Tout Paris

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JeanMarc
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Re: Tout Paris

► Cartoliste Tout-Paris classée par numéros
► Cartoliste Tout-Paris classée par arrondissements

TOUT PARIS - 638 - Place Gaillon (IIe arrt.)
F.F. Paris


A gauche, en premier plan on aperçoit la devanture du fameux Restaurant Drouant où se réunissent, dans le salon du 1er étage, tous les premiers mardis de chaque mois depuis le 31 octobre 1914, les dix membres de l’Académie Goncourt.
C’est le 15 mars 1881 (et non en 1880 comme il est unanimement répété partout) que Charles Drouant a acquis cette affaire de marchand de vins située à l’angle du n°18 rue Gaillon et du n°35 rue Saint-Augustin.

Voir ICI ► Vue actuelle de la Place Gaillon
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Ce commerce ne date pas de la veille ! Il est attesté dès avant 1798, tenu par Edmé Bongrand (1769-1825), originaire de Sancerre ; à cette date, l’adresse se situe à l’angle du n°22 rue Gaillon et du n°27 rue neuve Saint-Augustin. Le 25 septembre 1800, Bongrand se marie à Sancerre avec Marie-Jeanne Habert (1776-1853). Simon Bongrand fils (1803-1870) continue l’affaire familiale de la rue Gaillon et épouse le 17 janvier 1828 à Paris 3e, la parisienne Augustine Aimée Bacot (1807-1895).
Le 2 avril 1838, Simon Bongrand est désigné au sort juré titulaire du jury de Paris. Il tiendra le café Gaillon durant 35 ans avant de le céder au sieur Lambert en 1861, lequel le revendra en 1869 à Vergerie, le prédécesseur de Charles Drouant jusqu’au 15 mars 1881.

Charles Drouant (1853-1943), né à Bourg-Bruche dans les Vosges, a épousé en 1ères noces, Clémence Méon (1854-1879), originaire de Rambervilliers Le mariage a lieu le 22 février 1879 à Colroy-la-Grande où Charles Drouant est marchand de vins ; son frère aîné, Albert Drouant (1851-1909), témoin à l’état-civil, est également marchand de vins, installé à Paris dans le 10e arrt. depuis 1874, au n°130 boulevard Magenta / 33bis rue de Dunkerque voir ► ICI, affaire qu’il tiendra jusqu’en 1899, avec son épouse Émilie Thévenot (1857-1933).

Dès son mariage de 1879, Charles Drouant et son épouse partent sur Paris et y reprennent une affaire de marchand de vins située à l’angle du n°2 rue Cler et du n°113 rue Saint-Dominique, laquelle appartenait auparavant à Charles Champion. voir ► ICI
Leur fille Clémence Virginie Drouant naît rue Saint-Dominique le 1er décembre 1879 ; Clémence Méon-Drouant décède à la suite de cet accouchement, le 21 décembre 1879.

En 1881, Charles Drouant vend le café Saint-Dominique à E. Gand, pour prendre place dans son futur restaurant de la rue Gaillon. Un mois après cette acquisition, Drouant épouse en secondes noces, le 23 avril 1881, Ernestine Palisson (1859-1940) ; cinq enfants naîtront de leur union, tous au n°18 rue Gaillon, entre 1882 et 1899.
Le 5 juillet 1893, Charles Drouant pourra agrandir son local en acquérant, auprès des sieurs Litt et Burkard, le fonds de commerce et le droit au bail du tabac-tabletterie qui était mitoyen à son restaurant dans le même immeuble.
La notoriété du restaurant Drouant qui n’était plus à faire, ne fera que s’accroître avec le déjeuner mensuel des membres de l’Académie Goncourt à partir de 1914. En raison de la guerre, les académiciens n’attribueront pas le prix de littérature cette année-là et le réserveront pour l’attribuer à la fin du conflit ; ils décerneront cependant celui de 1915, le 1er décembre 1915, à René Benjamin, pour son roman Gaspard.
L’activité du restaurant Charles Drouant sera poursuivie par son père Jean Pierre Drouant (1882-1949) à partir de 1914, puis par un de ses petit-fils Jean Drouant (1913-2009), fils de Maurice Drouant, de 1946 à 1976.
Depuis l’affaire est passée aux mains de nombreux propriétaires et actuellement, depuis 2018, aux frères Gardinier.

Restaurant Drouant - Académiciens Goncourt au traditionnel repas (clichés Agence Roll 1925 et 1927)
Le prix Goncourt 1927 est attribué le 7 décembre 1927 à Maurice Bedel pour son roman « Jérôme, 60° latitude nord » par 6 voix sur 10, contre 3 voix pour André Chamson et 1 voix pour Herbert Wild.
Seuls sept académiciens étaient présents au repas du restaurant Drouant. Lucien Descaves, Léon Daudet et Georges Courteline ont voté par correspondance.
Debout de gauche à droite : Gaston Chérau, Raoul Ponchon, Pol Neveux, Jean Ajalbert, J.H. Rosny jeune ; assis : Léon Hennique, J.H. Rosny aîné.
Restaurant Drouant et Académiciens Goncourt au traditionnel repas (cliché Agence Roll 1925 et 1927).jpg
Restaurant Drouant et Académiciens Goncourt au traditionnel repas (cliché Agence Roll 1925 et 1927).jpg (79.1 Kio) Vu 517 fois
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Re: Tout Paris

TOUT PARIS – 1325 - 42 - Boulevard de la Gare - Carrefour Jeanne d'Arc - Ligne aérienne du Métro (XIIIe arrt.)

