Paris - Rue du Marché des Patriarches

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JeanMarc
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Paris - Rue du Marché des Patriarches

Paris Ve – Marché des Patriarches
Rue du Marché des Patriarches vue de la rue Daubenton
P. Marmuse, Paris

Paris Ve - Rue du Marché des Patriarches.jpg
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Le marché des Patriarches a été établi en juin 1684, en vertu de lettres patentes, dans une cour dépendant du domaine des anciens patriarches de Jérusalem du quartier Mouffetard.
Comme l’atteste la très intéressante Sentence de police du 11 juillet 1727 dont nous publions l’intégralité in extenso, les marchandes du quartier Mouffetard étaient tout sauf dociles, et il a fallu l’intervention musclée de Joseph Fremyn (1674-1741), Commissaire du Quartier de la Place Maubert et Conseiller du Roy, pour contraindre lesdites marchandes à réintégrer le Marché dans l’Hôtel des Patriarches donné en concession au sieur Jacques Estienne de Canaye (1649-1744), alors qu’elles s’évertuaient à vendre leurs marchandises au dehors et dans les rues adjacentes audit Marché.
Après que la révolution ait fait main basse sur le Marché des Patriarches, il est concédé à la Ville de Paris par décret impérial du 30 janvier 1811, en même temps que le marché Beauvau, celui des chevaux et celui de Sceaux pour la vente des bœufs.
En raison de sa vétusté, l’Hôtel des Patriarches est démoli et reconstruit sur le même emplacement, après qu’une ordonnance royale du 2 juin 1830 ait autorisé la ville de Paris à réaliser cette opération confiée à l’architecte André Châtillon (1782-1859).
Alors que le nouveau Marché des Patriarches est en cours d’achèvement, le journal « La France Nouvelle » du 6 mai 1831 nous donne une bonne description de celui-ci :
On met, en ce moment, la dernière main aux travaux de construction du nouveau marché qu'une compagnie fait élever au centre du faubourg Saint-Marcel, entre les rues Mouffetard, Censier, Gracieuse et de l'Epée-de-Bois, sur l'emplacement de l'ancien marché des Patriarches, que l'acquisition de terrains voisins a considérablement étendu.
C'est un seul corps de bâtimens formant un carré long, entièrement couvert et composé de vastes caves, d'une douzaine de grandes boutiques ouvertes de chaque côté sur la longueur, de logemens au-dessus, et de greniers surmontés d'un grand espace vide, par lequel l'air s'introduira de toutes parts. Chaque extrémité se termine par trois grandes arcades. A celle qui donne par la rue Censier, la pente du terrain a nécessité la construction d'un perron en fer à cheval, de huit ou dix marches, au haut duquel se trouve le bassin carré d'une fontaine. Le centre est garni de deux rangs adossés, chacun de quatorze grands comptoirs, coupés au milieu par l'escalier des caves. Ces comptoirs et les boutiques sont exclusivement destinés aux approvisionnemens de bouche ; mais on doit, par la suite, indépendamment des maisons qui ne manqueront pas de s'élever dans le voisinage, établir, sur la place qui règne autour du marché, des boutiques et échoppes destinées à recevoir toutes sortes d'autres établissemens de commerce, et plusieurs communications vont encore être pratiquées, principalement sur la rue Mouffetard, point le plus vivant de ce quartier populeux.
On croyait faire l'ouverture de ce marché le 15 de ce mois, nais elle parait être ajournée au premier juin prochain.


Le 23 novembre 1831, la ville de Paris accorde à MM. Pruvot et Carret une nouvelle concession de 80 ans pour le nouveau Marché des Patriarches qui ouvre ses portes le 31 juillet 1832.

Le Marché des Patriarches Clichés Eugène Atget
Paris Ve - Rue du Marché des Patriarches (clichés Eugène Atget 1898 et 1910).jpg
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A l’issue de la concession du marché qui doit prendre fin le 30 juillet 1912, la Ville de Paris décide de reprendre, elle-même, l’exploitation dudit marché. A cette date, le tarif des locations est fixé comme suit : Places du milieu 2,80 frs par semaine ; Places de côté 5,60 frs par semaine ; Boutiques d'angle 29 francs par semaine ; Caves 0,60 frs par semaine. M. Guyot est maintenu comme concierge du marché, moyennant un salaire annuel de 2.073 fr. 20 c. et la jouissance du logement.
Le Marché des Patriarches fermera ses portes en 1953. Il sera remplacé par un gymnase et des logements de la ville de Paris.

Sentence de Police qui ordonne aux Regratieres Vendeuses de Marée & autres Marchandises, de la rue Mouffetart & des environs, de se retirer dans le Marché establi dans l’Hostel des Patriarches,
Extrait des Registres du Greffe de la Chambre de Police du Chastelet de Paris du Vendredy 11 juillet 1727.

