Dinard - Grand Hôtel

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JeanMarc
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Dinard - Grand Hôtel

Série de cartes postales anciennes du Grand Hôtel de Dinard (35 – Ille-et-Vilaine)

444 - Dinard - Le Grand Hôtel - ND Phot.

Confiseur à Rennes, lors de son mariage du 15 juin 1836 avec Julie Fannie Saulgeot (1819-1905), Antoine Auguste Duvignaud (né dans le 1er arrt. à Paris le 3 prairial de l’an XI – 23 mai 1803) devient, deux ans plus tard, tenancier du Café de la Comédie, tout proche du Théâtre rennais (aujourd’hui l’Opéra de Rennes place de la Mairie). Leurs trois fils Hippolyte Claude, Albert Charles et Auguste Alexandre naissent successivement en 1838, 1840 et 1851.

Dès 1838, Duvignaud fait parler de lui en adressant une lettre à la municipalité rennaise :

— La Ville, avec un grand nombre de becs, est mal éclairée. Cela tient à ce que la pression qu’on donne à l’usine à gaz n’est pas assez forte… Le gaz distribué si misérablement n’arrive jamais pur, sa couleur, qui devrait être blanche, est jaunâtre et donne peu de clarté… Souvent, les jours de représentation au théâtre, la pression est tellement faible que l’administration, ne pouvant nier le fait, répond : « cela est vrai, mais nous craignons de manquer de gaz pour la voirie, demain cela ira mieux »
Un abus très grave aussi, c’est le monopole que s’est attribué l’administration de fournir les appareils à gaz, refusant de donner du gaz à ceux qui ont voulu se soustraire à ses prix exorbitants.
Il serait souhaitable de placer ici et là des becs étalons qui devraient toujours donner la quantité de lumière d’une lampe Carcel d’un numéro déterminé. Il va bien falloir en effet, si l’on veut travailler en paix, qu’on arrive à davantage de précision dans l’appréciation, jusqu’ici privée de référence, de l’accomplissement des obligations résultant des cahiers des charges.

Dans la nuit du 20 au 21 février 1856, un feu mal éteint dans la cheminée du foyer public provoque un incendie qui ravage le théâtre de Rennes ; « Le Café de la Comédie a beaucoup souffert ; mais il faut espérer qu’il y aura possibilité de le rétablir avant que la salle elle-même ne soit réparée. Les pertes de M. Duvignaud ont été sensibles ».
Comme prévu, le limonadier réussit à faire restaurer rapidement son établissement qui ouvre quelques mois plus tard, mais c’est très certainement cette catastrophe qui incite Duvignaud à placer une partie de ses œufs dans un second panier, à savoir sur un terrain qu’il a acquis à Dinard, dénommé la pièce Roussel. C’est sur ce terrain, situé sur la baie du Prieuré, le long de la Grande Rue, n°169 devenu n°46 (la future rue George V), que Duvignaud fait édifier en 1858, ce qui deviendra le Grand Hôtel de Dinard, établissement qui sera, à de multiples reprises, modifié, agrandi et reconstruit au fur et à mesure des années ; plusieurs bâtiments hôteliers annexes seront ultérieurement édifiés sur la parcelle.
Ayant déjà fort à faire avec son Café de la Comédie à Rennes, Duvignaud confie l’exploitation de son hôtel à un directeur : le premier nommé est
Jean Ursule dit Élie Pompon (1828-1903) qui tiendra l’hôtel jusqu’en 1868, avant de devenir l’éphémère maire de Dinard de 1870 à 1871. Élie Pompon apportera des fonds à la famille Legros qui tenait le premier établissement de bains de mer à Dinard (1) ; de 1890 à janvier 1893, Pompon prendra la direction du Grand Hôtel de la Plage de Saint-Lunaire qui comportait 120 chambres et possédait un casino.
Léon Nicolas (né le 4 septembre 1805 à Saint-Jean d’Angély), cuisinier de l’Hôtel du Faisan à Tours, lors de son mariage du 19 septembre 1831 avec Perrine Catherine Cuinier (née le 14 août 1812 à Madrid), succède à Élie Pompon, en 1868, à la tête du Grand Hôtel de Dinard. (2)
En mai 1869, on apprend que l’hôtel « vient d’être en partie enlevé par la dernière tempête ». Léon Nicolas en profite pour procéder à des travaux d’agrandissement et de modernisation. Il passera les rênes de l’établissement en 1881 à
Alphonse Pierre Bourrouillou (1835-1895), originaire de Varades en Loire-inférieure, marié depuis le 9 février 1863 avec Rose Marie Françoise Devauze ; lors de son mariage à Tours, Bourrouillou était marchand de papiers peints.
Bourrouillou dirigera l’hôtel durant 14 ans, jusqu’à son décès survenu le 20 février 1895. A cette date, le propriétaire des murs de l’hôtel, Antoine Auguste Duvignaud, est déjà décédé, et c’est un de ses fils,
Albert Charles Duvignaud (1840-1922), installé à Saint-Malo et marié avec la malouine Albertine Constance Suzanne Chapuis (1847-1899), qui en a hérité, ses frères ayant récupéré leur part avec notamment la cession du Café de la Comédie de Rennes où la présence des Duvignaud était encore attestée en 1873 puis en 1880. (3)