Rarement on aura vu une telle enfilade de marchands de vins sur un boulevard ! En réalité, tous les commerces installés sur cette partie du boulevard de la Gare sont des tenanciers de débits de boissons et liquoristes.
Ainsi en 1914, on a Botineau (vins) au n°94 du boulevard ; H. Daurès (vins et hôtel) au n°96 ; Romain (vins et hôtel) au n°98 ; Borga (vins) n°100 ; Magne (vins) au n°102 ; Delsol (vins et hôtel) au n°104 ; Serre (vins) au n°106 ; au n°108 et 110 aucun commerçant ; A. Bœuf (vins) au n°112.

Trois des établissements représentés sur ce cliché vont bientôt disparaître définitivement, suite à la délibération prise par le Conseil municipal le 20 avril 1910 qui a décidé le percement de la rue Jeanne d’Arc, en prolongement de celle existante, entre le boulevard de la Gare et le boulevard de l'Hôpital. La largeur prévue pour cette nouvelle voie est de vingt mètres et, en conséquence, la Cité Doré et des Kroumirs, située en arrière du boulevard, entre la rue Jenner et la place Pinel, sera supprimée, à la satisfaction de nombre de riverains.
► voir ICI le rapport accablant établi en 1882 par la Préfecture de Police sur l’état d’insalubrité de la Cité Doré et des Kroumirs du 13e arrondissement.
► voir ICI quelques explications sur la première prolongation de la rue Jeanne d’Arc datant de 1895

Le 18 janvier 1911, un crédit d’un million de francs est voté pour la réalisation du prolongement de la rue Jeanne d’Arc, déclaré d’utilité publique par décret du 25 août 1913.
Enfin, le 30 avril 1914, le Tribunal civil de première instance de la Seine ordonne l’expropriation immédiate des terrains et habitations, nécessaire à la réalisation du projet. MM. de Gauran et Lelièvre, juges agréés par le tribunal, sont chargés de fixer les indemnités auxquelles ces expropriations pourront donner ouverture.
Sont ainsi expropriés en totalité ou en partie des propriétés situées rue Jenner, rue Esquirol, passage Crouin, place Pinel, rue Louis-Français, Cité Doré, avenue Constance et avenue Constant-Philippe.

En ce qui concerne le boulevard de la Gare, les n°104, 106 et 112, visibles sur ce cliché, seront ainsi rasés :
N° 21 du plan — Boulevard de la Gare, n°104 et avenue Constant-Philippe (totalité). — propriétaire Mathieu (François) et Seguis (Antoinette-Elise), son épouse, demeurant 8, rue de Solférino.
N° 22 du plan — Boulevard de la Gare, n°106 et avenue Constant-Philippe (totalité). — propriétaire Raulot (Claude), demeurant 16, passage Perret.
N° 23 du plan - Boulevard de la Gare, n°112 (totalité) – anciens propriétaires : Veuillier et Dugourd (veuve) — propriétaire déclaré : Choquet (Paul), y demeurant.

En décembre 1920, le prolongement de la rue Jeanne d’Arc annoncé joue les prolongations ! Le docteur Ludovic Calmels, conseiller municipal du 13e, suit l’affaire de très près et intervient fréquemment en mairie. Ainsi le 18 décembre 1920 :
— Messieurs, la rue Louis-Français est une voie du, quartier de la Salpêtrière qui commence place Pinel pour aboutir à la cité Doré, en formant un cul-de-sac dont l'aspect est lamentable. Les trottoirs ne sont point délimités et ils se confondent, soit avec des terrains vagues, soit avec le talus donnant accès à la cité Doré.
Cette situation regrettable cessera le jour où la rue Jeanne-d'Arc prolongée débouchera boulevard de la Gare, mais en attendant la réalisation de cette opération importante, il n'est pas possible, dans l'intérêt général, de laisser les lieux dans l'état actuel, et des palissades judicieusement placées peuvent modifier sensiblement l'aspect du cul-de-sac en question ; c'est pourquoi, Messieurs, je vous soumets la proposition suivante :
« Le Conseil délibère : L'Administration est invitée à faire poser des palissades dans le cul-de-sac de la rue Louis-Français et aux abords de la cité Doré, en harmonie avec la configuration du sol actuel, et en respectant la largeur réglementaire des trottoirs. »

L’ouverture de cette nouvelle voie ne sera effective que le 9 juin 1936 :
— La Municipalité de Paris a inauguré, le 9 juin 1936, à 11 heures du matin, la rue Jeanne-d'Arc prolongée, entre le boulevard de la Gare et le boulevard de l'Hôpital.
Etaient présents :
M. Gabriel Boissière, Secrétaire du Conseil Municipal ; M. Achille Villey, Préfet de la Seine ; M. Calmels, Président du Conseil général, Conseiller Municipal du quartier de la Salpêtrière ; M. Cheberry, Directeur-adjoint du Cabinet du Préfet de police, représentant M. Langeron ; M. Victor Bucaille, Syndic des Conseils Municipal et Général ; M. Doumerc, Directeur du Plan de Paris ; M. Olivier, Maire du XIIIe arrondissement ; MM. Cristout et Domart, maires-adjoints ; et de nombreuses personnalités du quartier et de l'arrondissement.