Sur le Rapport à Nous fait à l’Audience de la Chambre de Police par Maistre Joseph Fremyn, Conseiller du Roy Commissaire ancien du Quartier de la Place Maubert ; Que Sa Majesté ayant accordé au sieur de Canaye, Conseiller du Roy en sa Cour de Parlement & Grande Chambre d’icelle, de nouvelles Lettres Patentes pour le rétablissement du Marché dans l'Hostel des Patriarches, rue Mouffetart, pour la commodité publique ; Et attendu que par la Sentence d'Enregistrement desdites Lettres, il a esté commis en qualité de Commissaire ancien dudit Quartier pour tenir la main audit rétabliffement, il auroit en conséquence & par ses soins, fait rentrer dans ledit Marché toutes le Regratieres & Vendeuses de Marée qui estoient répandues au dehors & dans les rues joignantes ledit Marché ; Néanmoins que par les fréquentes polices qu’il y a faites, il auroit remarqué que lesdites Femmes murmuroient & menacoient de sortir dudit Marché & d’aller au-dehors vendre leurs Marchandises, ce qu’il a empêché par ses remontrances, nonobstant lesquelles les nommées le Sueur & le Vasseur se seroient donné la licence de vendre leurs Marchandises soit dans la rue, ou dans leurs boutiques qui font auprès dudit Marché ; Et comme il a cru qu’il estoit nécessaire d'empescher un tel procédé & éviter que ce mauvais exemple ne fût suivi par les autres, luy Commissaire a cru qu’il estoit de son devoir de faire assigner lesdites le Sueur & le Vasseur devant Nous, tant à cause de leur contravention, que pour raison des menaces qu’elles font journellement à la nommée la Cour, Placière dudit Marché, dont il a receu la Plainte verbale, mesme a fait assigner les nommées Prevost, Lepine la jeune, Pleau, Doyen la jeune, le Page, la Veigne & l’Hoste Saint Jean, Frémont, Labitue, la Corps, Saint-Martin & la Beaujean, lesquelles vendent de la Marée, Beurre, Oeufs, Moluë & Poissons frais dans leurs Boutiques rue Mouffetart, pour les obliger à se retirer dans ledit Marché pour y vendre leurs Marchandises, afin d’oster tout prétexte & sujet de plaintes aux Femmes qui y sont establies : lesdites assignations données par Exploits de Berthelemy, Huissier à Verge & de Police audit Chastelet, du jour d’hier. Sur quoy NOUS, après avoir entendu ledit Commissaire en son rapport & les Gens du Roy en leurs conclusions, avons donné deffaut contre lesdites dénommées cy-dessus, non comparantes, quoyqu'assignées ; & pour le profit, Ordonnons que les précédentes Ordonnances, Sentences & Reglemens de Police seront executez selon leur forme & teneur, & en conséquence faisons deffenses auxdites Femmes Regratieres & Vendeuses de Marée & autres Marchandises, de vendre à l’avenir leurs Marchandises ailleurs que dans ledit Marché : Leur enjoignons de rester dans les places qu’elles y occupent, & de s’y comporter de manière qu’il ne nous en revienne aucunes plaintes. Et à l’égard desdites le Sueur, le Vasseur, & desdites Prevost & autres cy-dessus nommées, leur enjoignons de se retirer dans ledit Marché, leur faisons deffenses & à toutes autres de faire aucun étalage & vente de Marée & autres Marchandises à l’avenir dans leurs Boutiques & dans ladite rue Mouffetart & rues adjacentes, à peine de vingt livres d’amende contre chacun des contrevenans ; Et pour la contravention desdites le Sueur & le Vasseur, les condamnons chacune en Quinze livres d’amende, sur les premiers deniers de laquelle amende avons adjugé trois livres audit Berthelemy ; leur faisons deffenses de plus user de menaces envers ladite la Cour, Placière, & en cas de contravention, permettons d'emprisonner les contrevenans. Mandons de nouveau audit Commissaire Fremyn, de tenir exactement la main à l’execution de nostre présente Sentence, qui fera lue, publiée & affichée audit Marché, ès environs & par tout ailleurs où besoin sera, & executée nonobstant oppositions ou appellations quelconques, & sans préjudice d'icelles. Ce fut fait & donné par Nous RENE HERAULT, Chevalier Seigneur de Fontaine-Labbé, Conseiller du Roy en ses Conseils d’Etat & Privé, Conseiller d’Honneur en son Grand Conseil, Maistre des Requestes Ordinaire de son Hostel, & Lieutenant General de Police de la Ville, Prevosté & Vicomté de Paris, tenant le Siège le Vendredy onze Juillet mil sept cent vingt-sept.
Signé, HERAULT,
MOREAU.
SIFFLET Greffier.
La Sentence cy-dessus a esté lue & publiée à haute & intelligible voix à son de Trompe & Cry public, en tous les lieux ordinaires & accoutumés, par moy Aimé-Richard Girault, Huissier à Cheval au Chastelet de Paris , commis à l'exercice de la Charte de Juré Crieur ordinaire du Roy, de la Paille, Prevosté & Vicomté de Paris, y demeurant Place Baudoyer, Paroisse Saint Gervais, accompagné de Louis Ambezar & Claude Craponne, Jurez Trompettes, & Louis-François Ambezar, commis Trompette, le trente Juillet 1727, à ce que personne n’en prétende cause d'ignorance, et affichée ledit jour esdits lieux.
Signé, GIRAULT.
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