Phono-photo, Gondry, édit. Paris
Ce groupe scolaire se situe au fond à gauche de cette voie qui se termine en impasse au cimetière du Père Lachaise. L’école des Filles et la Maternelle sont accessibles au n°9 rue de Lesseps, l’école des Garçons au n°11, la cour de récréation étant placée entre les deux bâtiments.
Par délibération du conseil municipal du 21 décembre 1894 il est décidé de translater les écoles de la rue de la Réunion dans le 20e arrt., sur un terrain de 4.200 m² situé rues de Lesseps et de Suez, appartenant à Jeanne Denise Belgingue (1827-1904), veuve de François Gadel (1794-1855) et à son fils Charles Joseph Gadel (1850-1923), architecte demeurant au n°75 rue de Bagnolet (le n°75 rue de Bagnolet est précisément situé près de l’entrée de la rue de Lesseps).
Une première proposition avait été faite aux consorts Gadel le 22 novembre 1894, mais celle-ci avait été repoussée par ceux-ci. Un nouveau mémoire est dressé le 27 juillet 1895, cette fois-ci accepté par Gadel qui s’engage à céder son terrain de la rue de Lesseps au prix de 140.000 francs, la ville de Paris prenant à sa charge l’éclairage des deux voies privées rues de Suez et de Lesseps ; les réverbères existants et la canalisation de gaz devenant propriété communale. Ce projet définitif est entériné par le préfet de la Seine le 9 novembre 1895.
Le 3 avril 1896, le conseil municipal fixe à 661.000 francs le montant du crédit nécessaire à la construction de ce groupe scolaire prévu pour accueillir 26 classes (filles, garçons et maternelle) et un atelier de travail manuel.
L’architecte Léon Charles Albert Julien (né en 1847 à Charonne) est chargé des plans de cette construction dont les travaux sont adjugés en 10 lots le 4 juillet 1896 :
1er lot. — Terrasse et maçonnerie : évaluation, 413.411 francs. — M. Lécosse, 89 rue des Pyrénées. — Rabais, 31,70 %.
2e lot. — Charpente en bois : évaluation, 25.265 francs. — Société des ouvriers charpentiers de La Villette, siège social, 49 rue Saint-Blaise. — Rabais, 25,20 %.
3e lot. — Couverture, plomberie et ardoiserie : évaluation, 41.086 francs. — M. Mouren, 8 et 10 rue des Fêtes. — Rabais, 43,70 %.
4e lot. — Menuiserie : évaluation, 73.091 fr. — M. Bouillon, 127-129 rue de Flandre. — Rabais, 37,60 %.
5e lot. — Parquetage : évaluation, 35.310 francs. — MM. X. Feuder et fils, rue de Flandre, 55. — Rabais, 20,20 %.
6e lot. — Ferronnerie et serrurerie : évaluation, 138.647 francs. — M. Couvreur, 29 rue d'Argenteuil. — Rabais, 39,40 %.
7e lot. — Fumisterie : évaluation, 29.750 francs. — M. Defanti, 261 avenue Daumesnil. — Rabais, 44,20 %.
8e lot. — Peinture, vitrerie et tenture : évaluation, 40.511 francs. — M. Delassue, 159 rue Saint-Martin. — Rabais, 30,10 %.
9e lot. — Égouts et canalisations d'eaux-vannes et ménagères : évaluation, 19.737 fr. — M. Quéhan (Félix), 87 rue Michel-Bizot. — Rabais, 34,30 %.
10e lot. — Canalisation pour le gaz : évaluation, 15.925 francs. — MM. Fourdrain et Fèvre gendre, 58 rue de Rochechouart. — Rabais, 40,10 %.
La cession du terrain de la rue de Lesseps des consorts Gadel est réalisée par Me Mahot de la Quérantonnais, notaire, qui, le 9 octobre 1897, présente à la municipalité l’état des frais qui lui sont dus à hauteur de 9.299 fr. 83 c.
L’inauguration du groupe scolaire a lieu le dimanche 30 janvier 1898.
Inauguration du Groupe Scolaire de Lesseps
Un nouveau groupe scolaire
Sous la présidence de M. Puech, vice-président du conseil municipal, a eu lieu cet après-midi, rue de Lesseps, l'inauguration du groupe scolaire du vingtième arrondissement.
M. Puech était assisté de MM. Vert, maire de l'arrondissement ; Bellan, syndic du conseil municipal.
Sur l'estrade d'honneur, on remarquait : MM. Vaillant, député ; Patenne, conseiller municipal ; Bouvard, architecte de la Ville, et les représentants du ministre de l'instruction publique et du préfet de police.
Des discours ont été prononcés par M. Puech et M. Patenne.
La Chorale de Belleville et l'Union symphonique prêtaient leurs gracieux concours à cette cérémonie.
Ce nouveau groupe scolaire, destiné à recevoir plus de 1.300 élèves, se compose de trois bâtiments distincts, dont l'un est réservé aux filles, l'autre aux garçons et le troisième à une école maternelle.
Les enfants pourront s'ébattre tout à leur aise dans de vastes cours plantées de platanes.
(La Presse lundi 31 janvier 1898)