Des discours seront prononcés par Ludovic Calmels, par Gabriel Boissière et par Achille Villey.

A noter que le boulevard de la Gare deviendra le boulevard Vincent Auriol en 1976.

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publié par zelig jeu. 12 mai 2022 15:10 ► ICI
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Re: Tout Paris

TOUT-PARIS - 373 - Rue de Meaux à la Rue Secrétan (XIXe arrt.)
Collection F. Fleury


En Premier plan, au n°41 rue de Meaux, la Cie des Établissements Économiques (dépôt W.P.)
Nous avons déjà étudié ► ICI le parcours des créateurs de la Cie des Établissements Économiques et la Société la Vigneronne réunis : Auguste Gaspard Jauriat (1849-1919) et Georges Loëvi (1860-1927).
Nous pouvons ajouter que la fille de Georges Loëvi, Marguerite-Ida Loëvi (1893-1968) épousera en 1914 le célèbre marchand d’art et galiériste Paul Rosenberg (1881-1959), dont la petite fille maternelle sera la journaliste Anne Sinclair.
Aujourd’hui, la boutique du 41 rue de Meaux est affermée à la société Coucou pressing sous l’enseigne « Étoile Pressing ».

Voir ICI ► Vue actuelle de cet emplacement
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Re: Tout Paris

TOUT PARIS - 807 - Crue de la Seine, inondation du Square - Quai de l'Hôtel de Ville (IVe arrt.)
Collection F. Fleury

version colorisée

Vue sur le Pont Louis-Philippe et l’Ile-Saint-Louis
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Re: Tout Paris

TOUT-PARIS - 1419 - Panorama de la Rue Bidassoa et Boyer (XXe arrt.)
F.F., Paris


Cet immeuble de rapport formant l’angle du n°42 rue de la Bidassoa et du n°1 rue Boyer a été édifié sur les plans de l’architecte Albert Sélonier (1858-1926), déposés en mairie le 5 octobre 1903. Le commanditaire de cette construction était un certain Savary, demeurant n°38 rue Auguste-Normand au Havre.

Voir ICI ► Vue actuelle de cet emplacement
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Re: Tout Paris

TOUT-PARIS - 1419 - Panorama de la Rue Bidassoa et Boyer (XXe arrt.)
F.F., Paris


version colorisée de la carte précédente
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Publié par rigouard sam. 18 oct. 2025 09:55► ICI
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Re: Tout Paris

33 - Montreuil-sous-Bois - Rue de Paris - Sortie de l'usine des Bébés Jumeaux (sic pour Jumeau)
Collection F. Fleury

L’usine, aujourd’hui désaffectée, avait son entrée au n°152 rue de Paris et l’arrière donnait sur la rue Étienne Marcel.
Le 14 avril 1841, Pierre-François Jumeau, négociant, et son épouse Adèle-Amélie Aumoitte, demeurant au n°14 rue Salle-au-Comte à Paris (ancien 6e arrt. puis 1er arrt.) (voie qui disparaîtra en 1859 lors du percement du boulevard Sébastopol) s’associent avec Louis-Désiré Belton, négociant, et son épouse Jenny Prudence Marteau, demeurant également au n°14 rue Salle-au-Comte, formant la société en nom collectif Belton et Jumeau, à effet le 15 janvier 1842, ayant pour objet l’exploitation du fonds de commerce de bimbeloterie du n°14 rue Salle-au-Comte qu’ils ont acquis des époux Hérissey. Lucius Junius Bara Hérissey (1794-1858) né à Évreux et son épouse Jeanne Mézières (1794-1855), tenaient cette affaire depuis 1829, y fabricant des poupées en peau et habillées, des bustes d’Allemagne et autres, des capotes de dames et toute espèce de nouveautés et bimbeloteries.
Pierre-François Jumeau (1811-1895), originaire de Rémalard dans l’Orne, avait épousé le 12 janvier 1841 Adèle-Amélie Aumoitte (1819-1843). Celle-ci décède le 18 mai 1843, à la suite de l’accouchement de son fils Émile Jumeau (1843-1910). Jumeau se remariera le 10 octobre 1854 avec Adélaïde Élisa Mayo (1818-1888).

La société Belton et Jumeau qui devait se terminer le 15 janvier 1847, est dissoute avant son échéance puisqu’en 1846, Pierre-François Jumeau vole de ses propres ailes et installe sa fabrique de poupées au n°18 rue Mauconseil dans le 1er arrt. De son côté, Belton reste seul, rue Salle-au-Comte, en 1846 et 1847, avant de déménager sa fabrique en 1848, au n°32 rue Quincampoix où il est déclaré en liquidation judiciaire le 5 avril 1849, suivie de sa faillite définitive le 7 juin 1849 ; Belton décèdera peu après, dans le 6e arrt., le 9 janvier 1853…

Pierre-François Jumeau conservera son usine du 18 rue Mauconseil jusqu’en 1865, date à laquelle ladite rue disparaît partiellement, absorbée par le prolongement des rues Étienne-Marcel et Turbigo. Jumeau n’abandonne pas Paris pour autant puisqu’il s’installe en 1867 au n°8 rue d’Anjou-Marais (devenue n°8 rue Pastourelle en 1877), dans l’Hôtel Pelletier de Souzy, continuant à fabriquer ses poupées en tous genres, nues et habillées, ses trousseaux de poupées articulées, sculptées, ses têtes en porcelaine, ses bébés parlants.
A partir de 1878 et jusqu’en 1899, c’est son fils, Émile Jumeau, marié depuis le 24 octobre 1874 avec Stéphanie Ernestine Ducruix (1852-1940), qui tient l’usine du 8 rue Pastourelle.

