2404 - Paris XVIIIe - Entrée du Square Carpeaux, rue de Maistre
F.F. Paris
Alors que le 29 décembre 1894, le Conseil municipal vient de voter la construction d’une Caserne de Sapeurs-Pompiers au niveau du
n°10 rue Carpeaux voir ► ICI, les édiles municipaux projettent d’y installer un
Square, exactement face à ladite caserne, au
n°23 rue Carpeaux, sur les terrains désaffectés depuis 1879 de l’ancien cimetière du Nord.
Atlas des Grandes Carrières 1868

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Depuis une délibération du 26 mars 1892, il a été en fait décidé de vendre les terrains issus de cette désaffection, mais après avoir réussi à en céder quelques-uns, notamment, le 30 mars 1892, un lot de 2.846 m² situés au carrefour des rues Carpeaux, de Maistre et Lamarck, la tâche s’avère plus difficile que la ville de Paris ne l’imaginait. Aussi, à partir du 21 septembre 1892, la municipalité tente, à l’aide d’annonces y dédiées et répétées, de louer les 13.000 m² subsistant situés entre les rues Carpeaux, Marcadet et de Maistre ; il est même question, dans une des annonces de louer l’ensemble pour y réaliser un jardin…
Finalement, la Ville de Paris réussit tout de même à céder, en 1895 et 1896, cinq des meilleurs lots situés aux angles des rues : 2e lot pour 30.200 francs ; 4e lot pour 39.340 francs ; 19e lot pour 38.490 francs ; 20e lot pour 38.490 francs ; 8-9-10e lot pour 90.000 francs.
Le 9 juillet 1896, Adrien Veber (1861-1932), conseiller municipal, se saisit de l’affaire et demande
l'établissement d'un square sur les terrains non encore vendus de l'ilot 126 appartenant à la ville de Paris. La ville de Paris possède encore dans son ilot portant le n° 126 un ensemble de lots suffisant à l'aménagement d'un square qui pourrait être assez pittoresque à cause des inégalités du terrain, lesquelles devraient être conservées. — Ce square serait en outre utile à l'assainissement de ce bas quartier. Hygiéniquement situé qu'il serait, et à proximité de plusieurs écoles, et à un carrefour, c'est-à-dire en communication rapide avec tout le quartier, il apparaît à tous comme de première nécessité.
La proposition est renvoyée à l'Administration qui, on s’en doute, place le dossier sous la pile des affaires non urgentes.
Le 22 mai 1897, une pétition d’habitants du quartier des Grandes-Carrières sollicitant l'établissement d'un square entre les rues de Maistre, Marcadet et Carpeaux, subit le même sort.
Dix ans plus tard, le 27 mars 1906, Henri Turot (1865-1920), conseiller municipal, exhume le dossier, demandant que le reliquat des terrains non vendus (7.200 m²) soit aménagé en square, sachant qu’entre-temps, d’autres lots ont été vendus aux enchères.
Cette fois-ci, la demande aboutit, puisque le 16 septembre 1906, le Conseil municipal publie un communiqué annonçant que le 6 octobre 1906 aura lieu une
adjudication au rabais, sur soumissions cachetées, pour les travaux d'établissement du square Carpeaux rues de Maistre, Marcadet et Carpeaux (terrassements, terre végétale, canalisations en grès, etc.), dont le montant est évalué à 25.000 francs environ.
Le futur jardin, qui doit
affecter la forme d'un cerf-volant pourvu de deux ailes, comportera quatorze massifs et aura trois entrées : rue Carpeaux, rue Marcadet et rue de Maistre. Sa conception est confiée à Joseph Bouvard (1840-1920), directeur du service d'architecture, qui se propose d'y créer un « bijou d'horticulture ».
Alors qu’il n’est pas encore achevé, le jardin est officiellement dénommé
Square Carpeaux par un décret du 8 septembre 1907. Une première statue en marbre y est aussitôt installée : il s’agit de la
Montmartroise, que Pierre Théophile Camel (1862-1911) avait présentée au salon des artistes français d’avril-mai 1905, et à nouveau proposée au Salon du Grand Palais en mai 1907 ; acquise par le Département, elle avait été offerte à la ville de Paris le 6 juillet 1907, pour être placée dans le nouveau square.
Un second monument en marbre, un
buste du sculpteur Jean Baptiste Carpeaux réalisé en 1903 par Léon Fagel (1851-1913), quasiment perdu dans les réserves de la Ville de Paris, sera installé dans le square le 19 octobre 1929, juché sur une stèle due à l’architecte Henry Bans (1877-1970).
Un Kiosque à musique octogonal avec sous-sol, inscrit dans le budget municipal voté le 5 février 1911 pour un montant de 16.150 francs, sera édifié dans le square par les Ateliers Fender, 55 rue de Flandre à Paris.
L’inauguration du square Carpeaux a eu lieu le dimanche 10 novembre 1907.
Voir ICI ► Vue actuelle de l’entrée du square Carpeaux, au n°23 rue Carpeaux
Voir ICI ► Vue actuelle de l’entrée du square Carpeaux, au n°207-225 rue Marcadet
Voir ICI ► Vue actuelle de l’entrée du square Carpeaux, au n°72 rue Joseph de Maistre

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Inauguration du square Carpeaux
Des arbres et de la verdure dans un quartier populeux.
Le dix-huitième arrondissement, où pullule une population laborieuse, vient d'être doté d'un nouveau réservoir d'air.
Entre les rues Marcadet, de Maistre, Lamark et Carpeaux, un square tout neuf jette une note gaie et moderne sur le vieux Montmartre. C’est le square Carpeaux.
Hier matin, à 10 heures, il fut inauguré par M. Lampué, vice-président du conseil municipal, entouré de M. Lépine, préfet de police ; M. Bernard, secrétaire général de la préfecture de la Seine, représentant M. de Selves ; M. Turot, conseiller municipal ; M. Sembat, député.
Des discours ont été prononcés par le docteur Mayaux, président du comité du square Carpeaux ; par M. Lampué, M. Bernard, M. Sembat et M. Turot.
La musique du 89e d'infanterie a prêté son concours à cette cérémonie.
Dans le square, se dresse une gracieuse statue en marbre, œuvre du sculpteur Camel ; cette statue, bien montmartroise, représente une charmante midinette. Avant peu, le square sera encore orné du buste de Carpeaux, son parrain.
Ainsi que le fait remarquer M. Sembat dans son discours, l'aménagement de jardin analogue au square Carpeaux constitue une arme efficace contre les deux fléaux que sont l'alcoolisme et la tuberculose.
La fête s'est continuée, comme il convenait, par le vin d'honneur réglementaire, offert dans un des nouveaux immeubles de la rue Félix-Ziem, et s'est terminée par un banquet qui fut servi dans un restaurant du Boulevard de Clichy.
(Le Soleil 11 novembre 1907)