Librairie L. Duffau, Agen – Cliché Balistai
Le 28 mai 1913, la Dépêche de Toulouse annonce : « Agen - Nous ferons connaître sous peu le règlement du concours de foulards, de nombreuses adhésions sont parvenues au comité, mais elles seront plus nombreuses encore quand les concurrents auront vu l'exposition des magnifiques prix qui leur seront distribués. »
Il faut attendre le communiqué de la Petite Gironde du 2 juin 1913 pour connaître enfin la date exacte de cet événement : « le Syndicat des Fêtes d’Agen organise pour le dimanche 8 juin, sous les ombrages du Gravier, un Concours de foulards gascons qui devrait bien exciter l’émulation de quelques sociétés bordelaises. »
Dès le 10 juin 1913, le journal L’Excelsior publie deux clichés du Concours de foulards d’Agen qui a eu lieu le 8 juin, lesquels clichés sont réalisés par le photographe agenais Antoine Balistai (1879-1955), dont l’atelier se situe au n°37 boulevard de la République à Agen. Ces clichés seront aussitôt édités et diffusés en Cartes postales par la librairie L. Duffau d’Agen.
Le Foulard Gascon
Un comité de fêtes avait eu l’heureuse inspiration d'organiser hier, à Agen, un concours de foulards, la gracieuse coiffure des jeunes filles gasconnes qui tend, hélas ! à disparaître pour céder la place aux horribles chapeaux à 4 fr. 95, « comme en portent les dames de la ville ».
On ne saurait trop applaudir à de telles initiatives qui sont une revanche du goût et de la tradition sur le faux égalitarisme et sur les laideurs envahissantes.
Un correspondant de l’Avenir du Lot-et-Garonne écrivait, à ce propos, dans ce journal :
« Les concours comme celui de dimanche sont excellents pour démontrer à nos exquises paysannes que les gens d'un goût sûr les trouvent autrement belles avec le foulard de leurs grand-mères qu'avec des chapeaux en retard de deux ans sur la mode de Paris. Mais ces concours pèchent, en général, par un point sur lequel je crois utile d'attirer l'attention du jury : trop souvent, on décerne des prix à l'habileté d'un coiffeur ou à la richesse d'un foulard. Pour que le concours soit réellement probant, il faudrait que les concurrentes se coiffent elles-mêmes devant le jury, montrant ainsi qu'elles ont l'habitude de porter cette délicieuse coiffe. Si cette mesure n'est pas adoptée, on risque de récompenser des femmes qui ne portent le foulard qu'à l'occasion des concours et qui, leur prix empoché, se pressent de reprendre leur chapeau. »
Rien de plus juste, en effet. Et il est à souhaiter que de tels concours s'organisent, un peu partout, pour sauver de l'oubli les pittoresques costumes des vieux pays de France.
(Journal L’Autorité 9 juin 1913)
Un autre concours de foulards aura lieu le dimanche 7 juin 1914 avec 77 concurrentes. Le maire d’Agen, Georges Laboulbène, remettra le premier prix à Mlle Haïdé Seubès, et le prix d’honneur à Mlle Joséphine Pérès.