS Quai de la Tournelle Rue de Bièvre
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zelig
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Paris - Rue de Bièvre

 
"PARIS INONDÉ"           Rue de Bièvre
 
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JeanMarc
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Re: Paris - Rue de Bièvre

Paris Ve - Rue de Bièvre

Cela faisait longtemps que je cherchais à localiser l’emplacement de ce cliché que certains situaient, jusqu’à présent, à tort, rue de Montesquieu.
En réalité, le photographe a posé son trépied, en 1910, boulevard Saint-Germain, pour nous présenter l’entrée de la
rue de Bièvre dans le 5e, précisément au n°32, où le commerce de « Vins-liqueurs » est tenu, à cette date, par Jacques Gabriel Louis Lachaise (1873-1914) et son épouse Françoise Vaissaire.
C’est grâce au bandeau publicitaire, accroché au fronton de cette boutique, indiquant « Le serrurier est transféré 12 rue Monge » que, de fil en aiguille, j’ai pu remonter au serrurier
Antoine-Nestor-Fortuné-Joseph Blanchet (né en 1854 à Ecueillé) qui, effectivement, est installé en 1911 à cette adresse, alors qu’auparavant il exerçait son activité dans un passage longeant le n°32 rue de Bièvre, et ce, depuis 1878.
Nous avons, par ailleurs, la confirmation de cette adresse, grâce au cliché réalisé en 1853 par Charles Marville (1813-1879), représentant sensiblement la même vue
voir ►ICI.

Nous donnerons dans un prochain envoi, de plus amples renseignements sur Jean-Baptiste Doussineau, grand pourvoyeur de cartes postales…

J. B. Doussineau, ex-boulanger, victime de la Compagnie de l'Ouest, sans indemnité et sans aucun secours de l'Assistance publique, a fait le voyage de Marseille à Paris à dos de chameau
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Publié par Papang lun. 3 févr. 2014 10:55 ► ICI
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JeanMarc
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Re: Paris - Rue de Bièvre

Paris Ve - 32 rue de Bièvre - Jean-Baptiste Doussineau et son dromadaire

Jean-Baptiste Auguste Doussineau nait le 24 juin 1864 à Sougy dans le Loiret où son père, Louis, est batteur en grange au hameau des Grandes Bordes de cette commune.
Devenu garçon boulanger à Argenteuil, Doussineau, est, par imprudence, victime d’un grave accident de chemin de fer qui lui vaut l’amputation des deux jambes. Ce drame est aussitôt relaté par plusieurs journaux, notamment
le Petit Journal du 19 avril 1888 :
— Argenteuil - Alfred Doussineau (sic pour Jean-Baptiste), garçon boulanger, a l'habitude, pour se rendre à son travail de nuit, de suivre la route du fort de Cormeilles qui traverse la ligne du chemin de fer de Grande-Ceinture au passage à niveau 19. Son arrivée coïncidait avec l'arrivée du train de 8 h. 40, il le laissa passer et voulut traverser, mais le malheureux ne vit pas le train qui venait en sens opposé.
Il fut renversé ; le train lui passa tout entier sur les jambes, qui sont, horriblement broyées jusqu'aux genoux, on a dû recueillir sur une longueur de cinq mètres des os et des lambeaux de chair.
Le blessé a été transporté à l'hôpital où on va procéder à une double amputation ; il est très courageux, mais on redoute les suites de cette terrible opération.


N’ayant pu être indemnisé, ni par la Cie du chemin de fer, ni par l’Assistante publique, Doussineau est pris tout d’abord en charge par ses parents demeurant à Argenteuil où ils sont devenus distillateurs.
Le 20 juin 1893, demeurant dans le 17e arrt. au n°6 rue Guttin, se déclarant boulanger, Doussineau se marie avec
Elisa-Louise Michelle, née à Lillebonne le 24 février 1870, fille naturelle de Zélie Eugénie Michelle, bambrocheuse.
Rapidement séparé de son épouse, Doussineau devient chanteur ambulant, accompagné d’un orgue de barbarie. Il fait à nouveau parler de lui, à Vichy, le 11 juillet 1895, après avoir violemment attaqué au couteau son ex-épouse, qu’il avait accusé de lui avoir escamoter un livret de caisse d’épargne comportant 300 francs :

