TOUT PARIS - 712 - École de la Rue Jomard (XIXe arrt.)
Jusqu’à sa création en 1863, la
rue Jomard faisait partie intégrante de la place de l’Église Saint-Jacques-Saint-Christophe, qui deviendra la place de Bitche le 16 août 1881.
Le terrain de cette place, situé sur la commune de la Villette, à l’angle de la route départementale n°22 (future rue de Crimée) et du Quai de l’Oise bordant le canal de l’Ourcq, appartenait depuis 1827 au sieur
Jean-Baptiste-Louis-Fleury Houy dit Houy-Neuville. Celui-ci, ancien notaire de 1806 à 1816, ancien maire de La Villette devenu négociant et agent d’affaires, avait repris l’exploitation des jeux du Jardin de Tivoli du n°20 rue Saint-Lazare, à compter de sa réouverture du 17 mai 1818 jusqu’à sa fermeture définitive du 25 septembre 1825, associé à Joseph Domergue Durozet. Le terrain de Tivoli ayant été cédé à la spéculation immobilière, Houy avait investi le fruit de sa cession à la Villette, tout en restant administrateur-actionnaire du nouveau Tivoli du n°80 rue de Clichy qui avait ouvert ses portes en juin 1826.
A partir de 1828 et jusqu’en 1834, Houy-Neuville, demeurant au n°374 rue Saint-Denis, s’efforce, par le biais de petites annonces très fréquentes, de « louer, vendre ou échanger contre des biens de ville ou de campagne » ses terrains maisons cour et hangars situés sur les bords du canal et du bassin de l’Ourcq à la Villette, « servant en partie de chantiers et de dépôts de charbon ».
Les nombreuses réclames de Houy-Neuville restent en partie vaines puisqu’il est contraint de vendre en audience des criées, le 17 août 1836, le terrain de 5.337 m² du quai de l’Oise / rue de Crimée au prix de 64.300 francs, lequel était estimé à 85.392 francs : l’acquéreur n’est autre que la commune de La Villette. Une semaine plus tard, le 23 août 1836, Houy-Neuville est déclaré en faillite, et le 11 juillet 1839, sa liquidation est clôturée pour insuffisance d’actif.
A la suite de l’acquisition de ce terrain, le conseil des bâtiments civils fixe, le 17 décembre 1838, la dépense de la construction de la nouvelle Église de la Villette à 235.401 francs sur les plans de l’architecte Paul-Eugène Lequeux (1808-1874), décidant qu’en avant de cette église sera une place (la future place de Bitche),
à droite la Mairie et les Écoles et à gauche le presbytère dont le jardin s’étendra jusqu’à l’extrémité de la nef.
Un nouveau terrain avec un bâtiment, contiguë au premier, est acquis le 17 octobre 1837 pour 27.378 francs auprès du sieur Langlois, afin de compléter l’emplacement de ces implantations.
Une première délibération de la municipalité de la Villette datée du 6 mai 1833 avait voté l’installation de deux écoles gratuites pour les garçons et les filles ; une seconde décision du 1er décembre 1835 avait réitéré ce vote pour l’édification d’une école communale de garçons. Finalement, le 15 juin 1841, le conseil municipal Villettois décide d’établir de nouvelles
écoles en bois, en remplacement des premières devenues insuffisantes.
La Villette est ainsi dotée de baraquements faisant office d’écoles, à l’emplacement de la future rue Jomard. Chacune des écoles (filles et garçons) accueille 300 enfants ; le directeur et la directrice des deux établissements touchent un traitement annuel de 1000 francs, celui de la salle d’asile, ouverte le 10 novembre 1836, est rémunéré 700 francs.
En 1856, l’Ecole communale de garçons compte 86 élèves payants et 242 gratuits, celle des filles 56 payantes et 309 gratuites ; la salle d’asile accueille 300 enfants gratuitement.
En 1882, une école maternelle est installée au n°7 rue Jomard, dirigée par Mme Teston, remplacée l’année suivante par Mlle Catherine-Clara Lambert. A cette date l’École communale des Garçons est dirigée par François Bouzat, venu remplacer François Emile Monière décédé le 19 juin 1882 ; l’École des Filles est tenue par Mlle Debeauregard.