En 1870, Pierre-François Jumeau installe une autre usine au n°18 rue Raspail à Montreuil, avant d’y acquérir en 1882, de vastes terrains situés au n°152-156 rue de Paris, tenant à l’arrière à la rue Étienne Marcel, où il fait édifier une nouvelle manufacture. Le 5 avril 1887, Jumeau acquiert encore un terrain de 673 m² sur la rue Étienne Marcel, au prix de 8.000 francs auprès des époux Sigot ; à l’issue de ces diverses acquisitions, les bâtiments des Bébés Jumeau s’étendent sur 4.500 m² sur un terrain d’une surface de 5.600 m².
Plusieurs incendies successifs, notamment les 25 juillet 1890 et 21 février 1892, suivis de reconstructions, n’entameront pas le succès des bébés Jumeau qui se fabriqueront à raison de 300.000 poupées par an, pour un effectif de 300 ouvriers atteint en 1929.
En 1899, l’Usine des bébés Jumeau devient la « Société Française de fabrication de bébés et jouets »,
Les ateliers parisiens du n°8 rue Pastourelle resteront actifs jusqu’en 1957, tandis que la manufacture de la rue de Paris à Montreuil sera reprise par la société BIC en 1955, laquelle sous-traite à la société Sobitu, sa fabrique de billes et tubes en plastique. Depuis 2004, le site est affermé à la Société Axara, fabricant de vêtements de dessus.
La partie gauche du n°152 rue de Paris a été aménagée et creusée par la RATP pour installer l’entrée du métro Robespierre de la ligne n°9.

Voir ICI ► La société AXARA actuelle occupante de l’ancien site des bébés Jumeau
Voir ICI ► Entrée du métro Robespierre au n°152 rue de Paris à Montreuil
Montreuil-sous-Bois - Rue de Paris - Sortie de l'usine des Bébés Jumeaux (sic pour Jumeau).jpg
Montreuil-sous-Bois - Rue de Paris - Sortie de l'usine des Bébés Jumeaux (sic pour Jumeau).jpg (148.28 Kio) Vu 225 fois
L'Exposition des Bébés
Qui donc disait que l'exhibition projetée était interdite ? Dans tous les cas, cette interdiction n'a pas été générale, car j'ai visité, ces jours-ci, la plus intéressante exposition de bébés que l'on puisse imaginer.
L'Exposition dont je parle n'avait pas lieu aux Champs-Elysées, mais tout simplement dans ce vieux quartier du Temple, semblable à une ruche en activité, rue Pastourelle, dans les magasins de vente des « Bébés Jumeaux » dont la réputation est aujourd'hui universelle, et qui me paraissent le dernier mot de la perfection.
Grâce à la parfaite obligeance de M. Jumeau, j’ai pu visiter dans tous ses détails l’usine de Montreuil d'où sort cette séduisante petite armée.
Je me trouve, en arrivant, en présence d'un vaste bâtiment disposé en fer à cheval, entourant une cour spacieuse plantée d'arbres et garnie de massifs verdoyants : au milieu, une jolie fontaine monumentale, dont les eaux jaillissantes font entendre leur gai murmure. De chaque côté, des ateliers commodes, bien installés, où l'air et la lumière pénètrent largement. Je les parcours l'un après l'autre, guidé par le directeur des travaux, qui m'en fait les honneurs avec l'empressement le plus courtois et le plus affable.
Voici l'atelier de moulage où sont préparées les différentes parties du corps des bébés, à l'aide d'une composition spéciale qui, à la fois résistante et douée d'une certaine élasticité, leur a valu le nom d'Incassables. Et, ne vous en déplaise, les moules de fonte qui servent à cette opération ont été pris sur les modèles les plus estimés de nos meilleurs sculpteurs français, ce qui prouve que le bébé Jumeau est une œuvre artistique, laissant bien loin derrière lui le bébé allemand, aux formes anguleuses, à la raideur d'automate.
Voici l'atelier de peinture où ces parties de corps, ces membres délicats, après avoir subi à l'étuve une complète dessication, reçoivent la teinte finement rosée, afin de leur donner l'apparence de la vie.
Une autre salle est réservée à la réception, au classement, à l'examen minutieux de toutes ces parties. Rien n'est curieux comme cet atelier où, comme dans un musée d'anatomie, se trouvent des milliers de troncs, de bras, de jambes, réunis là pour passer une sorte de conseil de révision partiel.
Nous voici dans l'atelier d'assemblage où d'habiles ouvriers réunissent les membres à l'aide d'un ingénieux système d'articulations qui permet de donner au bébé toutes les positions naturelles. Plus loin, des ouvrières sont exclusivement occupées à poser les têtes qui, elles aussi, sont mobiles et peuvent se prêter à toutes les attitudes.
Voici donc le bébé terminé. Mais sa tête rappelle encore le crâne légendaire de Siraudin. Aussi passe-t-il aussitôt dans les mains d'autres ouvrières qui le coiffent, soit avec de charmantes petites chevelures frisées, soit avec de longues boucles flottantes.
Le bébé est alors définitivement créé. Vite de nouvelles mains s'en emparent et le revêtent décemment d'une petite chemise qui, à elle seule, est un petit bijou d'élégance.
Bientôt, tout autour de moi, de petites voix d'enfants s'élevaient, répétant ces mots si doux : « Maman ! papa ! » d'une façon tellement distincte, tellement expressive, que je me crus un instant le jouet de quelque hallucination, et que je me retournai brusquement, cherchant d'où pouvait provenir ce gentil babillage.
Bientôt tout me fut expliqué. J'étais dans l'atelier des bébés parlants, un des succès de cette année de la maison Jumeau, et je pus examiner à loisir, avec le plus grand intérêt, le travail de l’ouvrier chargé de leur donner la voix.
D’un autre côté, s’opère la fabrication des poupées en peau droites ou pliantes, rigides ou articulées. Plus loin s'étendent, dans un ordre admirable, les magasins d'approvisionnement de toutes sortes.
Puis vient l'usine spéciale de porcelaine où se fabriquent les têtes. Là encore, nous retrouvons les ateliers de moulage, de peinture, de décoration. Là encore, chaque pièce, après sa cuisson dans le gigantesque four dont les hautes flammes éclairent le quartier de leurs lueurs rougeâtres, est examinée avec soin et rejetée au moindre défaut.
Je remarque des ouvrières uniquement occupées à placer les yeux qui donnent l'expression et la vie à ces physionomies enfantines ou sérieuses, dont aucun concurrent étranger n'arrive â égaler la grâce et le charme.
On se fera une idée de l'importance de cette fabrication en songeant que, dans le cours d'une année, 150.000 bébés environ sont sortis de l'usine de Montreuil. Une partie de cette énorme production passe par les magasins de la rue Pastourelle, dans les ateliers d'habillage, où, entre les mains d’ouvrières aux doigts de fées, ils deviennent de véritables chefs-d'œuvre, qui vont porter dans toutes les parties du monde les spécimens les plus réussis du goût et de l'inimitable élégance parisienne.
Si l'on veut bien réfléchir que l'usine Jumeau, indépendamment des 130 à 150 ouvriers ou ouvrières qui y travaillent à poste fixe, en occupe au moins autant au dehors, pour l'habillement, les chapeaux, les chaussures, les bijoux, les mille accessoires de toilette, on conviendra qu'une semblable visite ne manque pas d'un vif intérêt, et que la fabrique de Montreuil occupe une place considérable dans l'industrie parisienne, dont M. Jumeau est lui-même un des plus sympathiques représentants.
DON LÉNOR.
(Journal l'Union libérale 17 novembre 1884)

