Grâce à sa fiche militaire ouverte en 1900 sous le numéro de matricule 394, nous pouvons suivre le véritable parcours du combattant que subissaient les conscrits, se terminant bien souvent par leur décès au front.
Appartenant à la classe 1900, Jean Sorel exécute son service militaire obligatoire à compter du 15 novembre 1901. Envoyé en Algérie le 22 novembre 1902, il est versé dans les « régions sahariennes » du 28 décembre 1902 au 16 mars 1904, date à laquelle il rejoint l’Algérie « non saharienne » jusqu’au 20 octobre 1904. Il est libéré du service militaire le 1er novembre 1904, passant dans la réserve de l’armée active.
Reprenant son activité de boulanger, Sorel s’installe en mai 1905 à Laval où il demeure au n°18 rue des Fossés. L’année suivante, notre boulanger demeure au n°6 rue Nantaise à Rennes où il se marie le 26 juillet 1906 avec Joséphine Amélie Françoise Gautier (1881-1943), commerçante à La Chapelle-Chaussée, originaire de La Boussac.
Tous deux acquièrent un fonds de boulangerie-pâtisserie à Rennes situé au n°3 quai Lamennais, où vient de s’installer, en 1906, le restaurant la Maison Dorée tenu par Quimbrot.
Le 14 décembre 1908, Sorel fait parler de lui dans le journal Ouest-Éclair, suite à un feu de cheminée déclaré dans sa boulangerie, rapidement éteint sans causer de dégâts. Précédemment un autre feu de cheminée avait été éteint chez lui, le 12 janvier 1908 à 1h15 précise…
Le 27 avril 1909, les époux Sorel cèdent leur boulangerie-pâtisserie du quai Lamennais à Armand Fouquet fils, boulanger de Vitré, à effet du 30 avril.
Respectant scrupuleusement les consignes des services de l’armée, Jean Sorel déclare le 14 janvier 1910 résider au Mans au n°39 rue Marengo ; le 28 avril 1910 à Saint-Servan, rue Robert Surcouf ; le 3 octobre 1910 à Rennes au n°36 rue de Paris.
C’est à cette époque que Jean Sorel se lance dans le négoce et l’édition de cartes postales, dont toutes porteront la signature « J. Sorel, éditeur, Rennes », la première que nous ayons pu trouver étant oblitérée le 19 mai 1913.
Le 16 mars 1914, Sorel déménage à nouveau, toujours à Rennes, au n°40 route de Lorient.
Mobilisé le 2 août 1914 lors du conflit 1914-1918, il est incorporé au Corps le 6 août 1914, puis réformé le 26 septembre 1914 pour cardiopathie rhumatismale. Rappelé à nouveau par le service des Armées le 27 août 1915 pour être versé au 117e Régiment d’Infanterie, Sorel obtient un sursis pour maladie et bénéficie d’une seconde réforme le 7 octobre 1915 pour bronchite suspecte avec hémoptysie.
C’est précisément le 6 octobre 1915 que le 117e R.I. est passé en première ligne sur le Front de Champagne, à l’Épine de Vedegrange, où il se heurte dans un assaut meurtrier à de sérieuses défenses, et, malgré de fortes pertes, défend la position pendant 15 jours ; après cet effort prolongé, le 117e est ramené vers l’arrière pour être reconstitué.
Sauvé in extrémis du casse-pipe national, Jean Sorel développe son négoce de cartes postales avant de s’installer avec son épouse, toujours à Rennes, au n°17 rue de la Monnaie, dès avant décembre 1918, et y acquièrent, le 21 janvier 1919, le fonds de commerce à l’enseigne du Grand comptoir de la Carte Postale, proposant à la vente, outre des cartes postales, des articles de papeterie, de maroquinerie, de parfumerie… ; ce fonds appartenait auparavant à Arthur Pacory (1867-1918), également éditeur de cartes postales et à son épouse Joséphine Esnault (1868-1946), cette dernière ayant été contrainte de céder l’affaire après le décès de son mari en septembre 1918. (Eugène Pacory, le frère d’Arthur, était à la tête d’une grande manufacture de chaussures à Fougères, au bord du Nançon).
Voir ICI ► Vue actuelle du 17 rue de la Monnaie à Rennes
- Rennes - La Rue de la Monnaie (maison Sorel) (détail).jpg (129.82 Kio) Vu 30 fois
Sorel tient cette boutique jusqu’en avril 1920, date à laquelle il cède son fonds à Mathurin Joseph Leroy (1894-1980), originaire de Meslan dans le Morbihan, qui, lui aussi, éditera quelques cartes postales du département d’Ille-et-Vilaine.
Par un entrefilet paru dans Ouest-Éclair le 17 février 1921, on apprend que Joséphine Gautier-Sorel, l’épouse de Jean Sorel, est toujours « commerçante » chez Mathurin Leroy rue de la Monnaie, et qu’elle vient d’être victime d’un accident d’auto sur la route de Saint-Cast, au cours duquel elle a été légèrement blessée au bras droit.
Comme on pouvait s’y attendre, Jean Sorel divorce, le 21 novembre 1921, d’avec Joséphine Gautier, laquelle se remarie à Nantes le 30 août 1924 avec Mathurin Joseph Leroy, avant d’en divorcer le 27 février 1929. Dans le même temps, en novembre 1921, Mathurin Leroy cède le fonds de commerce du 17 rue de la Monnaie aux éditeurs de cartes postales Garnier et Coconnier, sur lesquels nous donnerons quelques renseignements dans un prochain article.
Le livret militaire de Jean Sorel indique qu’il est libéré du service militaire à compter du 10 novembre 1929, date depuis laquelle, on perd sa trace…
Cession boulangerie Sorel 3 quai Lamennais à Rennes 27 avril 1909 – Annonce 2 décembre 1918 Maison de Cartes Postales Sorel 17 rue de la Monnaie – Annonce 11 avril 1920 Maison Leroy, successeur de Sorel, 17 rue de la Monnaie
- Rennes - Jean Sorel.jpg (157.71 Kio) Vu 30 fois
voir ICI ► la boutique de Jean Sorel, au n°17 rue de la Monnaie