PARIS. - 11 Novembre 1920. - Fêtes du Cinquantenaire de la République - Hommage au Poilu Inconnu et à Gambetta
Place Denfert-Rochereau - Le Poilu Inconnu est placé sur le Canon de 155, à côté du Char de Gambetta
L'Abeille, Paris
Cette
600ème carte du sujet Métro est un peu particulière, puisque -
les passionnés du Métropolitain ne manqueront pas de le faire remarquer - l'évocation du Métro y est fort discrète, et même un peu floue. Je répondrai qu'effectivement, c'est un peu léger, et je n'aurais certainement pas acheté cette carte si elle n'évoquait pas, par ailleurs, un évènement historique, et hautement symbolique pour notre pays.
Le cliché est pris à l'extrémité de ce qui est à l'époque
l'Avenue d'Orléans. L'Avenue a été renommée
Avenue du Général Leclerc le 10 février 1948, en hommage au général commandant la 2ème DB qui entra dans Paris par cette voie le 25 août 1944. L'extrémité de cette Avenue, du côté de la Place Denfert-Rochereau, qui est justement la partie photographiée sur cette carte, a été, quant à elle, renommée
Avenue du Colonel Henri Rol-Tanguy en hommage à ce chef de la Résistance parisienne dont le PC était situé dans les Catacombes dont l'entrée est toute proche.
Le bâtiment que l'on voit en arrière-plan est l'un des deux pavillons construits en 1787 par l'architecte
Nicolas Ledoux, pour encadrer la
Barrière d'Enfer, percée dans le mur des Fermiers Généraux. Ces deux bâtiments sont classés Monuments Historiques et abritent, l'un,
l'Inspection Générale des Carrières, et l'autre, la
Direction de la Voirie et des Déplacements.
Le bâtiment représenté sur la carte est prolongé à droite par un mur sur lequel est fixé une curieuse pancarte demi-circulaire portant l'inscription "
Métropolitain " et signalant l'accès Guimard à la station
Denfert-Rochereau qui se situe encore plus à droite, et dont on devine d'ailleurs, juste à côté du panneau demi-circulaire, le panneau traditionnel en lave émaillée et portant lui aussi l'inscription "
Métropolitain ", caractéristique des accès Guimard.
Venons-en maintenant au sujet principal de la carte.
L'idée d'honorer tous les combattants morts pour la France pendant la Grande Guerre à travers l'inhumation solennelle, en un lieu symbolique, d'un Soldat Inconnu, est émise, dès 1916, alors que la guerre fait encore rage dans le Pays. On envisage d'abord le Panthéon, mais c'est finalement l'Arc-de-Triomphe qui est choisi après discussions et hésitations bien françaises, par une loi du 2 novembre 1920.
On demande aux autorités militaires de réunir un certain nombre de corps de soldats morts au combat, dont l'identité française est parfaitement établie, mais l'identité personnelle inconnue.
Un jeune engagé volontaire, nommé
Auguste Thin, aura la charge de choisir, parmi huit cercueils, celui qui recevra les honneurs, le 10 novembre 1920, à Verdun. Le cercueil choisi sera acheminé par le train vers Paris, où il sera veillé toute la nuit du 10 au 11 novembre, Place Denfert-Rochereau.
Le lendemain, 11 novembre 1920, placé sur un canon de 155, le cercueil traversera Paris, accompagné du char transportant, dans une châsse, le coeur de Gambetta. Les honneurs seront rendus au Panthéon, puis le cortège gagnera l'Arc-de-Triomphe où le corps du Soldat Inconnu sera placé sous la voûte au cours d'une cérémonie officielle.
Le même jour, le coeur de Gambetta est déposé au Panthéon.
Le Soldat Inconnu sera inhumé le 28 janvier 1921. Entre-temps, le cercueil sera veillé dans une des salles intérieures de l'Arc-de-Triomphe.
La carte présentée a voyagé à couvert, sans doute peu de temps après ces évènements.
Adressée à une demoiselle Annette Philippe à Lamballe dans les côtes du Nord, elle porte une correspondance très sobre : "
Souvenir du 11 novembre 1920. Signé :
Anicet et Germaine ".
> Liste des cartes de la station Denfert-Rochereau