Montreuil-sous-Bois - Le Bébé Jumeau
G.F. Gaston Francq
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TOUT PARIS – sans numéro - Rue Lisfranc (XXe arrt.)
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Re: Tout Paris

TOUT PARIS - 851 - Sortie des Écoles de la Rue du Mont-Cenis (XVIIIe arrt.)
Collection F. Fleury

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A l’origine, l’école du n°77 rue du Mont-Cenis (ancienne rue Saint-Denis-Montmartre) située près de l’angle du n°115-117 rue Ordener, appartient à l’Assistante publique ; elle est dirigée depuis 1863 par les sœurs de Saint-Vincent de Paul. Le loyer annuel versé depuis 1870 à l’Assistante publique, pour ces locaux, s’élève à 16.015 francs, partagé par moitié par l’école et la mairie du 18e qui, sur la rue Ordener, loge le Bureau de Bienfaisance du 18e arrt.

Le 1er février 1876, le Conseil municipal décide d’agrandir ladite école, et d’y adjoindre une salle d’asile. L’architecte Jean-Ferdinand Deconchy, dit Fernand Deconchy (1827-1911) est chargé de la construction du nouvel l’établissement qui devrait accueillir 414 élèves répartis sur 8 classes et réserver 156 places pour la salle d’asile.
Les travaux de reconstruction de la nouvelle école et de l’asile, évalués à 303.133 francs répartis en 7 lots, sont adjugés le 10 avril 1876 :
— Terrasse, maçonnerie ; évaluation : 146.053 francs. — M. Mural (François), demeurant avenue de l'Observatoire, n° 19, sur un rabais de 20,10 %.
— Charpente ; évaluation : 20.748 francs. — M. Chardon (Silvain), demeurant rue Nationale, n° 48, à Ivry, sur un rabais de 25,40 %.
— Couverture, plomberie ; évaluation : 17.480 francs. — M. Coquerel (Adolphe), demeurant rue de Jessaint, n°15, sur un rabais de 24,20 %.
— Menuiserie ; évaluation : 46.707 francs. — M. Puteau (Louis-Alfred), demeurant boulevard Jourdan, n° 14, sur un rabais de 20,20 %.
— Serrurerie ; évaluation : 47.279 francs. — M. Baudet (Emile), demeurant rue du Rocher, 62 et 64, sur un rabais de 33 %.
— Peinture, vitrerie ; évaluation : 14.863 francs. — M. Lahire (Félix), demeurant rue de Laval, n° 34, sur un rabais de 36,20 %.
— Pavage ; évaluation : 10.003 francs. — M. Adenis (Ambroise), demeurant rue de Bercy, n° 169, sur un rabais de 28 %.


