Gondry Jean Léopold

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JeanMarc
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Gondry Jean Léopold

Jean Léopold Gondry, nait le 2 avril 1866 à Paris 11e où son père, Léopold Philippe Gondry (1839-1918), est ébéniste 24 rue de Charonne, cour des Deux-sœurs, dans le quartier du faubourg Saint-Antoine. Dès 1859, Gondry père y est répertorié dans les annuaires spécialisés en tant que « fabricant de lits, armoires et buffets-étagères en tous genres, et tout ce qui concerne l’ébénisterie ». (1)
Le père de Jean Gondry, tout comme sa mère, Philomène Aurélie Rogmans (1836-1918), sont nés dans le Hainaut en Belgique, domiciliés 16 passage de la Bonne Graine dans le 11e arrt., où il s’étaient mariés « en catastrophe », le 17 mars 1866, un mois avant la naissance de leur fils.
Immanquablement Jean Gondry suit la voie d’ébéniste tracée par son père, mais celui-ci se déclare en faillite le 11 décembre 1889. Léopold Gondry parvient cependant à signer un concordat avec ses créanciers, le 11 avril 1890, s’engageant à les payer sur cinq ans.
Voyant cela, Jean Gondry envisage un autre avenir, et, tout en continuant à travailler le bois, il crée, en décembre 1892, en association avec des ouvriers du faubourg Saint-Antoine amateurs de photographie, la
Société Franco-Belge de photographie à Paris. Le siège social de cette société, présidée par Gondry lui-même, est fixé au n°42 rue de Reuilly, dans un local installé au milieu d’un petit jardin, où les sociétaires cotisants disposent d’un atelier de pose, d’un laboratoire de développement et d’un salon de lecture avec bibliothèque.

Siège social de la Société Franco-belge de photographie 42 Rue de Reuilly
Franco-belge de photographie 42 rue de Reuilly.jpg
Franco-belge de photographie 42 rue de Reuilly.jpg (62.42 Kio) Vu 356 fois

Passage Stinville le long du 42 rue de Reuilly, à droite (cliché Gondry)
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Le 1er janvier 1893, le Bulletin du Photo-Club de Paris, 40 rue des Mathurins, publie le communiqué suivant :
Il vient de se créer à Paris une Association Belge des Amateurs de photographie, sous la présidence de M. J. Gondry : cette nouvelle que nous trouvons reproduite dans plusieurs journaux est assez laconique et nous ne connaissons pas le siège social de la nouvelle Association. Nous lui souhaitons la bienvenue, toujours heureux de voir les amateurs se réunir et former des Sociétés qui ne peuvent que contribuer au développement de la science et de l'art photographiques.

Jean Gondry se marie le 23 décembre 1893 dans le 12e arrt., avec Jeanne Willems, née à Bruxelles le 5 septembre 1864, doreuse, qui demeurait avec sa mère au 218 rue du faubourg Saint-Antoine. Les témoins du mariage sont Georges Gondry, frère de Jean et ébéniste rue du faubourg Saint-Antoine, et Jérôme Willems, frère de Jeanne Willems et doreur rue du faubourg Saint-Antoine.
Alors que Jean Gondry dirige la Franco-belge de photographie, son frère George en est le secrétaire, tandis que son beau-frère Jérôme Willems en est le trésorier. Sont membres actifs, son père Léopold ainsi que M. Bastin, consul et chancelier de la légation de Belgique ou encore M. Caumeau, vice-président du conseil municipal de Paris. Hormis ceux-ci les sociétaires sont notamment MM. Havet, Bouard, Fauconnier, Laedlein, Mouroux, Brault, Bayan, Gaston, Heraud, Frémault, Contrastin, Emery, Niewenglowski, Douley, Perras, Didiot, Dantoer, Mongodin, Wargnier, Cayard, Yriey, Jamme, Aubry, Dalle, Brininger, Genteur, Rougeolle, Maré et Lenders…

Le 14 décembre 1895, afin de célébrer son troisième anniversaire, la Franco-Belge donne un banquet au café du Globe, 8 boulevard de Strasbourg, moyennant une participation de 5 francs par personne.
En janvier 1896, Jean Gondry, tout en restant membre actif, quitte la présidence de la Franco-belge de photographie, au prétexte que les statuts de ladite société, annexés par la préfecture, stipulent que le président doit être de nationalité française ; Gondry, étant outre-quiévrain, est remplacé par M. Havet. La société Franco-belge restera active jusqu’en 1907 au 42 rue de Reuilly.

C’est en 1901 que Jean Gondry s’installe au 4 rue Roubo, voie qui donne sur la rue du faubourg Saint-Antoine, où il ouvre une boutique de « phonographes et graphophones » à l’enseigne « PHONO-PHOTO » nom sous lequel il va éditer dorénavant de nombreuses cartes postales, pour la plupart de grande qualité, dont il assure également la prise de vue et le développement.

