Le Café Continental est situé sur la travée nord de la Place Saint-Thomas, devenue un temps Place de la Révolution (le 25 germinal de l’an II – 14 avril 1794), puis Place Chateaubriand après 1875.
Les quatre étages de l’Hôtel Continental et le Café Continental qui en occupe le rez-de-chaussée ont été édifiés en 1880 par les sieurs Maisonneuve et L. Picard ; l’immeuble est contigu à l’Hôtel de France, construit en 1841, lequel occupe l’angle de la place Chateaubriand, à l’entrée de la rue des Juifs (rue Chateaubriand), au n°3 de laquelle est né François-René de Chateaubriand en 1768.
Antoine Marie Désiré Gogué né en 1801 à Saint-Malo, y marié le 16 novembre 1837 avec Emma Marie Burgess, est le premier propriétaire de l’Hôtel de France en 1841. Gogué transmet ensuite l’Hôtel de France à son gendre Auguste Lucien Blancard (1821-1879), originaire de Dieulefit dans la Drome, marié depuis le 14 juin 1854 avec sa fille Emma Elisa Gogué (1833-1909). Après le décès de Blancard survenu le 16 janvier 1879 rue Chateaubriand, M. Maisonneuve et son beau-frère L. Picard rachètent l’hôtel.
En 1881, les annonces publicitaires sont élogieuses pour cet établissement :
Hôtel Continental Place Chateaubriand. Ce bel établissement récemment construit et meublé à neuf avec luxe, est le mieux situé de la ville. C’est le seul placé à l’entrée de la plage et des Bains ; toutes les chambres ont Vue splendide sur la mer. Grands et petits appartements avec eau dans les cuisines, agencés spécialement pour familles, avec chambres séparées garnies avec water-closets et service particulier. Cet établissement qui manquait à Saint-Malo est précieux pour les baigneurs et les touristes ; il se recommande par sa bonne tenue.
L’Hôtel Continental quoique sans table d’hôte, possède un office spécial pour déjeuners et soupers froids, café, thé, etc.
Le Grand Café Continental qui y est annexé, l’un des plus vastes de France, est aussi dirigé par les mêmes propriétaires, MM. Maisonneuve et L. Picard.
Après de nouveaux travaux d’agrandissement et de réaménagement, les deux hôtels mitoyens deviennent l’Hôtel de France et de Chateaubriand. Les nouvelles publicités, à partir de 1882, se présentent ainsi :
Hôtel de France et de Chateaubriand. Nouvellement construit et très confortablement aménagé. Possède de nombreuses chambres ayant réellement vue sur la mer. Appartements pour familles. Vaste et belle salle à manger ; Salons ; Fumoir. La partie historique de l’ancien Hôtel où naquit Chateaubriand a été conservée intacte.
Prix modérés. English spoken. Omnibus à la gare.
Picard assure des divertissements et spectacles pour les nombreux touristes qui fréquentent la place Chateaubriand :
Saint-Malo — L'arrivée des beaux jours, tant désirés cette année, amène sur nos plages des artistes de tous genres qui viennent augmenter l'attrait déjà si grand au séjour de l'été à Saint-Malo.
Le grand café Continental a apporté sa part de divertissements aux nombreux touristes accourus ici avec les premiers rayons du soleil.
Le directeur de cet établissement offrait un des spectacles les plus attrayants que puisse présenter un prestidigitateur. Le remarquable artiste, sur lequel M. Picard a eu l'heureuse fortune de mettre la main, a surtout étonné ses nombreux spectateurs par l'incomparable exercice de suggestion qu'il a fait exécuter par son élève, la charmante Nelly.
Ces exercices, aussi variés qu'intéressants, seront renouvelés dimanche dans une matinée que M. Picard a bien voulu organiser.
(journal La France 28 juillet 1890)
En 1895, L. Picard est toujours directeur et propriétaire de l’Hôtel de France et de Chateaubriand. Lui succède, en 1897, Alexandre Chottin (1842-1922), également propriétaire de l’Hôtel de l’Univers de la place Chateaubriand depuis 1882.
En 1911, Ferdinand dit Fernand Tiberge (1873-1937), originaire d’Angers, devient propriétaire du Café Continental. Marié depuis le 15 mai 1899 au Mans avec Émilie Eléonore Gaudinière (née le 12 octobre 1877 à Saint-Baudelle en Mayenne), Tiberge était auparavant, depuis 1903, limonadier à Laval, place de l’Hôtel de Ville.
Après avoir racheté à Alexandre Chottin, en 1922, l’Hôtel de France et Chateaubriand, Ferdinand Tiberge est élu conseiller municipal de Saint-Malo à compter de 1925. Dès cette date, il devient Président du Comité des fêtes de Saint-Malo, et à ce titre, y organise de nombreuses festivités, notamment un concours de musique à Saint-Malo le 27-28 juin 1925, puis l’année suivante, le 28 février 1926 le premier Pardon des Terreneuvas qui sera suivi de bien d’autres ; en juillet 1927, seront également célébrées les fêtes du centenaire de Surcouf…
L’Hôtel de France et de Châteaubriand est toujours exploité aujourd’hui ; le Grand Café Continental porte à présent le nom de Brasserie Chateaubriand.
Orchestre A. Robidou se produisant au Grand Café Continental