La nouvelle école de la rue du Mont-Cenis ouvre en 1878, toujours dirigée par les sœurs de Saint-Vincent-de-Paul, mais pas pour longtemps ! Le 28 janvier 1880, le préfet de la Seine, Ferdinand Hérold, laïcard acharné, prend un arrêté obligeant l’ensemble des écoles communales congrégationnistes de garçons et de filles et des salles d’asile à confier leur direction à des instituteurs et institutrices laïques. L’École de la rue du Mont-Cenis, tout comme une trentaine d’établissements parisiens, est concernée par cet arrêté qui prend effet dès le 1er avril 1880.
La direction de l’École communale laïque des filles est confiée à Mlle Anna Masson, tandis que l’École maternelle est dirigée par sa sœur, Mlle Célina Masson.

En 1939-1940, l’école du 77 rue de Mont-Cenis est désaffectée, occupée officiellement par des bureaux de services sociaux, mais transformée en Kommandantur selon des témoins… Le bulletin municipal de Paris du 27 avril 1941 nous donne quelques indications :
— Charles Magny (1) a été accueilli dans le 18e arrondissement par M. Georges Picot (2), Ambassadeur de France, maire du 18e et par ses collègues de la municipalité. Il a parcouru tout d'abord les bureaux des services sociaux qui sont tous réunis dans l'ancienne école désaffectée, 77, rue du Mont-Cenis, et qui offrent un exemple particulièrement heureux de coordination d'action sociale.
(1) Charles Magny (1884-1945), préfet de la Seine de 1940 à 1942, a mis en œuvre les lois sur le statut des Juifs du régime de Vichy.
(2) Georges Picot (1870-1951), ambassadeur de Bulgarie puis d’Argentine en 1920-1928, est devenu maire du 18e arrt. de juin 1940 à août 1941.

Le 20 avril 1945, Gaston Auguet, conseiller municipal du 18e arrt., dépose une requête tendant à aménager un centre médico-social dans les locaux d'une école désaffectée située 77 rue du Mont-Certis appartenant à l'Assistance publique. Il lui est répondu par Marcel Flouret, Préfet de la Seine, le 27 juillet 1945, que l'école de la rue du Mont-Cenis a été affectée à la création de la maison de police du 18e arrondissement et qu'actuellement elle est occupée par la 2e division de police, les services du Roulage et un poste annexe du 18e arrondissement.

Ayant réitéré ses réclamations le 13 août 1945, Gaston Auguet reçoit une réponse de Marcel Flouret, le 11 octobre 1946, lequel annonce qu’il fait le nécessaire pour que l'immeuble 77 rue du Mont-Cenis soit réservé pour être aménagé en centre médico-social, tandis que les services de police qui l'occupaient précédemment seraient transférés dans l'immeuble 115-115 bis, rue Ordener.
Suivent des mémoires, projets, propositions, réunions etc.., dont aucun n’aboutit jusqu’en 1952.
René Thomas, conseiller municipal, ayant relancé l’affaire par une question écrite le 30 novembre 1952, reçoit le 22 décembre 1952, une réponse de Paul Haag, nouveau Préfet de la Seine, lequel déclare que la réaffectation au service scolaire de l'ancienne école de la rue du Mont-Cenis fait l'objet d'une étude dont les résultats seront communiqués ultérieurement.
Le 28 septembre 1953, Paul Haag précise que la réaffectation au service scolaire de l'ancienne école 77 rue du Mont-Cenis est subordonnée au relogement des divers services qui y sont installés. Ces services ne pouvant trouver place dans les bâtiments administratifs, il est envisagé d'édifier un immeuble sur l'emplacement du baraquement situé à l'angle des rues Duc et Hermel.

L’École des filles de la rue du Mont-Cenis est finalement réhabilitée et réouverte en plusieurs étapes en 1954 et 1955. Elle est, à présent, dédiée aux enfants de la maternelle.

Voir ICI ► Vue actuelle de cet emplacement
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TOUT PARIS - 359 - Avenue de l'Opéra (Ie et IIe arrts.)
Collection F. Fleury


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publié par zelig jeu. 25 août 2022 14:59 ► ICI
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Re: Tout Paris

TOUT PARIS - 359 - Avenue de l'Opéra (Ie et IIe arrts.)
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Version colorisée de la carte précédente
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Re: Tout Paris

TOUT PARIS - 1843 - Rue Saint-Antoine (IVe arrt.)

Le cliché de la carte présentée ici est pris à hauteur du n°13 rue Saint-Antoine, anciennement n°222 jusqu’en 1901. Comme on peut le voir, le second étage est occupé par un photographe : il s’agit de Jean-Claude Marmand, né le 25 mars 1840 à Marlieux dans l’Ain, marié à Mulhouse depuis le 9 juin 1870 avec Rosalie Célestine Corhumel (1838-1922), lesquels avaient repris de M. Blanc, en 1895, cet atelier de photographie qu’ils tenaient toujours en 1922.
Au rez-de-chaussée gauche du même bâtiment, le café bar a appartenu de 1896 à 1900 à un certain Mousseau qui y tenait un café-concert à l’enseigne de La Pigeonne. En 1908, il était redevenu un simple café sans musique dénommé Le Tilly-bar.