Réclames pour le Grand Hôtel de Dinard 1865 à 1889
Image

Les directeurs du Grand Hôtel qui succèdent à Bourrouillou ne nous sont pas connus. Par contre, le propriétaire, Albert Duvignaud surnommé par dérision « Alcide » par les malouins, fait parler de lui à Saint-Malo et ne se fait pas que des amis, après avoir été nommé Conseiller municipal en 1908. La raison en est simple : Duvignaud s’est avisé de vouloir prendre une taxe sur les possesseurs d’enseigne qui rapporterait bon an mal an 3.000 francs l’année. Les commentaires vont bon train dans les bonnes feuilles de Saint-Malo et on y lit notamment dans L’Avenir de Saint-Malo du 15 janvier 1909 : Pourquoi, encore une fois, M. Duvignaud, le vénérable M. Duvignaud, qui est affligé de 80.000 francs de revenus, sans charges d’aucune sorte, n’aménagerait-il pas pour les militants de la Fédération une partie de son magnifique hôtel de Dinard ?
Finalement Duvignaud abandonne son projet et adresse sa démission au conseil municipal en septembre 1909.

En 1913 Albert Duvignaud cède le Grand Hôtel de Dinard à
Jean Baptiste dit Joseph Kieffer (1847-1933), époux de Marie-Louise Froment (1849-1919), ancien limonadier propriétaire du Café de la Régence du 161 rue Saint-Honoré à Paris, de 1873 à 1903.
Les deux fils de Joseph Kieffer (René Eugène et Albert Louis) vont épouser les deux sœurs Suzanne et Clémence Millon, filles du richissime restaurateur Arthur Millon (1852-1913), propriétaire du restaurant Weber du 23 rue Royale, du Pavillon Ledoyen des Champs-Elysées et du Café de la Paix de l’Opéra.
Finalement
le Grand Hôtel de Dinard reviendra par hoirie à René Eugène Kieffer (1880-1945) époux de Suzanne Millon (1888-1969), qui héritera également du restaurant Weber de son beau-père.
De 1930 à 1932, René Eugène Kieffer devient maire de Dinard, précisément au moment où est aménagée l’emblématique Promenade du Clair de Lune.
En 1932, René-Eugène Kieffer crée la société Grand Hôtel de Dinard au capital de 600.000 francs, chargée d’exploiter ledit Hôtel et y associe son épouse ; son fils Michel Albert Kieffer (1910-2009) qui se mariera le 12 octobre 1940 avec Hélène Anne Marie Tiné (1913-2012) ; sa fille Odile Kieffer (1912-1983) qui se mariera le 24 juin 1934 avec Jean Ternynck (1908-1992).
La société Kieffer et Cie - Grand Hôtel de Dinard existait toujours en 1977.
En 1998, le Grand Hôtel de Dinard est racheté puis rénové par le groupe Lucien Barrière. Aujourd’hui, il se compose de 84 Chambres et de deux Suites climatisées.

Dinard - Le Grand Hôtel (444 ND Phot.).jpg
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(1) Installé sur la plage de l’Écluse, l’établissement de bains de mer de Dinard, fondé par le maître-nageur Édouard Joseph Legros et son épouse Adélaïde Gauthier (1813-1878) a été continué par leur fils Alphonse Auguste Legros (1851-1913) qui assurait les fonctions de maître-nageur, chaisier et tourneur…

(2) Ernest Nicolas, le fils de Léon Nicolas (né à Tours le 23 février 1834, décédé à Pau le 19 janvier 1898) sera, sous le nom de Ernest Nicolini, un célèbre chanteur lyrique ténor, et se mariera en 1886 avec la non-moins célèbre cantatrice Adelina Juana Maria Patti (1843-1919).

(3) Le 23 février 1873, Duvignaud (lequel ?), toujours exploitant du Café de la Comédie est condamné à 59 francs d’amende par le Tribunal de police correctionnel de Rennes, pour avoir servi de témoin lors d’un duel entre le sieur Domalain, ex-commandant de la légion bretonne, et M. de Lavilleaucomte, propriétaire rennais.
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Re: Dinard - Grand Hôtel

443 - Dinard - Le Grand Hôtel – ND Phot.

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