Boutique de Jean Gondry 4 rue Roubo, phonographes et photographie
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En 1907, Gondry loue, en sus, un second local proposant des fournitures pour la photographie et un atelier de pose, situé au n°26 rue du Pré à Montreuil-sous-Bois. Il fait paraître régulièrement dans des revues spécialisées, des réclames proposant notamment de réaliser, pour 7 francs, un tirage de 500 cartes postales du cliché fourni par un photographe (12 francs pour 1.000 cartes), mais ne néglige pas pour autant son autre activité de vente de phonographes dotés de pavillons en aluminium, de machines parlantes à gros et petits cylindres, de cinématographes de salon, de pathéphones, de films…

Le 19 mai 1908, Gondry va faire parler de lui dans bon nombre de journaux parisiens. La célèbre Louis Weber, alias La Goulue (1866-1929), retirée du Moulin Rouge depuis 1895 pour accoucher de son fils Simon Victor, avait décidé de se produire dorénavant dans une troupe foraine présentant des fauves. Le 18 mai 1908, La Goulue, installée au Cours de Vincennes, fait appel à Jean Gondry, pour réaliser une série de clichés du fils de l’ex-danseuse, dans la cage de la ménagerie ; c’est à cette occasion que se déroule le drame relaté à l’unisson par les médias :
Mordu par une lionne. M. J. Gondry, photographe, avait été appelé par la Goulue, à photographier son fils, un enfant de douze ans, dans la cage centrale de la ménagerie, cours de Vincennes, à côté d'une lionne que la dompteuse fait journellement travailler. L'enfant venait de pénétrer, à midi, dans la cage, quand le fauve se précipita, sur lui et le mordit cruellement au poignet et au bras gauche. Aux cris de l'enfant, M. Gondry et les employés de la ménagerie se portèrent à son secours, et, à l'aide de barres de fer, réussirent à repousser la lionne et à la faire passer dans une cage voisine. L'enfant a reçu les soins d'un médecin, il en sera quitte pour quelques jours de repos.
(Journal La Presse 19 mai 1908)

Gondry en aura profité pour réaliser quelques clichés de la Goulue.
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Un drame autrement plus grave se déroule le 17 avril 1913 dans l’atelier de photographie de Jean Gondry, au 26 rue du Pré à Montreuil, mettant en scène son propre fils Georges Paul Gondry (1894-1962). Là encore, les journaux en font des gorges chaudes :
Tué en jouant au pistolet. Hier soir, vers huit heures, deux jeunes gens de Montreuil-sous-Bois, les nommés René Jolly, âgé de quinze ans, demeurant 1 rue Menuet, et Georges Gondry, dix-neuf ans, habitant 26 rue du Pré, s'amusaient ensemble, à cette dernière adresse, tirant à la cible avec un pistolet système Flobert chargé avec de la poudre et des balles. C'était un article de bazar. Tout à coup, Jolly s'effondra, blessé au coeur. Aucun témoin n'était là. Transporté à l'hôpital, le jeune homme est mort en cours de route. Son camarade Gondry affirme n'avoir commis aucune imprudence. Le corps de l'enfant a été transporté à la Morgue.
(Les Nouvelles 18 avril 1913)

Lors du procès qui s’ensuit, le fils Gondry est condamné pour homicide par imprudence le 28 janvier 1914 : il écope de deux mois de prison avec sursis, d’une amende de cinquante francs, et est condamné à verser dix mille francs de dommages-intérêts au père de René Jolly.
Notre éditeur-photographe Jean Gondry ne s’en remettra pas, d’autant que le conflit survenant six mois plus tard, son affaire de PHONO-PHOTO n’est plus viable.
En 1916, lors du mariage de leur fils Georges du 10 août, nous retrouvons Jean Gondry et son épouse Jeanne Willems, installés en tant qu’épiciers au n°297 rue du faubourg Saint-Antoine.
Les époux Gondry tiennent leur épicerie jusqu’en 1925, date à laquelle, ils cessent toute activité et demeurent dorénavant 21 rue de Jussieu dans le 5e arrt., où ils sont encore attestés le 22 mars 1930, lors du remariage de leur fils devenu veuf.

La rue Roubo pendant les grèves (cliché Gondry Phono-Photo)
Gondry 4 rue Roubo.jpg
Gondry 4 rue Roubo.jpg (179.82 Kio) Vu 356 fois

(1) La rue de Charonne regorge d’artisans du bois. Nous avons pu décompter, du 5 au 59 rue de Charonne, pour l’année 1863, pas moins de quarante-cinq ébénistes, huit fabricants de sièges chaises fauteuils, six sculpteurs sur bois, deux tourneurs sur bois, deux fabricants de meubles divans et berceaux, deux fabricants de billards, cinq tapissiers, six ébénistes en bois des îles et bois de chêne, cinq fabricants de roulettes, trois fabricants de moulures, deux découpeur bois, deux canniers, un vannier et un fabricant de rotins filés.
Classement : 26.32%
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