— Un coup de couteau dans un commissariat - 11 juillet.
Une tentative de meurtre vient d'être commise au commissariat de police de Vichy dans les circonstances suivantes :
Un nommé Doussineau, âgé de trente et un ans, amputé des deux jambes et chanteur ambulant, vivait séparé de sa femme depuis déjà longtemps ; à plusieurs reprises, celui-ci l'avait prié de reprendre la vie commune, ce qu'elle s'était empressée de faire, mais, aussitôt ensemble, les deux époux se firent de nouvelles scènes et durent se résoudre à une nouvelle séparation.
Lundi, Doussineau et sa femme s'étant pris de querelle sur la voie publique, le garde champêtre les conduisit au bureau de police. Le mari fut entendu d'abord, puis on le fit sortir pour procéder à l'interrogatoire de la femme. Après cette formalité, la femme fut priée de sortir, mais à peine la porte était-elle refermée qu'on entendit un cri : c'était Doussineau qui venait de frapper son épouse avec un couteau de cuisine.
M. le commissaire accourut, saisit le mari et le garda à la disposition du parquet ; les agents conduisirent la femme chez un pharmacien où elle reçut les premiers soins ; elle fut ensuite transportée à l'hôpital. Son état est grave.
(L’Echo de Paris 13 juillet 1895)

On retrouve ensuite Doussineau, le 13 juillet 1899, conduit au poste de police de Châlon-sur-Saône, pour avoir joué de son orgue de barbarie, sans autorisation, dans la Grand’Rue, vers 7 heures du soir.

Le 17 mai 1907, domicilié à Paris au n°6 rue de la Croix-Nivert, Doussineau adresse un courrier au journal La Lanterne, par lequel, il annonce vouloir s’unir au syndicat des estropiés français qui vient d’être fondé par François Rosin au n°41 rue des Chapeliers à Marseille, afin de lutter contre l’armée envahissante des simulateurs et faux estropiés. A partir de cette date, Doussineau multiplie l’envoi de communiqués à de nombreux journaux et les rencontres avec le syndicat des estropiés de Marseille.

En 1909, Doussineau fait l’acquisition d’un dromadaire à Vichy et, dorénavant juché sur son camélidé, il fait le commerce de cartes postales à son effigie, en parcourant de nombreuses villes.


Paris Ve - 32 rue de Bièvre - Jean-Baptiste Doussineau et son dromadaire.jpg
Paris Ve - 32 rue de Bièvre - Jean-Baptiste Doussineau et son dromadaire.jpg (126.85 Kio) Vu 296 fois

— De Vichy à Paris à dos de Chameau.
M. Doussineau, l'homme aux jambes coupées, qui fut le promoteur du fameux syndicat des Estropiés, n'a pas fait fortune en jouant de l'orgue dans les rues de Paris. Après avoir reçu les offrandes des Parisiens charitables, M. Doussineau est allé en province et, traînant son instrument de musique, de ville en ville, il a sollicité un petit appui des personnes compatissantes qui voulaient bien s'intéresser à son malheureux sort. Mais les derniers beaux jours s'en vont et M. Doussineau, las de courir les routes départementales, va rentrer dans la capitale, d'une façon sensationnelle.
A Vichy, où il se trouve actuellement, le joueur d'orgue de barbarie s'est procuré un chameau et c'est monté sur ce coursier du désert, que l'infirme va faire la route qui le sépare de Paris. Ce chameau fait du 80 kilomètres à l'heure, tout comme une automobile de 24 chevaux. Mais ce n'est pas à cette allure, qui risquerait d'endommager son orgue, que M. Doussineau compte regagner son domicile parisien.
Malheureusement, un arrêté du préfet de police interdit la circulation, dans Paris, de tous les animaux exotiques qui peuvent effrayer les chevaux. Sans cela, l'homme sans jambes aurait pu, du haut de sa monture, recevoir dans sa main l'obole des gens habitant au premier étage ou, pour le moins, à l'entresol.
Arrière à la barrière, M. Doussineau sera donc obligé d'abandonner son chameau, à moins qu'il ne le vende à quelque boucher, puisque la viande de cet animal était consommée, l'hiver dernier, par des amateurs de ragouts étranges.
(L’Appel au Peuple 25 septembre 1909)