Les baraquements en bois qui devaient être provisoires semblent devenir définitifs, malgré les réclamations récurrentes des élus du 19e arrt. qui finissent par obtenir qu’un crédit de 600.000 francs soit voté le 29 décembre 1884 pour leur reconstruction.
Cependant l’affaire continue à s’éterniser et les pétitions s’accélèrent :
— 21 juin 1890 : Du consentement de tous les passants, l'endroit le plus dangereux de la rue de Crimée se trouve en face le baraquement de la place de Bitche.
— 23 octobre 1890 : 1.200 habitants du quartier de La Villette demandent le déplacement des écoles en bois situées sur la place de Bitche.
— 26 février 1891 : J'ai l'honneur d'appeler l'attention de l'Administration sur la nécessité de déplacer au plus tôt l'école en bois de la place de Bitche dirigée par M. Thivet ou, si ce déplacement ne peut se faire, de supprimer de suite les latrines contiguës à cette école.
— 21 mai 1892 : Nous avons l'honneur d'informer le Conseil qu'ayant visité récemment les écoles communales de la place de Bitche, nous avons constaté l'état tout particulièrement déplorable, au point de vue de l'hygiène et de la salubrité, de l'école de garçons dirigée par M. Bouzat. Nous prions l'Administration de mettre en première urgence la reconstruction du groupe scolaire de la place de Bitche.
Finalement, 50 ans après l’implantation des baraquements scolaires de la rue Jomard / place de Bitche, le conseil municipal confirme le 31 mars 1893, le crédit de 600.000 francs alloué pour la reconstruction des écoles communales de filles et de garçons et d’une école maternelle. L’architecte Philippe-Édouard-Napoléon Leroux (1823-avant 1906) est chargé de dresser les plans qui sont soumis à l’approbation du préfet le 12 juillet 1895. Le conseil municipal vote une ultime fois le 2 août 1895, l’autorisation de cette dépense et lance une adjudication des travaux à exécuter pour le 21 septembre 1895. Répartis en six lots ceux-ci sont adjugés comme suit :
1er lot. — Terrasse et maçonnerie, évaluation 363.209 francs. — M. Auget, 17 rue de Laghouat. Rabais, 25,30 %.
2e lot. — Charpente en bois, évaluation 31.926 francs. — La Société des ouvriers charpentiers de La Villette, 49 rue Saint-Blaise. Rabais 39,30 %.
3e lot. — Couverture, plomberie et ardoiserie, évaluation 36.592 francs. — M. Gibault, 68 rue de l'Aqueduc. Rabais 26,70 %.
4e lot. — Menuiserie, évaluation 53.905 francs. — M. Bouillon, 127 rue de Flandre. Rabais 39,60 %.
5e lot. — Parquetage, évaluation 44.712 francs. — M. Bontemps, 40 rue Balagny. Rabais 15,60 %.
6e lot. — Serrurerie et ferronnerie, évaluation 77.207 francs. — MM. Gaubey et Devaux, 58 rue de la Roquette et 6 rue de Sévigné. Rabais 38,30 %.
On apprend par le journal le Rappel du 29 septembre 1896 que le groupe scolaire de la rue Jomard, flambant neuf, vient d’ouvrir ses portes :
On vient de construire à la Villette, à l'angle des rues Jomard et Joinville, une très belle école, sur le pan coupé de laquelle ont été sculptées les armes de la ville de Paris, avec cette devise ridiculement défigurée :
Fluctuat. Mergitur
Va-t-on laisser subsister cette ridicule erreur.
Un lecteur assidu, habitant du Quartier.
Dorénavant le côté impair de la rue Jomard comprend au n°5 le Bureau de Bienfaisance et un Dispensaire qui avait été créé en juin 1892 ; au n° 7, l’École communale des garçons dirigée par François Bouzat ; au n°9, l’École communale des filles dirigée par Mme Soulas. L’École maternelle, toujours dirigée par Mlle Lambert se situe au n°2.

publié par rigouard mar. 21 mai 2013 11:13