
NADAR
Né le 06 avril 1820
Décédé le 21 mars 1910 (à l'âge de 89 ans)
Né dans une famille d'imprimeurs aux opinions radicales, Félix NADAR (1820-1910) s'intéressa aux idées les plus avancées de son temps en politique, littérature et sciences. Bien qu'une carrière littéraire sembla lui être assurée en suivant une activité dans le journalisme illustré (il commença par faire des dessins et caricatures de personnages célèbres), Nadar se tourna très vite vers la photographie.
Après une période créative de portraits d'artistes et écrivains dans son premier atelier de la rue Saint-Lazare (1854-1860), Nadar s'installa ensuite boulevard des Capucines au cœur du quartier des spectacles (1860-1870). Il devint un professionnel du portrait photographique dès 1855. Les portraits sont généralement de trois quart réalisés sur des fonds sombres ou noirs. Très dépouillés dans leur conception, ils révèlent une extrême maîtrise des éclairages. Ces portraits sur papier salé de la série Édition (voir le portrait de Théophile Gautier reproduit) frappent par leur atmosphère a la fois intime et révélatrice. On pressent immédiatement la nature des liens qui unissaient l'auteur à ses modèles. (Cette technique est à l'opposée de celle plus évasive et mystique employée par sa contemporaine anglaise Julia Margaret CAMERON).
A partir des années 1860, Nadar adopte les méthodes de production en série (format carte album puis carte de visite sont largement diffusés) pour vendre à bas prix et rentabiliser son affaire.
Dans les portraits de la deuxième génération (atelier des Capucines) éclairés à l'électricité, certains éléments de la panoplie d'atelier (livres, colonnes, chaises et tables) font leur apparition. Si la supériorité du papier salé pour le rendu des modulations de tons délicates reste incontournable et prisé, ce procédé est progressivement abandonné au profit du papier albuminé qui garantit une grande netteté sur toute la surface et s'avère plus économique.
Lorsque la guerre de 1870 interrompt toute activité économique, Nadar ferme son atelier pour en rouvrir un troisième deux ans plus tard rue d'Anjou (troisième génération). Son fils Paul Nadar en assure la direction artistique et l'influence de Nadar s'atténue se consacrant à d'autres centres d'intérêts : littérature et service postal en ballon. Nadar ne s'intéresse plus désormais aux étoiles montantes de la scène ni aux écrivains débutants, mais aux valeurs confirmées du monde culturel des années 1860 qu'il continue de photographier.
Toujours ouvert aux idées nouvelles et aux inventions de son temps, Nadar fut le premier à photographier les catacombes et égouts de Paris (1861) avec le seul secours de l'éclairage artificiel et à photographier Paris du haut d'un ballon.
Nadar fut le pionnier de la prise de vue aérienne, un auteur prolifique, un caricaturiste célèbre et un inlassable défenseur de la liberté d'expression. Mais par-dessus tout Nadar fut un grand artiste de la photographie, le seul qui put convertir Baudelaire à son art en dépit de tous les préjugés de l'époque.
Texte de : PH. DAVAL-KLEIN
Peu d'artistes ont su aussi bien explorer la figure humaine. Ayant toujours fait preuve de générosité et de loyauté avec ses amis, il faisait partie de cette race d'homme dont la parole donnée vaut bien mieux qu'un acte notarié.
Texte de Jean-Marc Pau