TOUT PARIS - 615 - Jardin des Tuileries (Ier arrt.)
A la suite d’une publication de la Gazette des Architectes et du Bâtiment relative datée de 1885, une ribambelle de quotidiens parisiens se découvrent, à l’unisson, une passion pour les quelques soixante statues qui peuplent le Jardin des Tuileries. C’est pour nous l’occasion de trouver les noms attribués à ces sculptures (dont une bonne partie ont disparu aujourd’hui) et d’en découvrir les auteurs, dont nous avons complété, autant que faire se peut, les prénoms et dates d’existence.

publié par zelig ven. 8 oct. 2021 15:59 ►
ICI
Gazette des architectes et du bâtiment. Les Statues des Tuileries. 1885
Nous avons signalé les actes de vandalisme commis journellement dans le jardin des Tuileries. La République française jette à son tour le cri d'alarme, et elle ajoute :
On ne compte pas que des chefs-d'œuvre aux Tuileries ; quelques-unes des statues qui décorent le jardin ne sont que des copies d'après l'antique ; d'autres ont pour auteurs des artistes qui n'ont laissé aucune trace ; mais il en est qui portent les signatures de Coustou, Pradier, Coysevox, Foyatier, Carpeaux, E. Berias, etc.
Inutile d'insister sur la nécessité d'une surveillance active. Les statues des Tuileries sont au nombre de soixante. Peu de promeneurs, sans doute, seraient capables de les désigner par un nom, au moins pour la plupart. On passe devant, on s'arrête quelquefois au pied d'un groupe qui frappe l'œil ; mais on ne pousse pas plus loin la curiosité. A qui, du reste, demander un renseignement ? Les gardiens n'en savent généralement pas plus que le commun des mortels.
Les Guides, les Catalogues, ne contiennent de ces statues ou groupes qu'une nomenclature incomplète. Pour en avoir la liste, il faut avoir recours aux archives du Louvre. C'est ce que nous venons de faire.
L'inventaire de l'administration du Louvre donne le relevé suivant :
Dans le jardin réservé :
Arrie et Paetus, groupe en marbre de Pierre Lepautre (1659-1744). — Du même artiste,
Enée portant Anchise.
Jeune Gaulois, de Jean-Baptiste Baujault (1828-1899). —
La Mort de Lais, de Mathieu Meunier (1811-1882).
Lionne déchirant un paon, d’Auguste Cain (1821-1894) ; du même,
Lionne terrassant un crocodile. —
Flore et t'Amour, d’Antoine Coysevox (1640-1720) ; du même,
Hamadryade et un enfant.
De Léon Cugnot (1835-1894), une
Corybante et Jupiter enfant. — De Louis-Auguste Lévêque (1814-1875),
Diane ; du même, N
ymphe accompagné d'un chien. — De Nicolas Coustou (1658-1733),
Nymphe tenant une colombe sur ses genoux. Nymphe de Diane tirant une flèche de son carquois. — De Louis-Adolphe Eude (1818-1889),
Omphale déguisée en Hercule. — D’Albert-Ernest Carrier-Belleuse (1824-1887),
Bacchante nue appuyée sur un terme de Priape.
Dans le jardin public :
Mercure et Psyché, groupe en bronze, signé Adrien de Vriès (1556-1726). —
Ugolin et ses enfants en prison, bronze de Jean-Baptiste Carpeaux (1827-1875). —
La Comédie humaine, marbre d’Ernest Christophe (1827-1892). —
Alexandre vainqueur du lion de Bazaria, de Jacques-Augustin Dieudonné (1785-1873). —
Prométhée, de James Pradier (1790-1852). —
Le Soldat laboureur, de Henri Lemaire (1798-1880). —
Le Serment de Spartacus, d'Ernest Barrias (1841-1905).
Deux statues signées de l'initiale N. :
l'Aurore sur son char et une
Femme dragon, d'après l'antique.
Flore Farnèse, copie de l'antique signée Antonius-Andréas Callissiensis.
De Denis Foyatier (1793-1863),
Cincinnatus. — De Charles-François Nanteuil (1792-1865),
Alexandre combattant. — De Julien Roux (1836-1880),
la Comédie. —
Phidias, de James Pradier (1790-1852). —
L'Amitié fraternelle, d’Edouard de Conny (1818-1900). —
Périclès, de Jean-Baptiste Joseph Debay (1802-1862). —
Saturne enlevant Cybèle, de Thomas Renaudin (1627-1706). —
Borée enlevant Orithye, de Gaspard Marsy (1624-1681) et Anselme Flamen (1647-1717). —
Thémistocle, de Henri Lemaire (1798-1880). —
Jules César, de Jean-Baptiste Théodon (1645-1713). —
Hercule Farnèse, de Giovanni Comino (1645-1695). —
Daphné, Apollon, de Guillaume Coustou (1677-1746). —
Pomone, de Jacques-Edouard Gatteaux (1788-1881).
Un marbre d'après l'antique, l'Aretino, est signé J. B.
Une Impératrice, qu'on suppose être Agrippine, ne porte pas de signature, non plus qu'une Diane chasseresse, marbre d'après l'antique.
Sur la terrasse :
Plusieurs groupes et statues, de simples copies, ne sont pas signés :
six Muses, Cérès, Bacchus, Bacchus et Hercule jeune, une Femme drapée, les Quatre Saisons, le Nil, un Sanglier au repos.
D’Antoine-Louis Barye (1795-1875),
Lion et serpent. — De François-Joseph Bosio (1768-1845),
Hercule terrassant Acheloüs. — De Jacques-Edouard Gatteaux (1788-1881),
Aristée. — De Guillaume Coustou (1677-1746),
Atalante. — De Pierre Le Pautre (1659-1744),
Atalante. — De Nicolas Coustou (1658-1733),
la Jonction de la Seine et de la Marne.
De Corneille Van Cleven (1645-1732),
la Loire et le Loiret. — De Pierre Bourdict (actif entre 1684 et 1711),
le Tibre. — D’Antoine Coysevox (1640-1720), deux groupes en marbre :
Mercure monté sur Pégase et
la Renommée montée sur Pégase.
Ajoutons que si plusieurs statues de nos jardins publics ont été victimes de mutilations volontaires, l’âge, les gelées, les accidents en ont endommagé beaucoup d'autres. Le Temps nous semble absolument dans le vrai quand il propose la restauration de toutes les statues, pensant fort justement qu'une mutilation en appelle une autre.
L'Administration des beaux-arts agirait donc très sagement en faisant restaurer par ses orthopédistes habituels les nez et les doigts qui manquent aux statues des Tuileries. L'économie qu'on a faite l'an dernier sur les feuilles de vigne des Antiques, trouvera là un emploi opportun.