La partie droite de l’immeuble (également n°13 Saint Antoine, mais numérotée n°220 jusqu’en 1901) est affermée, comme l’indique l’enseigne perpendiculaire placée en façade du 1er étage, à Pierre-Alcide Léger (1867-1947), chapelier, né à Condat en Haute-Vienne, marié le 7 janvier 1899 avec Marie-Irma Le Maux dont les parents, également chapeliers demeuraient au n°35 rue Rambuteau.
Cette chapellerie, spécialisée dans les chapeaux en poil de castor, mais également en feutre et en soie, avait été créée en 1848, rue Saint-Antoine, par Lazare Gustave Puriau (1822-1884), né à Ceton dans l’Orne, marié le 8 février 1845 avec Jeanne Allain (1812-1893) ; son frère, Charles Bienaimé Puriau (1810-1886), qui exerçait la même profession, était installé au n°27 (devenu n°21) rue de la Cité, depuis 1847.
Au décès de Puriau le 10 septembre 1884, sa veuve cède le commerce, le 4 décembre 1884, à la demoiselle Jeanne Rémy, née à Choisy-le-Roi le 8 janvier 1861, demeurant avec sa mère Benonie Aline Rémy (1837-1891), chapelière avec elle.
Le 11 mai 1886 Jeanne Rémy convole avec Alfred Eloi Fauvet (1857-1898), originaire de Ceton dans l’Orne comme Puriau son prédécesseur chapelier. Après le décès de Fauvet le 7 janvier 1898, Jeanne Rémy conserve la chapellerie jusqu’en 1901 avant de la céder à Pierre-Alcide Léger et à son épouse qui y étaient toujours actifs en 1932…

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publié par zelig ven. 25 févr. 2022 12:19 ► ICI

Dans le petit immeuble de deux étages attenant, formant l’angle du n°15 rue Saint-Antoine (ex n°218) et du n°20 rue Castex (devenu le n°14 en 1880), se tient, au rez-de-chaussée, un commerce de vins, dont l’enseigne délavée indiquait encore en 1870 « A la Renommée de l’Escargot », enseigne assez fréquente qu’on peut voir, au XIXe siècle, à Troyes, à Reims, à Rouen ou encore à Dijon.
Cette gargote est exploitée par Leprêtre qui y est attesté de 1842 à 1850, suivi par Bonnet (1851 à 1856), la veuve Teissèdre (1857), A. Picart (1858 à 1864), A. Loiseau (1870 à 1879), Charles Schmit (1880 à 1882), Marcel Rayé (1883 à 1890), L. Bresson (1893), Granger (1894), J. Ayral (1895-1896), E. Bourian (1898 à 1902), Pousset (1903 à 1905), Beckerig (1906), Cathelat (1907 à 1913), Boissonnade (1914 à 1922)...
Un salon de coiffure est aménagé au premier étage, tenu par Jean Toulouse en 1870 et 1871, Victor Foucault de 1873 à 1878, U. Dufresne en 1879-1880, Carillon de 1881 à 1891 etc…
Au second étage, Jean Teissèdre (1818-1856) a installé une officine de « Remplacement militaire » en 1854.
Pas moins d’une trentaine de ces établissements, apparentés à des compagnies d’assurances, s’étaient établis à Paris, proposant contre paiement, d’exonérer du service militaire leurs adhérents. La conscription étant faite, à cette époque, par tirage au sort, les bureaux de remplacement militaire se chargeaient de trouver des volontaires, de pauvres hères en général, pour effectuer les obligations militaires à leur place, moyennant quelques deniers…
Jean Teissèdre n’aura pas profité longtemps du système, puisqu’il décède le 16 avril 1856, à l’âge de 38 ans. Sa veuve reprend l’année suivante, pendant un an, le café du rez-de-chaussée, tandis qu’un certain Pruvot qui disposait déjà d’une maison de Remplacement militaire, connue sous le nom de Comptoir d’Exonération du Service Militaire, située au n°14 rue du Cardinal Fresch et d’une succursale au n°2 rue Vieille du Temple, reprend celle du n°218 rue Saint-Antoine laissée libre au décès de Teissèdre.
Les nombreuses réclames de Pruvot précisaient notamment que « La maison assure aussi avant le tirage ; elle offre toute sécurité et solvabilité, n’exige le payement qu’après entière libération et traite directement avec les remplaçants ; au besoin offre un dépôt de fonds entre les mains des assurés pour garantir le remplacement » ou encore « La maison Pruvot se charge du remplacement après le tirage et des substitutions de numéros, accorde toutes facilités pour le paiement, et offre toute garantie de sécurité ».
La loi du 27 juillet 1872 rendant obligatoire le service militaire pour tous, à compter de 19 ans, tous les bureaux de remplacement militaire seront aussitôt fermés. Celui de Pruvot ne fera pas exception et sera occupé jusqu’en 1878 par un agent d’affaires et de placement du nom de Mélissent, à qui a succédé un certain Henri de 1879 à 1888…