Devenu célèbre, Doussineau continue son périple à travers la France avec son dromadaire qui, lorsqu’il est Paris, est logé dans une écurie de la rue de Bièvre, peut-être l’ancien hôtel du n°22 qui dispose d’une grande porte cochère nécessaire pour l’entrée de l’animal, hôtel dont François Mitterrand fera l’acquisition en octobre 1971 pour y résider jusqu’en 1995.
En dépit des interdictions préfectorales concernant la circulation des animaux exotiques à Paris, Doussineau n’hésite pas à braver la maréchaussée en promenant son animal à travers Paris où il demeure à présent au n°1 rue d’Écosse dans le 5e arrt., avec sa maîtresse Jeanne Martin.

— Le Chameau de l’infirme
Un ancien ouvrier boulanger, Jean-Baptiste Doussineau, âge de quarante-cinq ans, amputé des deux jambes à la suite d'un accident de chemin de fer, fait actuellement le tour de France, à dos de chameau, vivant du produit de la vente de cartes postales le représentant sur sa monture.
L'infirme qui se trouve depuis quelques jours à Paris, et habite avec sa maîtresse Jeanne Martin, 1, rue d'Écosse, passait, hier après-midi, rue Saint-Merri, monté sur son chameau, tandis que cette dernière le suivait à pied. Invité par quelques ouvriers amusés, à entrer avec eux dans un débit de vins, Doussineau accepta, laissant sa bête aux mains de sa compagne.
La présence d'un « navire du désert » eut tôt fait d'ameuter une foule énorme que des gardiens de la paix voulurent bientôt disperser. Doussineau, prié par ceux-ci de s'éloigner, se fâcha, et les injuria. Devant cette attitude les agents se fâchèrent et sommèrent l'infirme de les suivre au poste. Ce dernier se déclara prêt à les satisfaire, mais ses jambes de bois ne lui permettant pas de marcher assez vite il demanda et obtint l'autorisation de grimper sur son chameau.
Une fois sur sa monture, Doussineau la cravacha énergiquement, et celle-ci, en quelques enjambées, l'emporta bientôt loin des gardiens de la paix qui, ahuris, durent se contenter de conduire devant M. Picot, commissaire de police, Jeanne Martin, qui fut d'ailleurs relâchée aussitôt, aucun délit n'ayant été relevé contre elle.
(La Petite République 12 décembre 1909)

J.-B. Doussineau - Sa petite famille et son château roulant — Souvenir de Chartres
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Par le biais de ses cartes postales, on suit Jean-Baptiste Doussineau à Chartres, au Havre, à Dieppe, à Lille jusqu’en 1914, date à partir laquelle, on perd sa trace…

— Lille - Le globe-trotter au dromadaire. Nos concitoyens ont sans doute déjà remarqué, dans les rues du centre, le passage du globe-trotter J.-B. Doussineau, monté sur un dromadaire, une superbe bête, bien harnachée.
Doussineau, ex-boulanger, victime d’un terrible accident de chemin de fer dû à son imprudence, qui lui enleva, — sans qu’il obtienne aucune indemnité, — les deux jambes, travaille pour son propre compte. Il doit, en effet, gagner sa vie et celle de son quadrupède, fidèle compagnon de route.
Il a entrepris de faire le tour du monde en vendant des cartes postales. Il vint de Marseille, par Paris, où, dernièrement, il a encore subi l’opération de la laparotomie.
Autrefois, Doussineau, lequel a, malgré tout, un torse vigoureux et une belle prestance sur son dromadaire, était joueur d’orgue. Mais l’instrument, par trop bruyant, lui attirait des ennuis avec la police. Il préfère monter, aujourd’hui, son ruminant qui attire mieux l’attention du public et laisse les agents plus tolérants.
(Le Grand Écho du nord de la France - 2 septembre 1912)

J-B. Doussineau - Souvenir de Dieppe — Souvenir du Havre
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