La Maison du n°218 rue Saint-Antoine à l'angle du n°20 rue Castex, en piteux état à la suite des échauffourées des 24 et 25 mai 1871
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Au n°17 rue Saint-Antoine (n°216 jusqu’en 1901), l’actuel Temple protestant Sainte-Marie a été construit sur les plans de l’architecte François Mansart (1589-1666).
Ce que nous savons, c’est qu’en 1619 des religieuses de la Visitation sont venues de Bourges s’installer à Paris, sur les ordres de Saint-François de Sales, dans l’Hôtel du Petit-Bourbon placé « entre deux tripots et d’où l’on entendait jour et nuit le tintamarre des joueurs », maison située rue du Petit-Musc et de la Cerisaie (rue de la Cerisaie parallèle à la rue Saint-Antoine, située à l’arrière de celle-ci). Après avoir passé deux ans, à cet emplacement, les Visitandines s’établissent définitivement rue Saint-Antoine.
Grâce à la dot (donation) de 45.000 livres tournois, apportée par la mère supérieure Hélène Angélique Lhuillier (1592 – 25 mars 1655), la congrégation fait l’acquisition, le 18 février 1621, auprès de Jean-Antoine Zamet (1584-1622), fils du banquier Sébastien Zamet, de l’Hôtel de Cossé-Brissac (ex Hôtel de Boissy) et de ses dépendances, au prix de 48.000 livres. Cette propriété provenait, antérieurement, de la succession de l’architecte Philibert de l’Orme (1514-1570) qui avait acheté ces parcelles en 1554 au premier écuyer d’Henri II, François de Kernevenoy, pour 6.125 livres, pour y construire sa propre maison. Les visitandines vont encore accroître leur domaine conventuel par l’acquisition de parcelles attenantes, au prix de 36.000 livres, auprès de la veuve de Zamet, Jeanne de Goth, dame de Rouillac.
La première pierre de la future église du couvent des Visitandines est posée le 31 octobre 1632 et un marché est passé avec l’entrepreneur Michel Villedo (1598-1667). L’édifice, dédié à Notre-Dames-des-Anges, est consacré le 14 septembre 1634 par l’archevêque de Bourges André Frémyot.

Lors de la révolution, les Filles de la Visitation sont expulsées de leur couvent qui est aussitôt démoli, morcelé et vendu en 1792. L’Etat s’approprie la ci-devant Eglise Notre-Dame-des-Anges qui est affermée en date du 18 vendémiaire de l’an IX (10 octobre 1800) au Consistoire, afin d’y célébrer le culte protestant.
Par un arrêté du 12 frimaire de l’an XI (3 décembre 1802), le premier consul, Napoléon Bonaparte, assigne trois temples à l’Eglise réformée de Paris : Saint-Louis-du-Louvre, qui sera rasé pour l’agrandissement du Carrousel et remplacé par l’Oratoire de la rue Saint-Honoré ; Sainte-Marie du Marais de la rue Saint-Antoine ; l’Eglise de Panthémont, à l’angle de la rue de Bellechasse et de Grenelle-Saint-Germain.
C’est le pasteur Paul-Henri Marron (1754-1832) qui, le 18 floréal de l’an XI (8 mai 1803), adressera un discours inaugural, lors de sa prise de fonction dans la désormais Eglise réformée Sainte-Marie du Marais.

Lors de l’insurrection de mai 1871, la rue Saint-Antoine, le quartier de la Bastille et le Temple du Marais ne sont pas épargnés par la multitude d’obus qui s’abat sur Paris. Après ce déluge et les exécutions qui s’ensuivent, de nombreux monuments sont incendiés. Le Temple Sainte-Marie en sera quitte pour une profonde restauration dont l’architecte Marcellin-Emmanuel Varcollier (1829-1895) sera chargé de 1872 à 1874.

Temple protestant Sainte-Marie au n°216 rue Saint-Antoine après le déluge d’obus de mai 1871, pendant la commune
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Quelques journaux nous donnent une description des lieux, après les destructions de mai 1871 dans le quartier de la rue Saint-Antoine :
— Toute la rue Saint-Antoine, du côté droit, depuis l’église Saint-Paul jusqu’à la Bastille, a été criblée par les obus ; les maisons sont presque toutes démolies.
Le temple protestant est à jour, les projectiles l’ont transpercé ; le magasin du Paradis des Dames ne tient plus. L’église Saint-Paul a une partie de sa toiture enlevée.
La place de la Bastille est affreusement abimée.

(L’Union libérale du 2 juin 1871)

Le temple protestant situé au coin de la rue Castex et de la rue Saint-Antoine a été criblé d’obus. La façade est ébréchée sur plusieurs points, et le clocher est à demi fracassé.
(La Gazette de France du 2 juin 1871)

Tableau des incendies et destructions de Paris ordonnés et causés par la Commune dans la seconde quinzaine de mai 1871
Rue Saint-Antoine. Cette rue n’a pas eu d’incendies, mais de très nombreux projectiles l’ont endommagée. Nous citerons les n°148, 156, 158, 168, 172, déjà réparés, et les n°178 180, 182, 184, 212, ce dernier à l’angle de la rue du Petit-Musc, ancien Hôtel de Mayenne. Au n°216, la façade et le dôme du Temple protestant au coin de la rue Castex ont reçu bon nombre d’obus. Les n°214, 218, 222, grande distillerie Marchand, 232, 234, 236, 199 et 201.
(Le Moniteur universel du 17 juin 1871)
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